Non, Monaco ne doit pas sa faible mortalité à l'usage d'hydroxychloroquine

Publié le 18 novembre 2020 à 17h50
La principauté est pour l'heure relativement épargnée.
La principauté est pour l'heure relativement épargnée. - Source : Illustration Julien Lanoy via Unsplash

ENCLAVE - Des internautes s'étonnent du faible nombre de morts du Covid-19 à Monaco, et assurent que cela est dû à l'usage d'hydroxychloroquine au sein de la Principauté. Faux, puisque ce traitement a été abandonné à la fin du mois de mai.

Faut-il s'inspirer de nos voisins pour mieux gérer la crise sanitaire ? Certains le pensent, et soulignent le fait qu'à Monaco, la mortalité liée au Covid demeure réduite. Une situation qui permet d'éviter un confinement et que des internautes expliquent par l'usage d'hydroxychloroquine dans la principauté. "Hydroxychloroquine en traitement précoce général ; résultat 2 morts pour 38 000 habitants", s'est exclamée une utilisatrice de Twitter il y a quelques jours. Un message très relayé... Mais mensonger. 

Plus délivrée depuis la fin mai

Il est exact que le bilan humain de l'épidémie est encourageant à Monaco, où 3 résidents sont décédés du virus. Un chiffre qu'il convient néanmoins de rapporter aux quelque 38.100 résidents sur le Rocher. Si le nombre de morts rapportés à la population est inférieur en Principauté, il est trompeur de l'attribuer à l'utilisation d'hydroxychloroquine. En effet, son usage a bien été permis (à l'appréciation des médecins) au début de la première vague mais fut interdit à partir du 29 mai. 

"La spécialité pharmaceutique PLAQUENIL©, dans le respect des indications de son autorisation de mise sur le marché, et les préparations à base d'hydroxychloroquine ne peuvent être dispensées par les pharmacies d'officine que dans le cadre d'une prescription initiale émanant exclusivement de spécialistes en rhumatologie, médecine interne, dermatologie, néphrologie, neurologie ou pédiatrie ou dans le cadre d'un renouvellement de prescription émanant de tout médecin", indique une décision ministérielle, publiée dans l'équivalent monégasque du Journal officiel.

Comparé à la France, Monaco affiche un nombre de morts bien plus faible pour 100.000 habitants (un peu moins de 8, contre 69 dans l'Hexagone). Pour autant, il convient de rester très prudent lorsque l'on dresse des parallèles. Les statistiques dans la Principauté sont à prendre avec précaution puisque la population y est très réduite. En conséquence, il suffirait de quelques décès pour modifier de manière considérable les données, ce qui reste malheureusement envisageable en cas d'apparition d'un cluster.

Pas de confinement, mais des précautions

Aucun confinement n'a pour l'heure été décrété à Monaco, alors qu'il avait été mis en place lors de la première vague. Cela ne signifie pas pour autant que la Rocher n'agit pas pour lutter contre le virus. En effet, un couvre-feu est en vigueur de 20 heures à 6 heures du matin depuis le 1er novembre, prévoyant un nombre limité de motifs dérogatoires. Outre les raisons familiales et médicales, les seules exceptions se révèlent  ainsi accordées aux personnes allant au restaurant ou dans les salles de jeux, jusqu'à 21h30 maximum.

Le télétravail est largement préconisé, tout comme le port du masque, obligatoire sur l’ensemble de l’espace public, ainsi que dans tous lieux clos ouverts au public et parties communes des espaces privés. Le site Monaco Tribune note que "le Gouvernement se réjouit d’un taux de 85% de la population dotée d’un masque dans l’espace public". Et cite le ministre d’État, Pierre Dartout, selon qui "la bataille ne sera gagnée que si chacun fait preuve de responsabilité. Il ne peut y avoir un agent de la sécurité derrière chaque personne." En cas d'infraction, les services de sûreté publique veillent au grain. Une hausse des verbalisations a d'ailleurs été récemment enregistrée.

France Bleu, qui s'est penché sur la "bulle" que représente la principauté, a interrogé un médecin. Celui-ci livre une piste pour expliquer la situation. "Les gens viennent travailler à Monaco puis repartent le soir, il n'y a pas d'ambiance festive comme dans d'autres communes françaises", glisse-t-il. "On ne va pas boire de verre après le travail, ce qui facilite la non-propagation du virus." Des habitants, eux, "parlent d'un lieu où on respecte les règles par rapport aux Alpes-Maritimes. Tous portent le masque. À Monaco il y a du gel dans les commerces, la gare, mais aussi dans des immeubles privés. À l'entrée des supermarchés on vous propose même de désinfecter vos caddies."

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Thomas DESZPOT

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