IVG médicamenteuse, de la douleur et de nombreux effets secondaires

par Julie BERNICHAN
Publié le 21 novembre 2016 à 17h45, mis à jour le 22 novembre 2016 à 9h30
IVG médicamenteuse, de la douleur et de nombreux effets secondaires
Source : Thinkstock

FIN DE GROSSESSE – Souvent banalisée, "l’interruption volontaire de grossesse médicamenteuse (IVG) est loin d’être un acte anodin", alerte un gynécologue-obstétricien. Une étude de l’INSERM révèle que les femmes qui y ont recours souffrent de vives douleurs et d’un manque d’information sur les effets secondaires.

Fortes douleurs abdominales, nausées… les effets secondaires de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) sont méconnus ou sous-estimés par les femmes. Pourtant, "elle est souvent considérée comme simple, facile d’accès et donc banalisée", déplore Dominique Letourneau, président du directoire de la Fondation de l’Avenir, auprès de LCI. Celle-ci, particulièrement sensibilisée aux préoccupations liées à la douleur, a soutenu une étude menée sur le sujet par l’INSERM. 

Mais, "loin d’être un réquisitoire anti-IVG médicamenteuse, cette recherche vise à mieux informer les professionnels et les femmes", nous affirme le Dr Philippe David, gynécologue-obstétricien, chef de service du centre IVG Clotilde Vautier à Nantes qui a dirigé cette recherche. En 2015, près de 220.000 IVG ont été réalisées à travers l’Hexagone et 57 % d’entre elles ont été pratiquées par voie médicamenteuse. 

Les femmes sont inégales face à la douleur

Pour cette étude, les scientifiques de l’INSERM ont interrogé près de 453 femmes ayant eu recours à ce type d’IVG dans onze centres français. L’IVG par voie médicamenteuse peut être réalisée jusqu’à 7 semaines de grossesse en établissement de santé ou à domicile, pour plus de confort. Le site IVG.GOUV.FR estime la méthode fiable à 95%, contre 99,7% pour la méthode instrumentale. "Un premier médicament est pris pour préparer l’organisme à l’expulsion. Le second doit être consommé 48 heures plus tard", détaille le Dr David.

C’est à ce moment-là que les douleurs ressenties sont les plus fortes. "Sur une échelle de 1 à 10, une femme sur cinq plaçait sa douleur à 8", retranscrit le co-auteur.  Et pour cause, les contractions démarrent. Mais toutes les femmes ne sont pas égales face à la douleur. L’étude met en en avant trois facteurs aggravants : "Si la femme n’a jamais été enceinte, si elle souffre de règles douloureuses et selon la dose prescrite du premier médicament", précise le gynécologue. 

Fatigue, nausées, vertiges… parmi les symptômes les plus fréquents

Le dosage de la mifépristone, le stéroïde synthétique utilisé comme abortif n’est donc pas neutre sur la souffrance ressentie. "On a observé que la prise de 600 mg  au lieu de 200 mg réduisait les douleurs", relève le Dr David. Pourtant, "la dose de 200 mg est celle qui est normalement recommandée", ajoute le président de la Fondation de l’Avenir. C’est pourquoi le gynécologue-obstétricien propose de repenser les recommandations en matière de douleur. Mais surtout, il préconise de mieux informer les femmes sur les effets secondaires et sur leurs choix. 

Parmi les autres effets indésirables recensés : la fatigue (88%), les nausées (70%), les vertiges (42%), les céphalées (42%), les diarrhées (37%) et les vomissements (28%). Malgré ces désagréments, l’IVG médicamenteuse n’entraîne normalement pas de complications. Le site du ministère de la santé recommande de contacter l’établissement où a eu lieu l’intervention en cas de fièvre, de pertes trop importantes de sang, de fortes douleurs abdominales ou de malaise.  

Touraine sur l'IVG : "Ceux qui pratiquent la désinformation n'ont pas le champ libre"Source : Sujet JT LCI
Cette vidéo n'est plus disponible

Julie BERNICHAN

Tout
TF1 Info