Macron face au dossier du chlordécone aux Antilles : de quoi parle-t-on ?

Publié le 27 septembre 2018 à 19h20, mis à jour le 26 novembre 2019 à 16h30
Macron face au dossier du chlordécone aux Antilles : de quoi parle-t-on ?

ECLAIRAGE - Selon un rapport paru ce mardi 26 novembre, l'Etat est "le premier responsable" de la pollution au chlordécone. Cet insecticide utilisé massivement dans les bananeraies jusqu'en 1993 est soupçonné d'être responsable d'une explosion des cancers de la prostate et contamine plus de 90 % de la population de Guadeloupe et de Martinique.

Un rapport parlementaire pointe ce mardi 26 novembre 2019 la "responsabilité de l’État" dans la pollution au chlordécone qui a contaminé les sols de Guadeloupe et de Martinique. Après six mois d'auditions sur ce qu'Emmanuel Macron a lui-même qualifié de "scandale environnemental", les membres de la commission d'enquête se sont réunis dans la matinée pour valider le rapport final, dont les conclusions et préconisations seront présentées par la rapporteure, la députée Justine Benin (MoDem), en fin d'après-midi. 

On le surnomme le poison des Antilles. Le Chlordécone compte, avec les sargasses, parmi les sujets sensibles sur lesquels les Antillais attendent particulièrement Emmanuel Macron. Et pour cause : ce produit phytosanitaire est à l'origine d'une contamination qui, on le sait à présent, sévira à une échelle séculaire en Guadeloupe et en Martinique. Révélé au début des années 2000 grâce à la mobilisation d'un ingénieur, le dossier apparaît depuis plusieurs années désormais comme un nouveau scandale sanitaire. 

Alors que sait-on exactement de ce délicat dossier et comment en est-on arrivé là ? S'il est interdit depuis 1977 aux États-Unis, le Képone comme on l'appelle aussi, a été utilisé dans les deux îles des Antilles françaises de 1972 à 1993. Et massivement en l’occurrence. D’une toxicité extrême, ce pesticide était en effet répandu dans les bananeraies pour lutter contre le charançon, un petit insecte noir ravageur. Résultat ? Le sol, l'eau ainsi que les denrées végétales et animales y sont pollués pour plusieurs centaines d'années. Mais plus inquiétant encore, "plus de 90% de la population adulte" de Guadeloupe et Martinique est contaminée évalue l'agence Santé publique France. Or, l'insecticide reconnu comme perturbateur endocrinien est soupçonné d'être responsable d'une explosion des cancers de la prostate. 

Situation de pollution environnementale majeure

En 2014,  des chercheurs de l'Inserm publiaient une étude dans laquelle ils démontraient que cette substance "est associée à une durée raccourcie de grossesse", invitant les autorités à informer les femmes enceintes sur les aliments à éviter pendant leur grossesse. Parmi les aliments les risques, on trouve les légumes racines comme le manioc, les melons et les concombres, les viandes locales ainsi que les fruits de mer ou les poissons d'estuaire. Mais si les aliments vendus dans les circuits réglementés sont étroitement surveillés, il n'en va pas de même pour ceux produits dans les jardins familiaux ou vendus sur le bord de la route. 

"Les populations des Antilles françaises sont confrontées à une situation de pollution environnementale majeure à un perturbateur endocrinien emblématique, dont les propriétés hormonales ont été bien établies il y a près de 40 ans", concluait L'Institut de veille sanitaire dans un article publié en juillet dernier. 

Près de 40 ans après, 95% des Guadeloupéens et 92% des Martiniquais sont aujourd'hui, selon Santé Publique France, contaminés par le produit, qui a aussi des incidences sur le développement des enfants exposés pendant la grossesse, avec une hausse des risques de prématurité notamment.


La rédaction de TF1info

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