EFFETS INDÉSIRABLES - L'infectiologue Karine Lacombe s'est étonnée ce mercredi sur LCI que les effets secondaires des vaccins Pfizer ne soient pas médiatisés par rapport à ceux d'AstraZeneca. Que nous apprend réellement la pharmacovigilance sur ces produits ?
Il y aurait-il une sorte d'Astra-bashing ? À en croire certains experts, les effets indésirables de ce vaccin développé par l'université d'Oxford seraient à relativiser, comparés à ceux du vaccin Pfizer. Ce dernier, qui utilise la technologie à ARN messager, a pourtant été au cœur de nombreuses craintes au lancement de la campagne vaccinale. Avant de devenir victime de son succès face à la mauvaise publicité que subit son concurrent.
Pourtant, d'après Karine Lacombe il présente lui aussi de nombreux effets secondaires. Interrogée sur LCI mercredi 14 janvier, l'infectiologue relevait ainsi qu'on en en parlait "beaucoup moins". Quelque jours plus tôt, c'est le Dr. Jean-Michel Cohen qui assurait sur CNews que les effets indésirables du vaccin Pfizer étaient "plus important que ceux des autres vaccins". Qu'en est-il réellement ? Nous avons passé au crible le dernier point de situation de l'ANSM.
0,2% d'effets indésirables en France
Pour rappel en France, c'est à cette fameuse Agence nationale de sécurité du médicament qu'incombe la responsabilité d'organiser la pharmacovigilance. C'est elle qui permet "la surveillance des médicaments et la prévention du risque d'effet indésirable résultant de leur utilisation". Avec le début de la campagne vaccinale contre le coronavirus, l'établissement a renforcé cette surveillance en mettant en place une enquête qui permet de "surveiller en temps réel le profil de sécurité" de ces produits. Dans le cadre de ce travail et à des fins informatives, l'ANSM réalise chaque semaine des rapports sur les effets secondaires signalés.
Pour savoir si les effets secondaires sont plus "importants", il faut d'abord choisir une échelle. Si on parle en termes de nombre, oui, c'est vrai. Ainsi, d'après le dernier bulletin publié le 9 avril, à partir de données s'étalant jusqu'au 1er avril, 13.485 cas d'"effets indésirables" graves ou non graves ont été signalés. C'est effectivement beaucoup plus que pour AstraZeneca, pour lequel on a enregistré 9367 cas. Le vaccin de Pfizer est donc largement en tête. Mais attention : ces données sont à comparer au nombre de doses, la France vaccinant largement avec le produit du laboratoire BionTech. Cette donnée prise en compte - plus de 8 millions d'injections pour Pfizer contre 2,4 millions pour AstraZeneca - le constat s'inverse. On note 0,16% d'effets signalés par les personnes inoculées avec le produit du laboratoire germano-américain contre 0,38% pour son concurrent.
Quid des effets indésirables plus "importants" car "plus graves" ? Quand, pour la grande majorité des effets du Pfizer, (77%) ils étaient "non graves", seuls 1811 cas étaient enregistrés comme "graves". C'est, de nouveau, moins que pour son concurrent AstraZenca (75%).
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Pourquoi alors en parler si peu, alors que le nombre de cas reste notable ? Tout simplement parce que l'agence du médicament n'a relevé aucun symptôme alarmant. Ainsi, selon les conclusions de l'ANSM à propos des effets cardiovasculaires et thromboemboliques graves rapportés avec le vaccin Comirnaty (le nom du produit de Pfizer-BioNTech), aucun événement "ne montre de spécificité particulière en faveur d'un rôle du vaccin". L'agence note qu'un seul cas fait état d'une thrombose veineuse cérébrale pour ce produit. Elle est survenue "plus d'un mois après la deuxième injection" chez une personne "octogénaire". On est loin des très rares cas de thrombose au "caractère très atypique", identifiés chez des personnes jeunes avec AstraZeneca.
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