RISQUES - En Belgique, les autorités sanitaires ont détecté deux cas de peste porcine africaine sur des sangliers. La France craint pour ses élevages, qu'elle appelle à protéger.
Le ministère français de l’Agriculture a lancé l’alerte : les autorités sanitaires belges ont confirmé ce jeudi deux cas de peste porcine africaine, détectés sur des sangliers. Par voie de communiqué, le gouvernement appelle à "une mobilisation immédiate pour protéger (les) élevages".
Ce virus a en effet été détecté sur la commune d'Etalle, à une dizaine de kilomètres de la France. Et s’il ne touche que les porcs ou les sangliers, sa présence "constitue une progression inédite de la maladie qui exige une réponse à la hauteur des enjeux économiques considérables pour les filières agroalimentaires françaises", souligne le ministère.
La peste porcine africaine, dont le nom peut évoquer de grandes épidémies moyenâgeuses, est en fait une maladie strictement animale, qui ne touche que les suidés, c’est-à-dire les porcs et les sangliers. Elle entraîne sur ces populations de fortes mortalités mais présente aucun danger pour l’homme, assure le ministère.
"Menace majeure"
Elle constitue tout de même une "menace majeure pour les élevage de porcs français", car il n'existe ni vaccin, ni traitement contre cette affection. La maladie est qui plus est très contagieuse, et peut se propager rapidement à l’ensemble des porcs d’une exploitation. Le virus se transmet en effet d’un animal à un autre mais peut également se disséminer par des mouvements de véhicules, de personnes en provenance de zones infectées ou par l’intermédiaire de denrées alimentaires, rappellent les autorités.
Les symptômes décrits sur le site de l’OIE (l'Organisation mondiale de la santé animale) sont de plusieurs sortes : forte fièvre, perte d’appétit, léthargie, des hémorragies au niveau de la peau et des organes internes ; la mort survient en deux à dix jours en moyenne. La mortalité peut atteindre 100%.
Le virus est présent dans le sang, les tissus, l’urine, les excréments, les sécrétions et les excrétas des animaux malades. Il est donc très contagieux et résistant dans les tissus animaux.
Un virus qui s'étend peu à peu
La maladie, originaire d’Afrique comme son nom l’indique, avait déjà fait des intrusions sur le continent européen dans les années 1960, notamment au Portugal, sur la péninsule ibérique, et même de façon sporadique en Belgique et en France dans les années 1980. Des politiques d’abattage, notamment en Espagne et au Portugal avaient permis de l’éradiquer dans les années 1990.
Le virus a également traversé l’Atlantique, touchant les Caraïbes, Cuba, où des abattages de porcs à grande échelle ont dû être menés. Il a remis le pied sur le continent européen en 2007 en Géorgie et refait son apparition dans l’Union européenne en 2014, d’abord en Lituanie, avant de s’étendre peu à peu dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, se rapprochant progressivement des frontières françaises.
De quoi pousser Stéphane Travert à demander une "mobilisation immédiate". Le ministre de l'Agriculture exige la mise en place d’un plan d’action qui implique notamment que "l’entrée de toute personne dans une exploitation agricole ne doit s’effectuer qu’après autorisation préalable des éleveurs et dans le respect de toutes les mesures d’hygiène et de biosécurité requises".