Hydroxychloroquine : le Pr Raoult coupable d'avoir vanté le traitement sans "aucune donnée confirmée"

Publié le 3 décembre 2021 à 16h28, mis à jour le 7 décembre 2021 à 12h04

Source : TF1 Info

SANCTION - L'Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine a infligé vendredi une sanction au professeur Raoult, à la suite de deux plaintes déposées par ses pairs. La Chambre a justifié ce mardi cette décision par le fait qu'il ait communiqué "des informations qui ne s'appuyaient sur aucune donnée confirmée" au sujet de l'hydroxychloroquine.

Raoult sanctionné. L'infectiologue Didier Raoult, directeur de l'IHU de Marseille, a été sanctionné vendredi d'un "blâme" par la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine, chargée d'analyser deux plaintes déposées contre lui par ses pairs fin 2020. Composée de 8 médecins et présidée par un magistrat administratif, l'instance a publié cette sanction, la deuxième en importance après le simple avertissement, sans l'assortir de ses motivations.

"Le professeur Raoult a, au travers de différents médias et notamment sa propre chaîne au sein du média Youtube, donné des informations qui ne s'appuyaient sur aucune donnée confirmée, sans faire preuve de la prudence nécessaire alors qu'ont existé très rapidement de profondes incertitudes sur les traitements appropriés au Covid-19", a détaillé ce mardi auprès de l'AFP l'instance basée à Bordeaux, où l'audience avait été dépaysée.

La chambre considère ainsi que le directeur de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille a enfreint l'article 12 du code de déontologie, qui oblige les médecins à communiquer avec "prudence" auprès du grand public et sur la base de "données" scientifiques "confirmées". La chambre retient également que Didier Raoult a "divulgué dans les milieux médicaux un procédé nouveau de traitement insuffisamment éprouvé" sans les "réserves qui s'imposaient".

Les accusations de "charlatanisme" et de prises de "risque injustifié" non retenues

Didier Raoult a aussi "manqué à son devoir de bonne confraternité" en s'exprimant "de manière peu correcte, discourtoise, voire agressive" à l'encontre d'autres médecins, ajoute la chambre, dont le blâme, infligé vendredi à l'infectiologue marseillais, est susceptible d'appel.

L'instance n'a en revanche pas retenu les accusations de "charlatanisme" et de prises de "risque injustifié" pour avoir prescrit ce traitement à des patients, malgré son absence d’effet prouvé. Elle a en effet jugé que le "Pr Raoult n'a fait courir à ses patients aucun risque injustifié en prescrivant l'hydroxychloroquine aux doses habituellement préconisées".

Depuis fin 2020, l'infectiologue marseillais de 69 ans était visé par deux plaintes déposées par l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône et le conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom). Il lui était reproché d'avoir fait la promotion de l'hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19, "sans données scientifiques établies"- ce qui s'apparente à du "charlatanisme", avait affirmé la rapporteure de la chambre disciplinaire lors d'une audience le 5 novembre à Bordeaux, dépaysée loin de Marseille. Le professeur Raoult était également accusé d'avoir pris des "risques inconsidérés" en soignant des patients avec ce traitement "non éprouvé par la science".  Les plaintes l'accusaient aussi d'avoir enfreint, par sa communication, l'article 56 du code de déontologie, en "manquant à son devoir de confraternité" envers d'autres médecins.

Ce sont les médecins qui se plaignent de nous, pas les patients
Didier Raoult

Celui qui est encore le directeur de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) risquait une sanction allant du simple avertissement à la radiation, ou à une interdiction temporaire d'exercer. Présent début novembre devant la chambre par "respect pour cette institution", Didier Raoult, à la retraite depuis le 31 août comme professeur d'université praticien hospitalier, s'était estimé "pas concerné" par d'éventuelles sanctions. 

"Ce sont les médecins qui se plaignent de nous, pas les patients", avait-il lancé à l'avocat des plaignants, assurant en avoir reçu "plus de 600.000" au sein de l'IHU durant la crise sanitaire, "sans aucune plainte" de leur part". Le scientifique avait par ailleurs maintenu son constat de "la réussite" de son traitement conjuguant hydroxychloroquine et azythromicine pour traiter les malades du Covid-19, malgré l'absence de preuve d'effet aujourd'hui encore.

En plus de cette procédure, le professeur Raoult est également visé, avec l'IHU qu'il a créée en 2011, par plusieurs autres enquêtes sur les conditions dans lesquelles ont été conduites les études autour du Covid-19, ainsi que par une "mission de contrôle" sur demande du ministre de la Santé et de sa collègue de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. 


La rédaction de TF1info

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