Pass sanitaire : le délai élargi à 72 heures est jugé problématique selon des scientifiques

Publié le 8 août 2021 à 14h02, mis à jour le 8 août 2021 à 22h44
Une personne effectue un test PCR coronavirus à Marseille en novembre 2020.
Une personne effectue un test PCR coronavirus à Marseille en novembre 2020. - Source : NICOLAS TUCAT / AFP

PASS SANITAIRE - Pour faciliter l'accès au pass sanitaire, Olivier Véran a annoncé ce samedi qu'un test négatif au Covid-19 sera valable 72 heures et non plus 48 heures. Un assouplissement jugé problématique par plusieurs professionnels de santé. Explications.

Il y a désormais "des trous énormes dans la passoire". À la veille de l'entrée en vigueur du pass sanitaire, Olivier Véran a assoupli certaines règles. Ce dimanche 8 août dans les pages du Parisien, le ministre de la Santé a annoncé qu'un test négatif au Covid-19 sera valide pendant 72 heures pour les non-vaccinés, contre 48 heures initialement. Une annonce très mal accueillie par certains professionnels, qui dénoncent un "scandale" sanitaire. 

Un assouplissement "très problématique"

Cet assouplissement voulu par le ministre doit permettre de désengorger les centres de dépistage. Depuis l'annonce d'Emmanuel Macron et l'élargissement du pass sanitaire, les laboratoires et pharmaciens croulent sous les demandes. Ainsi, le ministre a d'ores et déjà prévenu dans les pages du Parisien que si une "vraie tension" était observée "sur les capacités de tests", le gouvernement déciderait alors de donner "la priorité à ceux qui présentent des symptômes ou qui sont cas contacts". Et non pas aux non-vaccinés désireux de se faire dépister. Seulement, si cette nouvelle mesure doit permettre de s'adapter à cette question "pratique", certains spécialistes estiment qu'elle rend le pass sanitaire inefficace. À l'instar de l'épidémiologiste Dominique Costagliola. Directrice de recherches à l'INSERM, elle a dénoncé ce samedi une "usine à gaz qui ne protège pas les lieux clos". La pneumo-oncologue Clarisse Audigier-Valett décrit même un précieux sésame devenu une "passoire sanitaire".

Alors pourquoi ce délai est-il jugé problématique ? Car il ne faut pas minimiser l'impact de la période pré-symptomatique dans la propagation du virus. La maladie peut, en effet, être indétectable lors du délai d'incubation, avant de devenir très contagieuse pendant les quelques jours où elle ne provoque pas de symptômes. Des travaux montraient ainsi en avril dernier qu'un test peut être négatif quelques heures seulement avant le début de la contagiosité. À l'époque, des chercheurs relevaient, dans un rapport, que la probabilité de transmission du virus commence à augmenter environ deux jours avant l'apparition des symptômes, en même temps que le taux de faux négatifs commence à baisser.

Une contagiosité amplifiée par le variant Delta. De récentes données ont en effet montré que la charge virale d'une personne contaminée avec cette nouvelle souche du Covid-19 est encore plus forte lors de la phase pré-symptomatique. Selon une étude en pré-print citée dans la revue Nature, cette charge serait 1000 fois supérieure par rapport aux souches historiques au premier jour de positivité. Cette période très contagieuse pourrait donc passer sous les radars. En somme : une personne testée négative le jeudi peut être déjà infectée et devenir très contagieuse tout au long du week-end, au moment où elle présentera son pass sanitaire. 

C'est ce phénomène qui a poussé certains de nos voisins à agir à l'exact inverse des autorités françaises. Comme nous l'écrivions ici, plusieurs pays ont préféré réduire le délai de validité d'un test de dépistage après avoir observé d'énormes clusters dans des lieux pourtant accessibles uniquement avec un pass sanitaire. Aux Pays-Bas, où les tests n'étaient valides que 40 heures, les autorités sanitaires avait confié dès le début d'été que "ce délai est trop long". Il est désormais réduit à 24 heures.


Felicia SIDERIS

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