Variant brésilien : faut-il également bloquer les vols depuis la Guyane ?

LG
Publié le 15 avril 2021 à 10h01

Source : TF1 Info

INQUIÉTUDES - Le variant brésilien est responsable de la majorité des contaminations en Guyane, qui partage plus de 700 km de frontière avec le Brésil. Après la suspension des vols France-Brésil, faut-il aussi interdire jusqu'à nouvel ordre les vols entre la Guyane et la métropole ?

Le gouvernement était sommé par l'opposition et les médecins d'agir rapidement. La France a décidé hier de suspendre au moins jusqu'au 19 avril tous les vols entre le Brésil et la France en raison des inquiétudes liées au variant brésilien du Covid-19, considéré comme plus contagieux et plus mortel. 

Les deux derniers vols Air France en provenance de São Paulo et Rio de Janeiro ont ainsi atterri ce matin peu avant sept heures à Roissy. Même si le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Clément Beaune a précisé que des "vols spéciaux" permettront néanmoins aux ressortissants français, "quand il y a des justifications", de rentrer dans l'Hexagone. Les vols restent, eux, encore maintenus entre la Métropole et la Guyane. 

Ce département d'Outre-mer qui partage plus de 700 km de frontière avec le Brésil et dont 84% des cas de Covid-19 sont liés au variant brésilien est encore joignable par voie aérienne depuis la métropole. Un à deux vols par jour au départ de Cayenne, assurés par Air France et Air Caraïbes. Un choix qui fait réagir l'infectiologue Enrique Casalino : "Le fait de fermer les frontières peut avoir une cohérence. Mais aujourd'hui en Guyane, il y a autant de variant brésilien qu'au Brésil, est-ce qu'on va aussi fermer les vols avec la Guyane ?", s'est interrogé le jour même, le directeur médical à l'AP-HP, sur Radio Classique. Même inquiétude partagée par Remi Salomon sur Twitter : "Si on ne fait rien pour ralentir son arrivée, nous aurons une belle quatrième vague avant d'avoir suffisamment vacciné", dit-il.

Pour autant, la réponse du gouvernement est négative ce mercredi midi, en raison de "la continuité territoriale", a expliqué Gabriel Attal à la sortie du Conseil des ministres : "La Guyane, c'est la France, ce n'est pas le Brésil. La continuité territoriale, c'est un principe fondamental du service public qui consiste à dire qu'un Français va pouvoir se déplacer sur le territoire national", a poursuivi le porte-parole du gouvernement. 

Frontière fermée entre le Brésil et la Guyane

Pour les passagers qui quittent la Guyane direction la Métropole ou une autre destination française, il faut présenter un test PCR négatif de moins de 72 heures, avoir un motif impérieux et déclarer sur l'honneur respecter à l'arrivée, l'obligation civile et morale d'un auto isolement de sept jours.

Sur place, alors que la frontière avec le Brésil est fermée depuis la nuit dernière, l'inquiétude règne. "Je suis asthmatique, donc oui j'ai très peur", a confié une passante. Le directeur de l'Institut Pasteur de Guyane, Mirdad Kazanji, ne cache pas ses craintes. "Sur les deux derniers mois le variant brésilien P1 est devenu majoritaire pendant cette troisième vague et malheureusement le nombre de patients contaminés va augmenter, car on sait que ce variant est plus infectieux." Les spécialistes redoutent une saturation des hôpitaux et préconise l'installation d'un hôpital de campagne comme lors du premier confinement. 

Le gouvernement présentera lundi de nouvelles mesures plus contraignantes pour les voyages avec les pays où, à l'instar du Brésil "un variant particulièrement à risque est dominant" et qui sont confrontés à "une explosion ou une dynamique très forte de l'épidémie", selon Gabriel Attal. Avec de possibles "restrictions supplémentaires pour les déplacements" et "des mesures plus contraignantes à l'isolement", précise-t-il.

Pour l'instant, selon les chiffres communiqués par Santé publique France sur la base des tests positifs réalisés la première semaine d'avril, c'est le variant britannique, lui aussi plus contagieux que la souche initiale, qui a pris le pas. Les contaminations comptent  "80% de variant d'origine britannique" et "un peu moins de 4% des variants brésilien et sud-africain".


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