Covid-19 : à peine adopté, le pass vaccinal déjà obsolète face à Omicron ?

M.G
Publié le 18 janvier 2022 à 6h35

Source : JT 20h WE

DÉCRYPTAGE - Le Parlement a définitivement adopté le pass vaccinal dimanche après un ultime vote à l'Assemblée nationale. Toutefois, ce mécanisme divise la communauté scientifique à l'heure où le contexte sanitaire tend à s'améliorer dans l'Hexagone.

Une polémique en devenir ? Définitivement adopté par le Parlement après de longues semaines de tractations, le pass vaccinal n'en reste pas moins au cœur des discussions. C'est Éric Caumes qui a lancé le pavé dans la mare vendredi dernier. "D'un point de vue épidémiologie, santé publique, médical, le pass vaccinal est clairement une erreur", a affirmé le chef de service en maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière sur Europe 1. Si ce nouveau mécanisme "pouvait se concevoir" lors de la précédente vague épidémique impulsée par le variant Delta, plus dangereux que le virus d'origine, celui-ci devient "inconcevable" avec Omicron, ajoute-t-il. "On voit bien que le vaccin n'empêche pas la circulation du virus en population générale, on en a la constatation tous les jours", justifie-t-il, rappelant que la France avait dépassé - depuis plusieurs jours - le seuil des 300.000 contaminations quotidiennes.

Un impact "modéré" ?

Comme lui, d'autres membres de la communauté scientifique s'interrogent sur l'opportunité du déploiement du pass vaccinal maintenant que le variant Omicron est majoritaire sur le territoire. "En termes de santé publique, l’impact du pass vaccinal par rapport au pass sanitaire me paraît modéré", argue ainsi le professeur Bertrand Guidet, chef du service de réanimation de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP), sur LCI. Même son de cloche du côté de Robert Sebbag. "À l’époque, j’ai dit que j’étais pour un pass vaccinal et pas sanitaire. On aurait eu beaucoup moins de morts avec le Delta", commence l'infectiologue à la Pitié-Salpêtrière sur le plateau de LCI. "La situation épidémiologiste aujourd’hui n’est plus la même", lance-t-il. Et au médecin de préciser : "Aujourd’hui, on a fait le plein en termes de vaccination". L’impact d’Omicron est minimal "par rapport à l’énergie qui est dépensée aujourd’hui et par l’acceptabilité de la mesure". 

"Il faut adapter ou améliorer notre position"

À l'étranger aussi, et notamment à Israël, les interrogations se multiplient. Interrogé par I24News, le directeur de laboratoire d'immunothérapie de l'université Bar-Ilan, Cyrille Cohen, a estimé que le "passeport vert [l'équivalent du pass vaccinal en Israël, ndlr] devient de moins en moins important dans cette crise ces derniers temps". "Dans un scénario où il y a moins de différences au niveau de la contamination entre personnes vaccinées et personnes non-vaccinées, on pourrait dire que le passeport vert a un moins grand rôle aujourd’hui pour freiner la contamination, préserver les gens de cette épidémie", souligne le chercheur. "Il faut adapter ou améliorer notre position"

Une mesure pour préparer l'avenir

Néanmoins, malgré ces réticences, de nombreux scientifiques continuent de militer en faveur du pass vaccinal. C'est par exemple le cas de l'épidémiologiste Yves Buisson qui a qualifié l'adoption du pass sanitaire de "très bonne décision, quoique trop tardive". De même, Pierre Squara, chef du service réanimation de la clinique Ambroise-Paré à Neuilly, considère, sur BFMTV, que "le pass vaccinal est un peu plus performant que le pass sanitaire"

De son côté, Philippe Amouyel voit dans le pass vaccinal une manière de préparer l'avenir. "Aujourd’hui, on reste encore avec 4 à 5 millions de personnes non-vaccinées. Il faut penser à la suite et sortir de la succession de vagues hospitalières. Pour cela, il faut avoir la plus grande couverture vaccinale ou immunitaire possible", met en avant l'épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille. "Cela permettrait de passer sur un virus endémique", espère-t-il. 


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