Morts subites : le Motilium doit-il être retiré du marché?

Publié le 19 février 2014 à 15h57
Morts subites : le Motilium doit-il être retiré du marché?

SANTE - Dans son prochain numéro, la revue médicale Prescrire appelle les autorités sanitaires à retirer du marché le Motilium, un médicament responsable de 25 à 123 morts subites par an. Un rapport européen censé réévaluer le bénéfice-risque est attendu au mois de mars.

Elle avait déjà dressé une liste noire, fin janvier, de plus de soixante médicaments déconseillés à la consommation. Parce qu'aux effets indésirables, ou sans effet du tout pour les patients. Voilà que la revue Prescrire, réputée pour son intransigeance vis-à-vis des lobbies pharmaceutiques et pour pointer du doigt les traitements jugés dangereux, préconise dans son dernier numéro le retrait pur et simple du Motilium , un médicament utilisé contre les nausées et les vomissements déjà placé sur cette liste. Selon le mensuel, le dompéridone , son nom générique, serait responsable de 25 à 123 morts subites en 2012, sur les 40.000 estimées chaque année en France.

Selon Prescrire, le Motilium est un neuroleptique qui a une "efficacité modeste" contre les nausées-vomissements banals, mais "augmente le risque de troubles du rythme cardiaque et de morts subites." Une information qui n'a rien de neuf : en effet, en mars 2012, le mensuel alertait déjà sur les risques de troubles du rythme cardiaque et de morts subites imputables à ce médicament. D'ailleurs, depuis 2005, plusieurs études épidémiologiques, néerlandaises et canadiennes, ont montré que les morts subites cardiaques sont environ 1,6 à 3,7 fois plus fréquentes en cas d'exposition à la dompéridone.

Une décision de l'Europe attendue en mars

En 2011, l'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) avait aussi adressé un courrier aux professionnels de santé , dans lequel elle rappelait les risques cardiaques que présentait le Motilium, sans pour autant mentionner les risques de morts subites, précise une collaboratrice de l'agence jointe par metronews. Depuis mars 2013, les autorités européennes ont pris en main cet épineux dossier afin de "réévaluer le bénéfice/risque des spécialités à base de dompéridone" . La France est d'ailleurs le co-rapporteur du texte, qui devrait être rendu public en mars prochain, après un parcours procédurier propre aux instances européennes dans ce genre de démarche.

Prescrire a donc pris les devants, craignant que les autorités ne se contentent que de mesures insuffisantes touchant à la posologie et la longueur du traitement. Et rappelle aussi que, bien souvent, les symptômes qui motivent la prise du Motilium - nausées, vomissements, reflux gastriques - disparaissent spontanément. Autre enjeu, autre débat que celui de  la surmédicamentation .


La rédaction de TF1info

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