Les risques du chlordécone sur la grossesse

Publié le 17 janvier 2014 à 17h28
Les risques du chlordécone sur la grossesse

ALIMENTATION - Le chlordécone, un pesticide largement utilisé dans le passé dans les bananeraies aux Antilles, augmente le risque de prématurité, selon une étude de l'Inserm.

Après avoir fait parler de lui pour les dégâts environnementaux qu'il avait causés, le chlordécone et ses méfaits sont toujours d'actualité. Cet insecticide employé aux Antilles jusqu’en 1993 pour lutter contre le charançon du bananier fait de nouveau parler de lui pour son impact sur le risque de prématurité. Des chercheurs de l'Inserm ont publié une étude dans laquelle ils démontrent que cette substance "est associée à une durée raccourcie de grossesse".

À la suite de fortes suspicions de toxicité, de nombreux pays l'ont fait interdire. Mais de part sa persistance dans les sols (plus d'un siècle), le produit a contaminé les eaux de rivière, les sédiments et, par conséquent, certaines denrées alimentaires. Les conséquences de son utilisation aux Antilles françaises ont notamment fait la une des médias français en septembre 2007 , et son impact sur la population antillaise a déjà été démontré par des travaux antérieurs.

Jusqu'à trois jours d'avance

Mais cette fois, il s'agissait d'évaluer les conséquences de l'exposition au chlordécone sur le déroulement de la grossesse. En Guadeloupe, les chercheurs ont prélevé un échantillon de sang sur près de 1000 femmes pendant leur accouchement. Résultat : "l’exposition maternelle au chlordécone a été retrouvée associée de manière significative à une durée raccourcie de grossesse ainsi qu’à un risque augmenté de prématurité, quel que soit le mode d’accouchement", précise l'étude.

"La réduction de la durée de la grossesse dépend du niveau d'exposition au chlordécone. Mais nous avons observé une réduction de 3 jours lorsque le niveau d'exposition des femmes est supérieur à 0,52 µg/l, ce qui est le cas de 40 % de la population étudiée", précise Sylvaine Cordier, principale auteur de l'étude à Doctissimo . Ce lien de cause à effet pourrait s'expliquer par les propriétés hormonales du chlordécone présent dans des aliments contaminés.

Gare aux produits du jardin

Parmi les aliments les risques, on trouve les légumes racines comme le manioc, les melons et les concombres, les viandes locales ainsi que les fruits de mer ou les poissons d'estuaire. Mais si les aliments vendus dans les circuits réglementés sont étroitement surveillés, il n'en va pas de même pour ceux produits dans les jardins familiaux ou vendus sur le bord de la route. En conséquence, l'étude invite les autorités à informer les femmes enceintes sur les aliments à éviter pendant leur grossesse.

Les chercheurs vont poursuivre l'étude, pour se focaliser sur le développement des enfants nés dans le cadre de la cohorte. Mais il est d'ores et déjà établi scientifiquement que la prématurité peut entraîner des effets sur le développement de l’enfant. En décembre dernier, l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) a estimé pour sa part que deux insecticides pouvaient affecter le développement du cerveau humain, et plus précisément sur le développement des neurones.


La rédaction de TF1info

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