Mois sans tabac : et si le confinement était un atout pour arrêter de fumer ?

par Charlotte ANGLADE
Publié le 30 octobre 2020 à 18h43
Mois sans tabac : et si le confinement était un atout pour arrêter de fumer ?
Source : Istock

Chaque année, des milliers de fumeurs décident d'arrêter la cigarette à l'occasion du Mois sans tabac. Mais cette année, l'opération prend une tournure particulière avec le confinement. Un spécialiste nous indique comment cela peut tourner à l'avantage des volontaires.

Le 1er novembre va débuter le Mois sans tabac. Un mois durant lequel les acteurs de terrain, notamment les professionnels de santé, mais aussi les entreprises et les associations, sont mobilisés pour aider tous ceux qui le souhaitent à arrêter de fumer. Mais cette année, le dispositif soutenu par Santé Publique France prend une tournure particulière avec le confinement général, qui a commencé ce vendredi soir pour une durée de quatre semaines. 

Quand on sait que, selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), un quart des fumeurs auraient augmenté leur consommation de tabac lors du premier confinement, l'isolement et l'immobilité induites par cette mesure sont-ils vraiment propices à lâcher la cigarette ? Nous avons posé la question à Jean-Pierre Couteron, porte-parole de la Fédération Addiction et psychologue clinicien exerçant au Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA).

Le confinement, un bon prétexte pour changer ses habitudes

"Le contexte est certes un peu plus difficile, un peu plus anxiogène que d'habitude, mais il n’y a aucune raison de déprogrammer l’arrêt du tabac si on l’avait prévu", soutient Jean-Pierre Couteron. Selon lui, certains aspects du confinement pourraient même au contraire faciliter la tâche des volontaires. "Une partie des cigarettes est rattachée à des rituels. Pour ceux qui sont en télétravail, c'est l'occasion de s’en inventer d’autres", encourage-t-il. Sans pause café avec les collègues, sans soirées le week-end, l'envie de cigarette peut en effet être moins fréquente.

De plus, souligne le spécialiste, les aides destinées à soutenir les fumeurs dans leur choix d'arrêter le tabac sont toujours présentes. "Les boutiques de vapotage, les cabinets de médecins et de tabacologues, les pharmacies pour acheter les substituts nicotiniques, seront toujours ouverts. Le coaching peut aussi se faire à distance", fait-il remarquer. 

Un accompagnement en ligne pour surmonter les effets de l'arrêt du tabac, mais aussi celui du confinement

Quant aux "effets secondaires" de l'arrêt du tabagisme, tels que les sautes d'humeur ou l'envie de grignoter, qui pourraient être amplifiés par le confinement, le porte-parole de la Fédération Addiction insiste là-encore sur l'avantage de l'accompagnement tout particulier mis en place par le Mois sans tabac. "Le grignotage peut être entraîné par l'arrêt du tabac, mais aussi par le fait de rester bloqué chez soi, avec le télétravail. Là, c’est l’occasion de faire 'd'une pierre deux coups' car pendant le Mois sans tabac, des nutritionnistes, des spécialistes de l’alimentation sont mobilisés, vous répondent sur le site du Mois sans tabac et vous encouragent à mieux gérer la façon dont vous vous nourrissez." De la même façon, les éventuels coups de blues peuvent être atténués grâce aux groupes de soutien et de parole, ainsi que par les ateliers sur la santé mentale et de relaxation mis en place, en ligne, à l'occasion du Mois sans tabac.

"Dans le contexte actuel, nous avons besoin de faire des choses ensembles, de s’épauler, de se faire du bien ensemble. Et ça peut paraître utopique, mais le Mois sans tabac peut être un prétexte pour cela", assure, enthousiaste, Jean-Pierre Couteron. Pour le moment, un peu plus de 98.000 personnes comptent participer à ce défi collectif. L'année dernière, 203.892 personnes s'étaient inscrites. Selon les chiffres dévoilés par le gouvernement en mars 2019, le Mois sans tabac a permis en deux ans à 1,6 million de personnes d'arrêter de fumer.


Charlotte ANGLADE

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