EV-D68 : doit-on craindre une épidémie ?

Publié le 2 octobre 2014 à 19h05
EV-D68 : doit-on craindre une épidémie ?

RISQUES - Une petite fille américaine de 10 ans infectée par l'entérovirus D68 associé à un staphylocoque doré vient de décéder. Pour autant, une épidémie mortelle n'est pas forcément à craindre aux États-Unis. Explications.

L'entérovirus EV-D68 a provoqué aux USA des troubles respiratoires chez 500 patients. La plupart sont des enfants. Et contrairement à ce que les agences de presse affirmaient ce matin, quatre en sont morts à ce jour, dont la petite fille de 10 ans du Rhode Island qui a été présentée comme la première victime. C'est ce qu'ont annoncé ce 1er octobre les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC, pour Centers for Disease Control and Prevention).

EV-D68 est-il responsable des décès ?

Même si les échantillons prélevés et testés en laboratoire se sont révélés positifs, les CDC soulignent que "le rôle joué par l'infection à l'entérovirus EV-D68 dans ces décès n'est pas encore clair" et que les autorités sanitaires continuent d'investiguer. Explications à metronews du professeur Didier Raoult, qui dirige l'unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes (Urmite) à la faculté de Marseille : "La causalité, c'est une affaire bien plus compliquée qu'on ne le croit. Par exemple, en prélevant des échantillons de salive, nous nous sommes rendu compte que 8% de ceux qui ont le virus de la grippe dans la gorge n'ont pas la grippe pour autant."

Le professeur de microbiologie sollicite un autre exemple d'entérovirus pour mieux cerner les réserves des CDC : "Cette année à Marseille, il y a eu à une épidémie d'entérocolite qui a tué une trentaine de personnes. Pour survenir, cette maladie doit associer la présence d'une bactérie, du nom de clostridium difficile, et un déséquilibre de la flore intestinale." C'est-à-dire que la bactérie peut être présente dans notre corps sans conséquence... Jusqu'à ce que, par exemple, des antibiotiques viennent perturber le microbiote qui assure notre défense immunitaire.

Doit-on s'inquiéter ?

Retrouver des traces EV-D68 dans les échantillons prélevés et testés ne signifie donc pas que cet entérovirus soit responsable des décès constatés aux États-Unis. "Il est possible que le virus EV-D68 ait joué un rôle, tout comme il est possible qu'il ait été en association avec un autre virus ou une bactérie." On sait déjà que la petite fille décédée de septicémie le 22 septembre avait également été infectée par un staphylocoque doré. Pas de raison alors de s'alarmer outre mesure, surtout sachant que les entérovirus autres que la poliomyélite infectent chaque année 10 à 15 millions d'Américains , avec des symptômes souvent peu graves.

Toutefois, le professeur Didier Raoult ne veut pas affirmer que l'épidémie d'entérovirus dégonflera à coup sûr. "En réalité, les modes épidémiques sont très mal connus. On ne sait que peu de choses des mécanismes de transmission inter-humaine. Il y a probablement des éléments de terrain associés, ou des susceptibilités génétiques." Les investigations se poursuivent.


La rédaction de TF1info

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