Que sait-on d'un lien entre la maladie de Creutzfeldt-Jakob et la vaccination ?

Publié le 30 novembre 2021 à 19h13, mis à jour le 30 novembre 2021 à 20h07
Que sait-on d'un lien entre la maladie de Creutzfeldt-Jakob et la vaccination ?
Source : BERTRAND GUAY / AFP

EFFETS SECONDAIRES - Des opposants à la vaccination assurent que les produits de Pfizer provoqueraient la maladie neurodégénérative de Creutzfeldt-Jakob. Aucun lien n'est pourtant avéré.

Il s'agace du "silence" autour de ce phénomène. Sur les réseaux sociaux ce lundi 29 novembre, l'ancien eurodéputé Florian Philippot a condamné ce qu'il décrit comme une "omerta" autour des "cas de Creutzfeldt-Jakob" prétendument recensés après la vaccination contre le Covid-19. 

Selon un message partagé par son parti, Les Patriotes, "plusieurs cas" seraient effectivement identifiés en France. Une affirmation également partagée par Luc Montagnier.  L'ancien prix Nobel de médecine, qui multiplie les sorties polémiques depuis plusieurs années, a, lui aussi, défendu "l'hypothèse" selon laquelle ces cas seraient liés au vaccin Pfizer, appelant à cesser d'immuniser la population "par précaution". Qu'en est-il réellement ? 

"Le délai de survenue ne permet pas de retenir le rôle des vaccins"

Pour rappel, cette maladie à prion est rarissime. Celle-ci a connu une triste heure de gloire dans les années 90 à cause de sa forme bovine, liée à la vache folle. Caractérisée "par une dégénérescence rapide et fatale du système nerveux central", comme le décrit l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MJC) a trois causes. La première est génétique, la deuxième infectieuse (liée à une contamination) et la dernière est d'origine sporadique. C'est-à-dire qu'elle survient de manière aléatoire, "sans mutation ni exposition à un prion exogène retrouvée". En somme, sans que son origine puisse être identifiée. La forme sporadique est la cause la plus fréquente, puisqu'elle représente 85% de l'ensemble des cas diagnostiqués chaque année, d'après l'Inserm.

Or, dernièrement, un habitant de l'Oise a affirmé que son épouse a développé cette maladie après avoir été  vaccinée contre le Covid-19. Dans un témoignage largement diffusé sur les réseaux sociaux, puis repris dans certains médias, dont le blog complotiste France soir le 31 octobre, il assure que cette maladie est liée à la seconde dose du vaccin. Devenu depuis défenseur de cette théorie, l'homme prétend avoir recensé "huit témoignages" de cas de Creutzfeldt-Jakob apparus "15 jours après l'injection Pfizer"

LES VÉRIFICATEURS - Ce que l'on sait des effets secondaires des vaccins contre le Covid-19Source : JT 20h Semaine

Pourtant, rien ne prouve que ces inquiétudes soient fondées. D'autant plus que cette maladie n'est pas anodine, elle est "à déclaration obligatoire". Comme le souligne l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), la MJC fait l'objet d'une surveillance toute particulière du fait de son caractère rarissime. "Le diagnostic est complexe et long, et pour cette raison la surveillance épidémiologique s'appuie sur un réseau regroupant des laboratoires, des neurologues et des neuropathologistes" écrit-elle sur son site. De simples témoignages ne suffisent donc pas à établir le diagnostic, ni le lien avec une dose de vaccin. 

Or, ce réseau de surveillance n'a pas enregistré huit cas de MJC. En tout, depuis le début de la vaccination, seuls quatre cas de "suspicion de maladie de Creutzfeldt-Jakob" ont été déclarés auprès du réseau de pharmacovigilance après une vaccination avec Pfizer. Deux autres ont été déclarés après une dose Moderna et une dose d'AstraZeneca. 

S'il s'agit de "suspicion", rien ne montre par contre de lien avec les doses. Dans le cadre de la surveillance renforcée des vaccins utilisés contre la Covid-19, une enquête de pharmacovigilance a été diligentée sur le sujet, avec une "analyse approfondie" réalisée par les centres régionaux de pharmacovigilance. Et selon leurs travaux, la pathologie de MJC ayant une  "évolution très lente", celle-ci ne peut être liée à la vaccination. "Le comité de suivi considère que le court délai de survenue ne permet pas de retenir le rôle des vaccins contre la Covid-19 dans la survenue de ces cas", concluait l'ANSM dans un focus sur le sujet publié ce vendredi 19 novembre. Ainsi, dans les formes infectieuses de la maladie, liées à une transmission interhumaine ou à l'agent bovin, la période d'incubation "extrêmement longue" peut "dépasser 50 ans", rappelle l'Inserm.

Après une analyse approfondie, l’agence chargée de la sécurité du médicament a donc écarté tout lien entre cette maladie neurodégénérative et d'éventuels effets secondaires du vaccin. 

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Felicia SIDERIS

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