Le port du masque augmente les risques de pneumonie bactérienne ? C'est faux

Publié le 26 novembre 2020 à 19h59, mis à jour le 27 novembre 2020 à 9h16
Les masques ne font pas courir le risque de développer une pneumonie bactérienne, au contraire.
Les masques ne font pas courir le risque de développer une pneumonie bactérienne, au contraire. - Source : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

SANS RISQUE - Des messages assurent qu'un médecin met en garde contre les dangers d'un port du masque prolongé. Ce dernier entraînerait en effet une recrudescence des cas de pneumonies bactériennes, ce que dément formellement une spécialiste.

Devenus des accessoires du quotidien, les masques conservent leur lot de détracteurs. Sur Facebook, des internautes ont relayé ces derniers jours des publications évoquant les dangers liés au port du masque : "un médecin prévient que les pneumonies bactériennes sont en augmentation", apprend-on, une affirmation relayée afin de ne pas à mettre un masque chez soi ou en sortant de son domicile.

LCI a souhaité en savoir plus et a donc contacté la Société de Pneumologie de langue Française, qui délivre un message plus que rassurant.

Un élément plus protecteur qu'autre chose

Lorsque l'on l'interroge sur ces pathologies dues au masque, la professeure Claire Andréjak est catégorique : "Je ne vois aucun sens à cela : quand on connaît bien la physiopathologie de la pneumonie bactérienne, il n'y a pas vraiment de raison que le masque la favorise. Il faut savoir que de toute façon, nous vivons énormément de bactéries et de virus au niveau des poumons et des voies respiratoires supérieures. On parle de ce que l'on appelle le microbiome", un terme qui désigne toutes les espèces vivant à l'intérieur d'un être vivant. 

Responsable du groupe de recherche et d'enseignement en pneumo-infectiologie au sein de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), la spécialiste rappelle que "de manière globale, nous avons dans notre corps plus de virus et de bactéries que nous n'avons de cellules humaines". En particulier dans notre bouche, et ce avec ou sans masque. Autre point à soulever, le fait que "souvent, lorsque l'on développe une pneumonie bactérienne, c'est qu'il y a un déséquilibre qui se produit". À partir de là, "rôle du masque, je ne le vois pas du tout", glisse Claire Andréjak.

Si les masques présentaient un danger, il n'y aurait pas eu besoin d'une telle épidémie pour s'en rendre compte. "Les chirurgiens en portent à longueur de journée, et ce depuis lustres", soupire la représentante de la SPLF, "on aurait observé depuis tout ce temps qu'ils faisaient plus de pneumonies que les autres, ce qui n'est pas du tout le cas." Ce n'est donc pas un facteur de risque, à condition évidemment qu'il soit porté de façon convenable.

Le masque, conclut la pneumologue, "est avant tout un élément protecteur, puisque ce qui peut faire le lit d'une pneumonie bactérienne, c'est une infection virale". Dès lors, "si l'on se protège des infections virales, ce qui est fait avec les masques, on limite de fait les risques. Moi qui suis des patients avec des pathologies respiratoires chroniques, je peux vous assurer que cette année, les patients qui n'ont pas fait d'infection Covid n'ont jamais fait aussi peu d'exacerbation de leur maladie. Ça les a protégé non seulement du Covid les mesures barrières, mais aussi d'autres pathogènes respiratoires qu'ils ont d'habitude et qui déséquilibrent leur maladie." 

Les craintes relayées par des internautes sur les réseaux sociaux apparaissent donc infondées, et le bénéfice-risque penche aujourd'hui très clairement en faveur d'un port du masque. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les autorités sanitaires préconisent aujourd'hui sont port, pour protéger les autres mais aussi soi-même.

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Thomas DESZPOT

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