Médicament anti-Parkinson qui peut provoquer l'addiction : une patiente témoigne

Publié le 10 mars 2016 à 11h28
Médicament anti-Parkinson qui peut provoquer l'addiction : une patiente témoigne

TEMOIGNAGE – Sandra a la maladie de Parkinson. Une situation difficile a accepter. Quand on lui prescrit du Requip, ses symptômes s'envolent. Elle va mieux physiquement mais petit à petit elle sombre dans une folle addiction, un effet secondaire connu de ce médicament. Metronews vous raconte son histoire.

Tout a commencé par des tremblements. Des muscles comme bloqués. Une fatigue généralisée. Nous sommes en 2009 et Sandra* n'a pas encore trente ans mais elle sent que quelque chose ne va pas. En 2012 après de nombreux examens, le diagnostic tombe comme un couperet. "J'ai à peine 32 ans et on m'annonce que je suis atteinte de la maladie de Parkinson. Comme j'ai tous les symptômes, tremblements, troubles de la marche etc... une réponse médicamenteuse s'imposait et on m'a prescrit du Requip."

Ce médicament très utilisé dans le traitement de la maladie est extrêmement efficace. Mais il y a un problème : depuis 2011, plusieurs cas rapportant des effets secondaires dévastateurs se sont fait connaître. Didier J., un homme de 44 ans, avait déclaré à l'époque avoir sombré dans une addiction au jeu et au sexe qui avait fait voler en éclat sa vie privée et sociale. Mais ça, Sandra ne le sait pas, personne ne la met au courant. "Très rapidement je vais mieux, mes symptômes disparaissent et je retrouve ma mobilité. Je me sens tellement en forme que j'ai la sensation d'être invincible, je ne dors plus mais je ne suis jamais fatiguée. Je passe de plus en plus mes nuits sur Internet et ma frénésie d'achat commence."

"Mes achats deviennent compulsifs et mes économies y passent"

"J'ai commencé le traitement à 0,25 g par dose, trois fois par jour, pour rapidement passer à 2 grammes et pour finir à un certain moment à 8 grammes. A aucun moment les médecins, en qui j'avais confiance, ne m'avertissent que je pourrais subir un changement de comportement. Mais très vite mes achats deviennent compulsifs et mes économies y passent.

Je contracte des crédits à la consommation dans le dos de mon mari pour acheter tout et n'importe quoi. Un haut me plaît ? Je me l'offre en trois couleurs différentes. Tout cela ne me ressemble pas mais je continue. Jusqu'à ce que les factures et les lettres de relance s'accumulent et que mon mari découvre le pot aux roses." Là, le conjoint de Sandra ne s'explique pas ce comportement. Disputes, scènes de ménage : leur couple menace d'imploser.

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"Mon mari en vient à emporter la box Internet au travail"

"Parallèlement à mes achats je change totalement de personnalité. Je délaisse ma fille la confiant systématiquement à des connaissances pour m'adonner à mes dépenses sur la Toile et à ma nouvelle passion pour les jeux en ligne.

Mon mari, démuni, en vient à emporter avec lui la box Internet au travail pour que je ne puisse pas me connecter. Je sombre alors dans une paranoïa qui frise la folie. Persuadée que mon mari me trompe je reste une journée cachée dans un placard, persuadée que je vais le surprendre en flagrant délit d'adultère et... rien ne se passe évidemment."

"Je veux effacer cette période de ma vie"

Son salut, Sandra le doit à son mari. Il fait des recherches sur Internet et tombe sur l'histoire de Didier J : là tout s'éclaire. Il lui intime d'arrêter son traitement et d'aller voir tout de suite un autre neurologue. Ce sera l'équipe de la Salpêtrière, à Paris, qui va désormais prendre Sandra en charge. Dans ce service, le personnel médical est au courant de ces possibles effets secondaires et ils lui intiment de jeter toutes les boîtes. On lui prescrit un autre traitement que ces précédents médecins préféreraient retarder du fait de son jeune âge mais là, il n'y a pas le choix, Sandra ne supporte pas le Requip. Ce nouveau médicament est lui aussi très efficace mais sans les terribles effets secondaires que Sandra a expérimentés.

"Aujourd'hui je voudrais effacer cette période de ma vie mais ma situation financière me la rappelle sans cesse. Je veux un statut de victime car tout le monde était au courant de ces possibles effets secondaires et moi je n'en ai pas été informée. Quand on est diagnostiqué à 30 ans avec la maladie de Parkinson on se dit 'pourquoi moi' et quand on subit des effets secondaires d'un médicament on se repose la même question. Cela fait beaucoup pour une même personne."

* Le prénom a été modifié
 
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La rédaction de TF1info

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