Port du masque à l'extérieur : jusqu'à quand ?

Publié le 4 mai 2021 à 17h04, mis à jour le 5 mai 2021 à 1h07

Source : JT 20h Semaine

ÉCHÉANCE - Si le gouvernement ne prévoit pas de tomber le masque dans la rue dans l'immédiat, cette étape de déconfinement a déjà été franchie dans certains pays. Une initiative qui conforte la position de nombreux experts face au peu de contaminations à l'air libre.

Cela fait plusieurs semaines que des maires, de communes rurales notamment, plaident pour son abandon. Le port du masque à l'extérieur risque pourtant d'être la règle encore quelque temps en France. Tandis que la première phase du déconfinement s'est amorcée ce lundi dans tout l'Hexagone et que la campagne de vaccination contre la Covid suit son cours, l'allégement des gestes barrières en dehors des milieux clos ne figure toujours pas en effet à l'agenda du gouvernement.

Jusqu'à quand ? Pour quel timing les autres pays qui se déconfinent  ont-ils opté ? Dans quelle mesure est-ce toujours utile de porter le masque dehors ? On fait le point.

Vers un été sans masque ?

"Je ne peux pas vous donner une date aujourd’hui, ce serait malhonnête de ma part", a répondu le ministre de la Santé Olivier Véran, interrogé sur ce point par Europe 1 ce mardi. "Mais je peux vous promettre que quand la date qui nous permettra d’envisager sereinement la fin des gestes barrières, de nous retrouver, d’arrêter la distanciation sociale, d’enlever le masque, sera arrivée, nous n’attendrons pas 24 heures, nous le dirons immédiatement", a-t-il assuré tout en restant prudent. Et de poursuivre : "J’espère que ça sera cet été. J’espère sincèrement que ce sera cet été".

Tout dépendra de l'avancée de la campagne de vaccination, a-t-il précisé. "Nous savons que la vaccination protège des formes graves et nous pensons qu'elle protège bien de la diffusion du virus et donc du risque d'épidémie. Quand suffisamment de Français vont être vaccinés, on pourra envisager de baisser la garde". Dans les Alpes-Maritimes, un nouvel arrêté préfectoral prévoit dès ce 3 mai de retirer le masque dans certains lieux : "le port du masque n'est désormais plus obligatoire dans les parcs, jardins et tous les espaces verts urbains. Plus de masque obligatoire sur toutes les plages des Alpes-Maritimes. Tout comme au bord des plans d'eau, lacs et "bases de loisirs avec pièces d'eau", détaille Nice-Matin

Dans quelle mesure est-ce toujours utile ?

Pourtant, de nombreux scientifiques s'accordent désormais à dire que le risque de transmission du Covid-19  est moindre à l'air libre et que se trouver dans une pièce en intérieur est plus risqué car l'air y est alors comme emprisonné, notamment lorsqu'elle n'est pas aérée. "Pour être infecté, il faut une charge virale suffisante. Ce n'est théoriquement pas impossible, mais, depuis le début de l'épidémie, aucun cluster à l'extérieur n'a été documenté", a notamment reconnu  le directeur de l'Institut de santé globale à Genève, Antoine Falhaut, dans le JDD ce dimanche.

Plusieurs études sont d'ailleurs venues renforcer cette idée au cours de l'année écoulée, en montrant que la vaste majorité des contaminations se produisent lors d'un contact en intérieur avec une personne infectée. En plus d’un an de pandémie, seuls quelques clusters ont été détectés à ciel ouvert dans les pays occidentaux. En France, le village de Cournonterral (Hérault) a recensé 30 cas de Covid-19 après le rassemblement de 100 personnes durant la fête des Pailhasses, début février. D’autres contaminations en terrasse, au Royaume-Uni par exemple, ont été recensées. Mais ces épisodes restent rarissimes. Sur 318 clusters en Chine, un seul s’est produit en extérieur, selon une étude parue en juillet 2020. En Irlande, environ 0,1% des cas confirmés résultent de contaminations en plein air, selon le Health Protection Surveillance Centre, département statistique des services de santé irlandais. Publié en septembre 2020, le rapport d'un chercheur de l’université de Canterbury, au Royaume-Uni, fait état d’environ 6% de contaminations à l’air libre. Ce serait plutôt 10%, selon une étude plus récente, publiée le 15 février dernier, dans la revue Journal of infectious Diseases.

Si le risque est moindre, il n'est pas nul. "Les contaminations peuvent avoir lieu dans des zones de fort brassage où des personnes sans masque se retrouveraient proches. Les marchés, les foules... Bref quand la distance de plus d'un mètre ne peut être respectée", détaille auprès de L'Express Christian Rabaud, médecin infectiologue au CHU de Nancy. "Pour une personne se promenant seule, ou quasiment seule, il n'y a aucun risque à transmettre le virus", poursuit-il. Et de conclure : "Le message ne doit pas être : 'Parce qu'on est à l'extérieur, il ne peut rien se passer', même s'il est bien moindre, le risque n'est pas nul". Pour cette raison, certains experts avancent que l'intérêt de rendre le port du masque obligatoire à l'extérieur est que cela simplifie le message à destination du public.

Qu'en est-il dans les pays déconfinés ?

La position française concernant le port du masque à l'extérieur n'est pas une exception. Au Portugal par exemple, où la dernière étape d'un déconfinement graduel a été entamée samedi, l'état d'urgence a été rétrogradé au niveau d'une "situation de calamité", un cadre juridique permettant aux autorités de maintenir certains secteurs d'activité fermés, d'imposer le port du masque en extérieur ou de maintenir l'obligation du télétravail quand c'est possible. En Belgique, qui se déconfine aussi, la question de lever l'obligation de port du masque à l'extérieur est encore en discussion.

Si dans d'autres pays, comme Israël, c’est une réalité depuis le 18 avril, notons que l'État hébreu avait entamé son déconfinement début février et qu'il aura donc fallu attendre plus de deux mois pour que le port du masque ne soit plus obligatoire. Depuis le 27 avril, les Américains vaccinés contre le Covid-19 n’ont, eux aussi, plus besoin de porter de masque en dehors des lieux clos, sauf lorsqu’ils se trouvent dans des foules, ont annoncé la semaine dernière les autorités sanitaires. Ailleurs, comme en Suisse, ou en Australie, le masque n'a jamais, ou très ponctuellement, été obligatoire dehors. 


Audrey LE GUELLEC

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