Premières injections du vaccin Johnson & Johnson ce samedi en France : ce qu'il faut savoir

Publié le 22 avril 2021 à 20h55

Source : TF1 Info

COVID-19 - Les Français de plus 55 ans pourront, "à compter de ce samedi", se voir administrer le vaccin de Johnson & Johnson contre le Covid-19. Voici ce qu'il faut savoir sur ce nouveau vaccin et ses singularités par rapport aux précédents.

Les Français de plus 55 ans pourront, "à compter de ce samedi", se voir administrer le vaccin de Johnson & Johnson contre le Covid-19, le quatrième disponible sur le territoire, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran. La France a reçu une première livraison de 200.000 doses de ce vaccin à la fin de la semaine dernière, mais elle attendait les conclusions de l'Agence européenne des médicaments (EMA) qui a estimé mercredi qu'il bénéficiait d'un rapport bénéfices/risques favorable malgré un risque "très rare" de caillots sanguins.

"Les 200.000 premiers vaccins sont livrés aux pharmacies, aux médecins et aux infirmiers libéraux qui pourront commencer à le proposer à leurs patients à compter de ce samedi", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse gouvernementale. 

Développé par le géant pharmaceutique américain et fabriqué par sa filiale Janssen-Cilag, ce nouveau vaccin avait reçu le feu vert de l'Agence européenne du médicament (EMA) jeudi 11 mars et le décret permettant son administration en France a été publié de samedi 3 avril au Journal officiel. Quelle est son efficacité ? Quels sont ses effets secondaires ? Combien la France aura-t-elle de doses ? LCI fait le point.

Quel type de vaccin est-ce ?

Contrairement aux deux premiers vaccins autorisés sur le Vieux Continent, Pfizer/BioNTech et Moderna, le vaccin Johnson & Johnson n'est pas à ARN messager. "Il s'agit d'un vaccin basé sur des adénovirus, comme celui d'AstraZeneca", explique à LCI Morgane Bomsel, chercheuse du CNRS à l'Institut Cochin et spécialiste en vaccinologie. "Cet adénovirus porte l'ADN de la protéine Spike. Quand elle est injectée, l'organisme va aussi produire de la protéine spike, et le système immunitaire va à son tour produire une réponse immunitaire protectrice : les anticorps."

En outre, un tel mécanisme a déjà été utilisé pour d'autres pathologies. "C'est un vaccin connu, étudié depuis plusieurs années, et approuvé pour Ebola", poursuit la chercheuse. "L'adénovirus est utilisé comme vecteur pour porter un virus inoffensif. À l'intérieur est inséré le morceau de la maladie contre laquelle vous voulez vous protéger."

Quelle est son efficacité ?

Selon le laboratoire, le vaccin Johnson & Johnson présente une efficacité de 66% "pour prévenir les formes sévères à modérées", un mois après la vaccination. Ce taux monte à 85% "contre les hospitalisations et les décès liés au Covid-19", assure l'entreprise. Mais les données divergent en fonction des zones géographiques. "28 jours après la vaccination, il y a 70% de diminution de l'infection aux États-Unis, 66% en Amérique latine et 57% en Afrique du Sud", indique Morgane Bomsel, qui se base sur les chiffres communiqués par le laboratoire.

L'agence américaine du médicament (FDA) estime même que l'efficacité du vaccin contre les formes graves est supérieure à ces données. Selon elle, le vaccin Johnson & Johnson est efficace à 85,9% aux États-Unis, 87,6% au Brésil et 81,7% en Afrique du Sud.

"Ce n'est pas mal du tout", juge la chercheuse, même si l'efficacité moins élevée en Afrique du Sud interpelle. "90% des personnes y avaient été infectées par le variant" dit sud-africain, précise-t-elle. "Il faut donc relativiser ces chiffres. Ce vaccin apporte vraiment une protection globale, ce qui est une bonne nouvelle", même contre ce variant, à ce jour responsable d'environ 5% des contaminations en France.

Combien de doses faut-il administrer ?

C'est la vraie nouveauté de ce sérum : "toutes les données d'efficacité sont obtenues avec une seule dose". Ce vaccin est le premier mis au point dans le monde à ne nécessiter qu'une seule injection, contre deux pour tous les autres déjà autorisés. Une bonne nouvelle pour accélérer la campagne de vaccination en France, mais aussi "dans les pays en voie de développement". "Vacciner la population à une reprise est beaucoup plus facile que de lui demander de revenir pour une seconde injection", relève Morgane Bomsel. "Dans les endroits où l'accès aux soins n'est pas facile, il est très important d'avoir un vaccin efficace en une dose."

Toutefois, l'apport d'une deuxième injection n'est pas exclu. "Le laboratoire dit tout de même que si, par hasard, une deuxième dose pouvait être réalisée, ce serait encore mieux", tempère la spécialiste.

Comment doit-il être conservé ?

Pour le vaccin Johnson & Johnson, les problématiques rencontrées pour la gestion des doses de Pfizer ou de Moderna seront bien loin. "Les vaccins à adénovirus sont beaucoup plus stables et ne nécessitent pas de températures négatives", indique Morgane Bomsel. Le groupe pharmaceutique assure que son vaccin "peut rester stable pendant deux ans à -20°C, dont au moins trois mois à des températures comprises entre 2°C et 8°C". Un avantage pour un déploiement chez les médecins généralistes, à l'instar du sérum d'AstraZeneca.

Quels effets secondaires peut-il provoquer ?

Au cours des essais cliniques, "le groupe d'experts indépendants n'a pas signalé de problèmes significatifs de sécurité liés au vaccin", indique Johnson & Johnson. "Un examen des événements indésirables a montré qu'une dose de Janssen est généralement bien tolérée", poursuit le groupe dans un communiqué. Dans le détail, le laboratoire assure qu'une fièvre s'est déclarée chez 9% des volontaires. "Il n'y a pas plus d'effets secondaires que pour les autres vaccins", analyse de son côté Morgane Bomsel. "Quelques petites rougeurs au site d’injection, un peu de douleur, et au besoin un peu de fièvre. Mais si le vaccin est accepté par l'EMA, c’est que ce n'est pas un problème."

Combien de doses la France a-t-elle commandé ?

Fin décembre, avant le début de la campagne de vaccination, le ministère de la Santé annonçait que 8,4 millions de doses de ce vaccin avaient été contractualisées d'ici le 1er juillet. Dans un premier temps, 200.000 doses sont arrivés en France dès lundi 12 avril. Ce vaccin sera d'ailleurs, en partie, produit en France. Le laboratoire Sanofi a annoncé qu'il allait produire le vaccin de son concurrent américain, en plus de celui de Pfizer/BioNTech, "à partir du troisième trimestre". Environ 12 millions de doses sortiront chaque mois de son site de Marcy-l'Étoile, près de Lyon, a affirmé dans un communiqué le laboratoire, qui se chargera de la formulation et du remplissage des flacons.


Idèr NABILI

Tout
TF1 Info