Grandir à la ferme, un antitode pour la vie contre les allergies ?

Publié le 4 septembre 2015 à 18h24
Grandir à la ferme, un antitode pour la vie contre les allergies ?

À LA CAMPAGNE - Le nombre d’allergiques a été multiplié par 20 en deux décennies et l’Organisation mondiale de la santé prédit qu’une personne sur deux sera touchée à l’horizon 2050. En cause, la trop grande asceptisation de nos modes de vie, suggère une nouvelle étude.

Le fait de grandir à la ferme aurait un effet protecteur contre les allergies. Asthme, rhume des foins, eczéma. Autant de pathologies qui ne cesse de progresser dans les pays industrialisés. En France, une personne sur quatre souffre d'allergies. Et rien ne semble vouloir arrêter cette maladie : en vingt ans, le nombre d'allergiques a été multiplié par 20 et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) prédit qu'une personne sur deux sera allergique à l'horizon 2050.

En cause ? L'excès de propreté, ou plutôt le manque d'exposition aux microbes au cours de l'enfance. Une nouvelle étude, dont les résultats sont parus dans la Science , apporte aujourd'hui une nouvelle preuve du fait que la trop grande aseptisation de nos modes de vie serait à l'origine de l'affaiblissement du système immunitaire. Les chercheurs ont découvert comment l'inhalation de poussières issues d'exploitations agricoles, en particulier les fermes laitières, a pour effet de protéger contre les allergies respiratoires.

Ce n'est pas la première fois que des travaux scientifiques mettent en avant le rôle de la saleté. Une recherche antérieure, publiée en 2012 dans le Journal of allergy and clinical immunology , a montré que les enfants vivant dans des communautés Amish aux États-Unis étaient très peu touchés par les allergies, probablement du fait de leur mode de vie particulier, au contact des animaux et dans de grandes fratries. Le taux d’allergie était beaucoup plus faible chez eux comparé aux enfants suisses vivant dans des fermes, qui étaient pourtant eux-mêmes relativement épargnés par rapport à leurs camarades des villes.

1700 enfants ayant grandi à la ferme ou pas

Pour arriver à cette découverte, les scientifiques ont prélevé de la poussière dans des exploitations laitières allemandes et suisses avant de les faire inhaler à des souris pendant deux semaines. Puis ils ont analysé les données de santé de 1700 enfants ayant grandi à la ferme ou pas. "Avec cette étude, nous sommes les premiers à montrer non pas seulement une corrélation mais bien un lien de causalité entre l'exposition aux pathogènes des fermes et la protection contre l'allergie", a déclaré Bart Lambrecht , professeur à l'Université de Gand (Belgique), l'un des auteurs de l'étude.

Les chercheurs ont observé que l'effet anti-allergique de la poussière fonctionnait uniquement chez des souris capables de synthétiser une enzyme particulière, appelée A20. Elle est fabriquée en plus grande quantité lorsque l'organisme est exposé aux endotoxines. En raison de son effet inflammatoire, elle permet d'atténuer la réaction du système immunitaire face aux allergènes, expliquent les auteurs de l'étude. Certains enfants de l'échantillon ne pouvaient pas fabriquer l'enzyme A20 en raison d'une mutation génétique rare.

Inutile de vous rouler sur le sol du métro

Or ces derniers étaient aussi plus nombreux à souffrir d'allergies, même lorsqu'ils vivaient à la ferme. Conclusion, l'enzyme A20 joue un rôle de médiateur dans la protection contre l'allergie procurée par la poussière issue d'exploitations agricoles. "Outre les endotoxines, d’autres éléments des poussières d’étables semblent aussi avoir un effet anti-allergique, notamment des composés de moisissures. Par ailleurs la consommation de lait de vache frais serait aussi impliquée dans la protection contre les allergies", indique le chercheur.

Mais il est inutile de renoncer à votre hygiène de base quotidienne, qui permet de prévenir les maladies infectieuses, ou bien encore de "sniffer " des poussières issues d'exploitations agricoles. prévient le chercheur Bart Lambrecht. Il n'y a aucune preuve de leur innocuité pour la santé. "Aux Pays-Bas, certains agriculteurs proposent des crèches à la ferme, ce qui semble être une bonne idée", relève le scientifique. Ou bien encore, en faisant la vaisselle à la main. Une étude américaine, parue dans la revue Pediatrics , a démontré que les enfants qui grandissent dans des familles où la vaisselle est faite à la main ont moins d'allergies que ceux qui sont élevés dans une famille avec un lave-vaisselles.

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Matthieu DELACHARLERY

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