Médicaments sans ordonnance : la vente en libre accès ne fait pas baisser les prix

Publié le 18 décembre 2014 à 18h05
Médicaments sans ordonnance : la vente en libre accès ne fait pas baisser les prix

PHARMACIE – Selon les officines, le prix d'un médicament peut passer du simple au quadruple. C'est ce que révèle l'Observatoire des prix des médicaments 2014.

De l'Activir, crème contre les boutons de fièvre, au Strepsil, pastille à sucer contre les maux de gorge, l'association de consommateurs Familles rurales a passé au crible le prix de quatorze produits (douze médicaments et deux spécialités non médicamenteuses). Résultat : les prix restent stables dans les pharmacies physiques. Et l'on observe des écarts toujours aussi importants entre les officines, avec des prix parfois multipliés par quatre.

Accès libre ou derrière le comptoir

En moyenne, un consommateur peut économiser 4,40 euros sur un médicament ou un article de parapharmacie en comparant les prix. Comme en 2013, les plus forts écarts concernent les flacons de sérum physiologique Physiologica (les prix oscillent entre 1,95 euro et 8 euros, soit un rapport de 4,1 entre le prix le plus petit et le prix le plus haut), le gel homéopathique Arnigel (rapport min/max de 3,2) et la crème Activir contre l'herpès labial (rapport min/max de 3).

Toutefois, le prix varie selon la localisation dans l'officine (en accès libre, derrière le comptoir ou invisible). À l'exception de l'Arnigel et des comprimés expectorants Humex, c'est en accès libre que les prix des médicaments sont les plus bas. Sauf que la plupart des médicaments restent derrière le comptoir.

Situation de monopole des pharmaciens

Conclusion de Familles rurales : "La mise en vente en libre accès n'a pas généré une baisse significative des prix des médicaments." Le décret de 2008 autorisant cet accès direct visait pourtant, selon le ministère de la Santé, à "offrir des prix publics concurrentiels" et, ainsi, à "améliorer le pouvoir d'achat des citoyens". L'objectif n'est donc pas atteint.

Cela n'étonne pas Philippe Abecassis, spécialiste de l'économie du médicament interrogé par metronews : "Le système de distribution en pharmacie ne favorise pas la concurrence." De fait, "les pharmaciens ont une situation de quasi monopole sur un quartier, une population donnée". Pas besoin de faire baisser les prix pour écouler leurs produits en vente libre : il suffit d'attendre que des clients viennent avec une ordonnance. Une fois sur place, ils en profitent pour acheter des produits annexes en accès libre.

Internet ne change rien

Pour l'économiste, l'arrivée des pharmacies en ligne change les mentalités, car elle "dissocie le médicament en vente libre de celui sur ordonnance" et en fait "un vrai produit de consommation", à l'instar des pharmacies pratiquant le hard discount comme celle de la rue du Four à Paris . Toutefois, l'Observatoire du prix des médicaments relève que, si les tarifs pratiqués en ligne sont inférieurs à ceux des pharmacies physiques, les médicaments ne sont pas forcément moins chers... en raison des frais de port.

En outre, malgré cette autorisation de vente de médicaments en ligne, les prix en pharmacies physiques n'ont pas changé. Preuve s'il en est que les pharmaciens ne fixent pas leurs prix en fonction de ceux qu'affiche la concurrence en ligne. Parce que, "du point de vue du consommateur, ce n'est pas le même achat", rappelle Philippe Abecassis. En pharmacie, "on va acheter un médicament, pas un produit". Et au prix fort.

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La rédaction de TF1info

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