En pleine épidémie de Covid-19, la grippe se fait discrète : comment l'expliquer ?

Publié le 14 décembre 2020 à 18h26, mis à jour le 14 décembre 2020 à 20h23
En pleine épidémie de Covid-19, la grippe se fait discrète  : comment l'expliquer ?
Source : Istock

VIRUS - Avec la baisse des températures, la grippe pourrait bien signer son retour et se cumuler à l'épidémie de Covid-19. Mais selon les premiers indicateurs, la circulation du virus semble très faible cette année, ce qui est pour le moins inhabituel.

L'hiver et son lot de virus. En cette période si particulière, alors que le Covid-19 mobilise déjà toutes les forces sanitaires, ils sont scrutés à la loupe par les réseaux de surveillance qui redoutent, en cas d'épidémie, une trop forte affluence dans les cabinets médicaux et les hôpitaux. Mais pour le moment, c'est le calme plat. Prenons la grippe, qui d'ordinaire commence à faire des siennes dès la fin novembre, elle est tout simplement aux abonnés absents. 

Ainsi Santé publique France, qui tient des bulletins épidémiologiques hebdomadaires, signale qu’à ce stade il n’y a "pas de circulation de virus grippaux identifiée en médecine de ville par les réseaux de surveillance dédiés". Tandis qu'en milieu hospitalier, pour la semaine du 9 au 16 décembre, seuls 7 virus grippaux, parmi les 13 277 résultats transmis, ont été détectés dans des régions différentes. "Trois virus de type B, dont un chez un patient de retour de voyage en Afrique de l’Ouest ; trois virus de type A(H3N2), dont un chez un patient également de retour de voyage en Afrique de l’Ouest et un virus de type A non sous-typé", précise l'agence de santé.

Aucun cas de grippe dans les Ehpad

La même semaine – sachant que la surveillance a été lancée, comme cela se fait habituellement, début octobre – aucun cas de grippe n’a par ailleurs été identifié dans les 10.000 collectivités de personnes âgées recensées en France, ni parmi les patients admis en réanimation. Parmi tous les passages aux urgences, moins de 0,1% sont intervenus en raison d’un syndrome grippal, selon les données de la plateforme Géodes. Même situation en Outre-Mer où aucun virus grippal n'a été détecté par les réseaux de surveillance ces dernières semaines.

Toutefois,  dans le contexte de crise sanitaire, Santé publique France prévient que "la surveillance de la grippe repose uniquement sur les diagnostics confirmés de grippe : données virologiques, cas graves de grippe admis en réanimation et les signalements d’épisodes d’infections respiratoires aigües liés à la grippe dans les collectivités de personnes âgées". 

Santé publique France

Des mesures barrières efficaces

Cette absence de cas sera-t-elle durable ? Pour Alexandre Bleitbreu, infectiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière, "cela ne veut pas dire que l'épidémie n'arrivera pas", confie-t-il sur France-Info. "Mais il faut regarder ce qui s’est passé dans l’hémisphère sud, en particulier en Australie : sur la période de l’hiver austral, il n’y a pas eu cette année d’épidémie grippale ou de circulation importante de virus grippaux. En France, si la situation suit la même trajectoire, il y aura soit très peu, soit pas de cas de grippe."

Quant aux gestes barrières, ils jouent évidemment un rôle fondamental pour limiter la circulation des virus, tout comme le confinement mis en place par le gouvernement. Résultat, les cabinets médicaux désemplissent à vue d'oeil. "J'ai perdu depuis le début de l'année 30% de mon activité", confirme dans Le Monde Damien Pollet, médecin généraliste à Salins-les-Bains (Jura). "Actuellement, je ne vois plus de grippe, de bronchite, de rhino-pharyngite, de bronchiolite, de gastro-entérite... Il y a un effondrement des traditionnelles pathologies hivernales du fait des mesures barrières. Par exemple, je ne vois plus un seul gamin. Le lavage des mains, le port du masque, la distanciation sont très efficaces pour diminuer les infections virales", rappelle-t-il.

Sans oublier la vaccination contre la grippe saisonnière qui a été davantage plébiscitée cette année. Ainsi, alors que la campagne a débuté le 13 octobre, près de 10 millions de vaccins avaient déjà été délivrés en novembre par les officines, soit autant que sur toute la saison 2019-2020. 


Virginie FAUROUX

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