Jean-François Delfraissy a-t-il contredit Olivier Véran sur la stratégie vaccinale de la France ?

Publié le 25 janvier 2021 à 15h08, mis à jour le 2 février 2021 à 15h09

Source : TF1 Info

CONTRADICTION - Le président du Conseil scientifique a estimé ce dimanche que seule "40% de la population française" pourrait être vaccinée à la fin de l'été. Une prévision a priori en totale contradiction avec celle du ministre de la Santé trois jours auparavant.

Face aux prévisions volontaristes de l'exécutif, la science se veut rationaliste. Le président du Conseil scientifique était l'invité ce dimanche 24 janvier sur BFMTV, où il a notamment été interrogé sur la stratégie sanitaire du pays. Parmi les critères importants pour étudier la situation actuelle, Jean-François Delfraissy a partagé ses craintes à propos de la vaccination. 

Selon lui, les obstacles sont trop nombreux pour vacciner "70 millions de personnes", au mois d'août, comme le désire pourtant Olivier Véran. L'infectiologue considère, lui, que moins de la moitié de la population sera immunisée à cette échéance. Signe d'un énorme couac dans la communication gouvernementale ?

Le souhait des Français, une donne qui change tout

Les projections du ministre de la Santé ont fait réagir. Il assurait jeudi dernier au 20H de TF1 que l'intégralité de la population pouvait être vaccinée d'ici à la fin de l'été. Un calendrier qui avait étonné de nombreux Français tant il était optimiste. 

Toutefois, et comme nous l'expliquions dans cet article, cette prédiction prenait en compte beaucoup de conditionnels. Le chiffre correspondait au nombre de commandes faites par la France aux six laboratoires avec lesquels l'UE est en négociations. Elle était donc soumise à la condition d'une autorisation de mise sur le marché pour la totalité d'entre eux mais aussi à celle que les laboratoires "respectent leurs engagements". Or, cette donnée est de moins en moins probable. Le laboratoire anglo-suédois AstraZeneca a d'ores et déjà annoncé vendredi une forte réduction de ses livraisons de vaccins au continent européen. 

C'est notamment à cause de cette première mauvaise nouvelle que Jean-François Delfraissy s'est montré plus pessimiste que l'exécutif sur BFMTV. "[Il faudra] arriver jusqu'à la fin de l'été pour vacciner peut être 40% de la population française mais pas plus", a-t-il prédit. Pour cause, la "capacité vaccinale" du pays "est limitée". Limitée non pas à cause de la stratégie des autorités sanitaires mais à cause de "l'industrie pharmaceutique", a-t-il toutefois souligné. 

Le chef de l'instance chargée d'éclairer le gouvernement sur les décisions à prendre dans le cadre de la crise sanitaire a en effet noté que ce sont les entreprises qui avaient "suggéré qu'elles étaient capables de fournir dans des capacités massives". Il apparaît qu'elles sont finalement "incapables de le faire", a-t-il regretté. À cette première condition, qu'avait déjà relevée le ministre de la Santé, le chef du Conseil scientifique en ajoute une autre, qui a son importance. Celle de l'acceptation par la population française.

En effet, si l'infectiologue dit ne pas partager l'optimisme d'Olivier Véran, c'est parce qu'il pense "qu'un ensemble de jeunes seront dans une position d'attendre". Et ce "y compris quand on aura les vaccins". Comprendre par là que si le ministre évoquait simplement le nombre de doses disponibles, le président du Conseil scientifique, lui, a pris en compte le souhait des Français. 

Or, selon un récent sondage, seuls 56% d'entre eux disent qu'ils se feront vacciner contre le coronavirus. Jean-François Delfraissy ne semble donc pas contredire le ministre de la Santé sur le fond, contrairement à ce qu'affirment certains internautes. Mais il a eu une lecture plus proche de la réalité. 

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Felicia SIDERIS

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