Covid-19 : pourquoi la façade ouest de la France semble-t-elle épargnée ?

Publié le 24 octobre 2020 à 17h39

Source : JT 20h Semaine

CRISE SANITAIRE - Depuis ce samedi, 54 départements de métropole sont placés sous couvre-feu pour tenter d'endiguer l'épidémie de Covid-19. Mais la façade Atlantique résiste encore aux restrictions. Pourquoi semble-t-elle épargnée ?

La deuxième vague de l'épidémie est arrivée en France, mais tout le pays n'est pas touché de la même façon. En mars dernier, trois régions avaient été essentiellement sous le feu des contaminations : le Grand Est, les Hauts-de-France et l'Île-de-France. Pour éviter que le virus ne se propage à l'ensemble du territoire, le gouvernement avait alors imposé un confinement national.

Cette fois, la stratégie est différente : seuls les territoires au sein desquels le nombre de cas explose doivent respecter, à compter de 21 heures chaque soir, un couvre-feu. Depuis ce samedi, la mesure s'applique dans 54 départements de métropole, en plus de la Polynésie française. Parmi eux, peu sont situés dans l'ouest de la France, et même aucun sur la façade Atlantique, exception faite des Pyrénées-Atlantiques.

"La côte ouest n'a pas connu de première vague"

Pour autant, le virus circule-t-il vraiment moins dans l'ouest du pays ? "J'ai plutôt l'impression d'un retard", répond à LCI Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille. "Nous observons actuellement en France la dynamique que nous avions d'abord vue à Marseille." En effet, le sud de la France avait été très touché à la fin du mois de septembre, obligeant l'exécutif à y fermer les bars, avant que la vague épidémique n'arrive quelques semaines plus tard "à Lille, à Paris, à Lyon, à Grenoble ou encore à Saint-Étienne". "Je me demande donc s'il ne s'agit pas simplement d'un retard d'apparition", poursuit Philippe Amouyel, qui craint que "la façade Atlantique soit embêtée d'ici quelques semaines."

"La côte ouest n'a pas connu de première vague", rappelle le professeur de santé publique, "il y a eu relativement peu de cas, la plupart importés pendant les vacances." Pour cette raison, c'est plutôt l'est de la France qui, selon lui, s'en sort le mieux, en dépit du couvre-feu désormais imposé dans le Bas-Rhin. "Paris et les Hauts-de-France avaient déjà été dans la boucle lors de la première vague, et sont à nouveau particulièrement touchés en ce moment", indique-t-il. "Par contre, c'est moins le cas pour le Grand Est."

Un couvre-feu pour éviter une explosion des contaminations ?

La Bretagne, les Pays de la Loire ou encore la Nouvelle-Aquitaine ne semblent donc pas encore tirés d'affaire. "Nous ne pouvons pas prévoir", continue Philippe Amouyel. "Nous ne connaissons pas beaucoup de choses sur la dynamique de ce virus, nous la découvrons. Cette deuxième vague est beaucoup plus nationale que la première. Il y a un décalage dans le temps, mais ce phénomène d'explosion des cas s'observe partout. Peut-être que ce sera la même chose dans les semaines à venir sur la façade ouest, mais pas forcément."

Pour limiter ce risque et éviter que les hôpitaux de ces régions ne se retrouvent, à leur tour, sous pression, le professeur de santé publique préconise que des restrictions y soient prises bien plus tôt que dans le reste de la France. "Si nous mettons un couvre-feu dans ces zones, peut-être aurons-nous la chance de ne pas atteindre les seuils actuellement observés dans plusieurs régions", conclut Philippe Amouyel.


Idèr NABILI

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