Pour contrer la résistance aux antibiotiques, des médecins incitent aux tests de diagnostic rapide

par Julie BERNICHAN
Publié le 17 novembre 2016 à 14h50, mis à jour le 17 novembre 2016 à 20h38
Pour contrer la résistance aux antibiotiques, des médecins incitent aux tests de diagnostic rapide
Source : Thinkstock

ANTIBIORÉSISTANCE – Alors que certaines bactéries deviennent de plus en plus imperméables aux molécules des médicaments, un groupe d’experts préconise de mettre en place plus de dispositifs de dépistage rapide. Explications.

Le fléau de la résistance aux antibiotiques grandit. Presque 10 millions de personnes pourraient décéder à travers le monde suite à une maladie impossible à soigner, selon une étude britannique. En France, 12.000 décès seraient liés aux infections bactériennes. A l’occasion de la  semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, un collectif de médecins* a décidé de prendre les choses en mains. Dans un livre blanc publié ce mercredi 16 novembre, ils recommandent de recourir davantage à des tests de diagnostic rapide. L’objectif : déterminer si une bactérie est à l’origine de l’infection et laquelle pour choisir le traitement le plus adapté. 

Fixé en 2 heures

L’intérêt d’un tel outil est de vérifier l’origine de la maladie. Est-elle due à un virus ou à une bactérie ? Dans le cas d’une angine par exemple, les deux cas sont possibles. Si l’antibiotique est normalement efficace pour tuer une bactérie, il est inutile contre un virus. "Les antibiotiques ne sont pas automatiques", disait si bien le slogan. Et dans certains cas, la molécule du médicament participe même au développement des super-bactéries. 

En pratique, le test permet de dépister les bactéries résistantes en 2 heures, contre 48 heures en laboratoire. Un temps plus court mais qui n’est pas neutre dans la prise en charge des patients. C’est pourquoi les auteurs souhaitent sensibiliser à l’utilisation de ces outils sans non plus les rendre systématiques. "Nous ne demandons pas l’introduction de ces tests pour tous les patients qui entrent à l’hôpital. Il s’agit de cibler les populations ainsi que les services à risques comme la chirurgie", explique Alain-Michel Ceretti, fondateur de l’association de défense des patients du LIEN au site PourquoiDocteur

Réduire la consommation de 25% d'ici 2 ans

Mais aujourd’hui, ces tests de dépistage ne sont que très peu utilisés par les professionnels de santé. Pourtant, l’Assurance Maladie met ce type d’outils à la disposition des médecins généralistes, des pédiatres et des ORL gratuitement pour l’angine. Problème : "La Sécurité  sociale ne les prend pas toujours en compte", déplore Alain-Michel Ceretti. 

Mais encore faut-il faire évoluer le rapport des Français aux médicaments. L’Hexagone est en effet le deuxième consommateur juste derrière la Grèce, avec près de 100 millions de boîtes d'antibiotiques remboursées chaque année par l'Asssurance maladie. Le gouvernement a d'ailleurs pour objectif de diminuer ce chiffre de 25% d'ici 2018. Selon un communiqué publié ce mercredi 17 novembre, il est prévu d'améliorer "la formation des professionnels  de santé au bon usage des anti-infectieux, le renforcement de l'encadrement de la prescription des antibiotiques."

Même si la délivrance d’un médicament rassure les malades, l’OMS alerte sur les prescriptions abusives. Le mésusage des traitements participe à l’émergence des super-bactéries résistantes et "même si nous parvenons à mettre au point de nouveaux médicaments, l’antibiorésistance demeurera une grave menace tant que nos comportements n’auront pas évolué", prévient l’OMS. 

Pourquoi trop d’antibiotiques tue l’antibiotiqueSource : JT 13h Semaine
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*Le comité éditorial réunit les docteurs Aymeric Cantais (pédiatre au CHU de Saint-Étienne), Roland Cash (économiste de la santé au Cabinet Les Asclépiades), Brigitte Lamy (bactériologiste au CHU de Nice), Guillaume Richalet (infectiologue au clinique des Cèdres, Grenoble) et du Pr Claire Poyart, chef de service de bactériologie à hôpital Cochin de Paris. Leur travail a reçu le soutien du laboratoire Becton Dickinson France.


Julie BERNICHAN

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