Grippe aviaire : faut-il avoir peur du virus H5N8 en France ?

Publié le 19 novembre 2014 à 10h31
Grippe aviaire : faut-il avoir peur du virus H5N8 en France ?

VIRUS – Une variante de la grippe aviaire a fait son apparition en Europe. L'OMS appelle à une "grande vigilance". Mais le risque sanitaire est faible.

Doit-on craindre la grippe aviaire en plus de celle saisonnière  ? On dénombre à ce jour deux pays de l'Union européenne, à savoir l'Allemagne et les Pays-Bas (et probablement un troisième, la Grande-Bretagne), dans lesquels des élevages de volailles ont été touchés par une souche du virus appelée H5N8, une variante de la grippe aviaire. Elizabeth Mumford, épidémiologiste de l'OMS, a déclaré à la presse ne pas être "particulièrement inquiète concernant ce virus, pas plus que d'autres circulant actuellement". Mais elle a appelé à une "grande vigilance".

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Pour le moment, "aucun cas n'a été détecté en France", précise le ministère de l'Agriculture. Mais le virus serait arrivé d'Asie avec la migration d'oiseaux sauvages (canards ou cygnes), qui auraient laissé des fientes à proximité des élevages concernés. Or ces oiseaux migrateurs sont actuellement en route vers le sud. L'apparition de foyers en France, Italie et Espagne est donc possible.

Pas de contamination à l'homme ni inter-humaine

Le virus H5N8 est extrêmement pathogène : "Quand il attaque les volailles, il est 100% tueur", indique à metronews Vincent Enouf, responsable adjoint du Centre national de référence des virus influenzae. Mais cela ne signifie pas que cette souche soit un danger pour la santé de l'homme.

Aucun cas de contamination de l'animal à l'humain n'a été observé à ce jour. Le virus n'a donc pour l'instant pas la capacité d'infecter l'homme, contrairement à H5N1, qui a tué plus de 400 personnes (la plupart en Asie du sud-est) depuis sa première apparition en 2003. Dans tous ces cas humains de grippe aviaire, les personnes étaient en contact direct avec les poulets infectés (éleveurs, vendeurs). Et les très rares cas de transmission entre humains du virus H5N1 sont restés épisodiques, précise l'Institut Pasteur .

Rares transformations de virus animaux en virus humains

Doit-on alors craindre une mutation de ce virus grippal le faisant franchir la barrière entre les espèces ? "La transformation d'un virus d'origine animale à un virus qui se transmet à l'homme est un phénomène exceptionnel", rassure Didier Raoult, microbiologiste spécialiste des maladies infectieuses, interviewé par metronews.

Les nouveaux virus du siècle dernier qui sont passés de l'animal à l'homme, comme le sida ou Ebola, touchaient les grands singes. La différence entre les espèces est alors évidemment plus faible qu'entre les canards, poules, dindes et les humains.

Mesures préventives "adéquates"

En outre, pour faire que ce risque de transmission à l'homme reste "faible", toutes les mesures sanitaires ont été prises. La commission européenne s'est dite le 17 novembre satisfaite des mesures "adéquates" prises aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Les autorités néerlandaises sont même "allées au-delà" du protocole.

Les élevages infectés sont abattus, un périmètre de sécurité a été établi autour des exploitations concernées, une interdiction de transport s'appliquant aux volailles ainsi qu'aux œufs et au fumier a été mise en place et ces animaux sont bien sûr interdits à la vente. Quant aux vétérinaires et exploitants, ils ont été équipés de combinaisons pour se protéger.


La rédaction de TF1info

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