"Viens dans la réserve, je te baise" : un livre décrit les violences ordinaires subies par les étudiants à l'hôpital

Publié le 2 mars 2017 à 13h59, mis à jour le 5 mars 2017 à 13h53
"Viens dans la réserve, je te baise" : un livre décrit les violences ordinaires subies par les étudiants à l'hôpital

TABOU - Le livre "Omerta à l’hôpital" paraît ce jeudi 2 mars. L’ouvrage choc recense une centaine de témoignages de stagiaires victimes de maltraitances tout au long leur formation.

"Ça fait partie du pack ‘études de médecine’". Certains étudiants en santé parviennent (presque) à s’en convaincre au bout de quelques années pour surmonter les maltraitances psychologiques ou physiques dont ils sont victimes. Quand d’autres ont même songé au pire. 

"Je pleurais tous les jours quasiment. J’ai failli me foutre en l’air en voiture sur l’autoroute plusieurs fois", avoue par exemple une interne en radiologie dans le "livre noir" du docteur Valérie Auslender, publié ce jeudi aux éditions Michalon. 

"Omerta à l’hôpital" décrit, au travers d’histoires croisées d’étudiants en profession médicales, les pressions psychologiques, les humiliations et l’exploitation qui rythment bien souvent leur quotidien. 

Aucune forme de souffrance épargnée

L’ouvrage est né d’un appel à témoignages sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias lancé en 2015 par l’auteur, médecin généraliste attachée à Sciences-po. "Je n’ai pas été surprise d’obtenir autant de réponses, mais j’ai été bouleversée par l’ampleur de certaines maltraitances", a déclaré l'auteur au Figaro Etudiant.

Interdiction d’aller aux toilettes, de s’asseoir, de déjeuner, questions déplacées et répétées sur les préférences sexuelles… l’ouvrage évoque les formes de maltraitance les plus diverses, du sexisme à l’abus de pouvoir en passant par le harcèlement moral.

"Ce n’est pas normal d’en arriver à pleurer systématiquement avant d’aller en stage, de vomir de stress pour une évaluation, de servir de punching-ball à certaines infirmières mal lunées", écrit une étudiante infirmière. "Entendre à tout bout de champ que pour apprendre des choses en médecine, il est normal de se faire maltraiter, ça marque" (…), explique une interne.

Des pensées suicidaires pour 14% des internes

Ces confidences anonymes viennent confirmer une étude menée par le conseil national de l’Ordre des médecins au printemps 2016. Plus de la moitié (56 %) des 4 000 internes interrogés, affirmaient dépasser leur temps de travail à l’hôpital, désormais théoriquement plafonné à 48 heures par semaine. En outre, près d’un quart (23,5 %) qualifiait leur état de santé de mauvais ou moyen, et 14 % reconnaissaient avoir déjà eu des pensées suicidaires. 

La lecture des témoignages recueillis par Valérie Auslender a conduit neuf experts de renom a réagir et proposer des pistes de réflexion.


Audrey LE GUELLEC

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TF1 Info