Le tabagisme passif favoriserait les troubles du comportement des enfants

par Julie BERNICHAN
Publié le 28 novembre 2016 à 12h21, mis à jour le 28 novembre 2016 à 14h33
Le tabagisme passif favoriserait les troubles du comportement des enfants
Source : Thinkstock

TABAC - Inhaler de la fumée de cigarette, même involontairement, n’est pas sans risque pour la santé des plus jeunes. Mais au-delà de l’irritation des yeux, du nez et de la gorge, l’émanation toxique aurait également des répercussions sur le cerveau des moins de 12 ans. Explications.

Y-aurait-il un lien entre troubles du comportement et tabagisme passif ? C’est en tout cas ce que suggère une nouvelle recherche canadienne. Les scientifiques d’outre-Atlantique prouvent ainsi qu’en plus d’occasionner une gêne respiratoire et d’affecter la santé cardiaque et pulmonaire des jeunes enfants, inhaler de la fumée de tabac par inadvertance perturbe aussi le développement de leur cerveau. C’est la première fois qu’une telle démonstration est faite. Les résultats, publiés dans la revue Indoor Air, alertent ainsi les parents fumeurs sur le risque accru de comportements antisocial à l’égard des autres, d’agressivité, voire de décrochage scolaire.

Une exposition dès le plus jeune âge accentue les risques

Pour cette étude, les chercheurs de l’université de Montréal ont étudié les données d’une cohorte de 1000 enfants, garçons comme filles. Ils les ont suivis de leurs naissances à leurs 12 ans. Soit un âge où leurs cerveaux se développent "exponentiellement". Dans le détail, les scientifiques ont demandé aux parents d’indiquer si quelqu’un fumait à la maison, où il le faisait et à quel rythme. A l’âge de 12 ans, les petits canadiens ont à leur tour répondu à un questionnaire afin de déterminer s’ils avaient un comportement antisocial et si leurs résultats scolaires en étaient affectés.  

Premier constat : moins de la moitié de ces enfants sont contraints d’inhaler, même involontairement, de la fumée de tabac. Ainsi, 60% des familles assurent n’avoir jamais exposé sa progéniture. Mais 27% l’ont fait de façon intermittente et 13% de manière répétitive. D’après ces résultats et après avoir éliminé les facteurs de confusion possibles, comme une exposition à l’alcool pendant la grossesse, les auteurs des travaux révèlent un lien entre tabagisme passif pendant l’enfance et troubles du comportement à la préadolescence. Et ce risque est proportionnel : plus l’exposition a été importante dès le plus jeune âge, plus il est grand. 

Mettre l’accent sur la sensibilisation des parents

"Les jeunes enfants ont très peu de contrôle sur leur exposition à la fumée de tabac à domicile, considérée comme étant toxique pour le cerveau à un âge où celui-ci se développe exponentiellement, affirme le Pr Linda Pagani, l’auteure principale de l’étude.(…) Pour la première fois, nous avons des données probantes qui donnent à penser que cela pose aussi des risques pour les systèmes cérébraux en développement qui régissent les décisions comportementales, la vie sociale et émotionnelle et la fonction cognitive."

Du coup, les chercheurs appellent les professionnels de santé à mieux sensibiliser les parents fumeurs sur les risques. Cela passe par ne pas s’en griller une "près des lieux où leurs enfants vivent et jouent", conseillent-ils. De plus, même lorsque l’intérieur est aéré quotidiennement, le risque n’est pas nul. Une étude américaine publiée en mars dernier montrait ainsi que les résidus toxiques de la fumée de cigarette restaient nichés dans les sols, les tissus d’ameublement et même dans les peintures du domicile bien longtemps après que l’émanation se soit dissipée. De quoi inciter à bannir le tabac, si ce n’est définitivement, au moins à l’intérieur de votre habitation. 

Les enfants parisiens particulièrement soumis au tabagisme passifSource : Les vidéos infos
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Julie BERNICHAN

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