Faut-il fermer les écoles un mois pour éviter un nouveau confinement ?

Publié le 11 février 2021 à 11h34

Source : JT 13h Semaine

PISTE - Des médecins scolaires encouragent à fermer les classes pendant quatre semaines. Si cette position est isolée dans le milieu, eux estiment que c'est la solution pour éviter un nouveau confinement et une fermeture bien plus longue des établissements scolaires. À raison ?

En une semaine, le nombre de fermetures de classes a doublé en raison de cas positifs. Alors que l'inquiétude grandit dans ce contexte, étroitement lié à la progression de nouveaux variants et particulièrement celui en provenance d'Afrique du Sud, le syndicat majoritaire des médecins de l’Éducation nationale (SNMSU-UNSA) propose de fermer tous les établissements scolaires dès maintenant, pour la durée des vacances de février des trois zones géographiques. Soit pendant quatre semaines. 

L'objectif mis en avant ? "Ralentir la circulation du virus dans les établissements scolaires afin de tenter d’éviter une fermeture qui risque d’être beaucoup plus longue dans le cadre d’un confinement". Si plusieurs facteurs plaident effectivement en faveur de cet argument, reste que ce n’est pas la stratégie sur laquelle mise le gouvernement.

Un "effet vacances" visible sur les courbes

A la veille du début des congés d'hiver, qui s'échelonnent jusqu'au 7 mars selon les zones, une source proche de l'exécutif indiquait à l'AFP que cette échéance était plutôt analysée comme un facteur positif, les vacances scolaires impliquant une baisse des brassages propices aux contaminations et à une éventuelle accélération de l'épidémie. "Dans la décision du Président de ne pas reconfiner, l'imminence des vacances est entrée en ligne de compte", soulignait en outre un conseiller gouvernemental, cité par Le Parisien, évoquant même une "bonne nouvelle". Et de détailler : "Pendant les congés, on constate paradoxalement une relative stabilité des courbes. C'est un moment où les gens restent en famille, bougent finalement assez peu. C'est ce qu'on a vu à Noël où on nous prédisait la cata !"  

En atteste, le taux de positivité des enfants de 0 à 10 ans qui est, en moyenne, plus élevé en période scolaire (6,6 %) que durant les vacances scolaires (4 %). Cela pourrait même être d'autant plus probant à cette période de l'année. "Déjà, en période normale, les vacances de février ne donnent pas lieu à beaucoup de départs", rappelait - également dans Le Parisien - le secrétaire d'État au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, le gouvernement misant sur 10% de départs seulement. 

"Scientifiquement impossible" de nier les contagions à l'école

Si ces prédictions se confirment, un "effet vacances" pourrait donc effectivement s'observer sur les courbes. De manière encore plus appuyée si celles-ci sont prolongées, comme le suggère le SNMSU-UNSA ? Les derniers chiffres du ministère de l'Éducation nationale, mis en parallèle avec des données récemment publiées sur la contagiosité des enfants, tendent en tout cas à corroborer cette hypothèse. "Si les enfants et les adolescents sont moins sensibles à l'infection que les adultes, ils sont plus contagieux une fois infectés que les plus de 20 ans", expliquent notamment des chercheurs chinois et américains, dont l'étude a été mise en ligne le 18 janvier dans la revue The Lancet. "Les cas de moins de 20 ans sont près de 60% plus susceptibles d'infecter d'autres personnes que les cas de 60 ans ou plus", ajoutaient-ils, semblant fixer un nouveau paradigme après de précédentes études, souvent contradictoires, qui se sont succédé depuis un an sur le sujet. 

Quant au risque de contagion dans les écoles, malgré le manque de données disponibles, il semble bien avéré si l'on remet à l'analyse scientifique de bon nombre d'épidémiologistes. "Vous croyez que mettre 30 personnes, cinq jours sur sept, pendant huit heures dans la même pièce ne génère pas de contamination ? Sans compter qu'ils sont des centaines à se restaurer chaque midi dans une cantine, sans masque", résume notamment Mahmoud Zureik, professeur de santé publique et d'épidémiologie à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, pour Le Parisien. "C'est scientifiquement impossible qu'il n'y ait pas de circulation de virus", poursuit-il, évoquant "situation est bien plus compliquée". Pour rappel, le 5 février dernier, on recensait en France 934 classes fermées et 105 établissements scolaires fermés, dont 83 écoles, 16 collèges et 6 lycées.

L'ouverture des écoles n'empêche pas le nombre de cas de chuter

La demande des médecins de l'Éducation nationale de fermer les écoles un mois pour éviter un nouveau confinement et donc, une fermeture bien plus longue des écoles, collèges et lycées fait toutefois fi de la stratégie du gouvernement observée jusqu'à présent. En l'occurrence, une fermeture des écoles n'est pas plus à l'ordre du jour qu'un troisième confinement.  "Notre responsabilité n'est pas de retarder cette échéance mais de tout mettre en œuvre pour l'éviter", a encore déclaré Jean Castex le 4 février, insistant sur le fait que le confinement ne serait envisagé qu'"en dernier recours". Interrogé par France Info mardi 9 février, le ministre de la Santé Olivier Véran n'a pas dit autre chose : "Il est possible que l'on ne soit jamais reconfinés".

Et quand bien même un reconfinement serait finalement inévitable, tout porte à croire que la formule retenue serait proche de celle retenue en octobre et novembre derniers, à savoir "avec écoles ouvertes", contrairement à ce qui avait été retenu au printemps 2020. Une stratégie qui n'a d'ailleurs pas empêché l'amélioration des chiffres de l'épidémie, ouvrant la voie à un déconfinement et un assouplissement des mesures en perspectives des fêtes de fin d'année. Pour rappel, après avoir atteint 70.000 contaminations quotidiennes début novembre, une baisse s'était amorcée pour atteindre les 10.000 cas début décembre.

Si "aucun scénario n'est écarté", pas même celui d'un rallongement des congés avec mise en place des cours à distance, il semble ainsi peu probable que les vacances soient généralisées dès lundi. "Ce n'est pas d'actualité", insiste-t-on dans l'entourage de Jean-Michel Blanquer, où l'on rappelle en outre que la Société française de pédiatrie, a maintes fois rappelé son opposition à la fermeture des écoles.


Audrey LE GUELLEC

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