Toussaint avec les grands-parents : les conseils d'un virologue sur les précautions à prendre

Publié le 16 octobre 2020 à 9h26
Porter le masque, mais aussi privilégier les activités à l'extérieur ou aérer le domicile le plus souvent possible. Ces conseils permettent de réduire le risque de contamination.
Porter le masque, mais aussi privilégier les activités à l'extérieur ou aérer le domicile le plus souvent possible. Ces conseils permettent de réduire le risque de contamination. - Source : Thinkstock

VIGILANCE - Le gouvernement a lancé un message de vigilance aux familles souhaitant se réunir à la Toussaint. Quelles précautions prendre si une visite aux grands-parents est prévue ? Est-ce raisonnable de leur confier les enfants dans ce contexte ? Les conseils d'un virologue.

Ce vendredi soir, les enfants seront en vacances pour quinze jours. Si le gouvernement n’a imposé aucune restriction de déplacement d'une métropole à une autre pour les congés de la Toussaint, il en appelle plus que jamais à la responsabilité de chacun face au regain épidémique actuel, invitant notamment à porter un masque même en famille, et en particulier en présence de personnes vulnérables comme les grands-parents.

Une solution suffisante pour plus de sérénité face au risque de contamination intrafamiliale ? Quelles autres précautions prendre en parallèle ? Vaut-il mieux renoncer à faire garder ses enfants par leurs grands-parents au cours de ces quinze jours ? Et si l'on a vraiment pas le choix ? Un virologue nous aide à y voir plus clair.

Une mini-quarantaine avant de voir les grands-parents

"Envoyer ses enfants chez papy et mamie en ce moment, avouons le c'est délicat", concède Yves Gaudin, virologue et directeur de recherches CNRS à l'Université Paris-Saclay. Mais, bien conscient que "la vie doit continuer" et que "vivre c'est prendre des risques raisonnables", il n'est pas à court de conseils pour autant pour que ces derniers puissent passer du temps ensemble. "Soyons clairs, tout cela est une affaire de compromis face à des contraintes qui sont aussi psychologiques", estime celui qui est également responsable d’équipe au sein du département de virologie de l’Institut de biologie intégrative de la cellule.

Dans l'hypothèse où, pour des impondérables, le séjour chez les grands-parents resterait donc d'actualité, le virologue recommande d'observer, dans la mesure du possible et pour limiter les risques au maximum, "une mini quarantaine". En pratique, détaille-t-il, "cela veut dire que pendant cinq, six, sept jours ce serait vraiment l'idéal, les enfants limiteraient leurs contacts avec l'extérieur pour passer dans ce cas plutôt la seconde semaine chez leurs grands-parents", insistant sur le fait que cela n'est évidemment pas à la portée de toutes les familles. L'autre option, évoque-t-il brièvement, pourrait être de faire tester les enfants, "mais nous savons tous que c'est très compliqué, qu'ils ne sont pas un public prioritaire, et que ce ne sont pas les directives du moment". Aussi, si ces premières précautions ne peuvent être anticipées, il faudra redoubler de vigilance les retrouvailles venues. Comment ?

"Focalisons nous sur l’aération"

"Mieux vaut que les grands-parents qui ont à garder leurs petits enfants privilégient autant que possible le port du masque, au moins les jours qui suivent leur arrivée", explique-t-il, évoquant certains moments de la journée plus critiques que d'autres. "Les repas, le coucher... de manière générale il faut limiter la proximité durable" résume-t-il ajoutant que "c'est pas vraiment le moment de dorloter", aussi difficile que cela soit tant pour l’enfant que pour papy et mamie.

Tout en reconnaissant que "notre meilleure défense, c'est le masque", Yves Gaudin est lucide sur la difficulté que cela implique de le porter en famille, en intérieur, et de façon durable. Qui plus est, ces derniers "ne protègent pas totalement des aérosols  donc si les gamins sont contagieux sans que cela se voit, c'est délicat".

 Et de conclure : "comme le port du masque n'est pas possible tout le temps, focalisons nous sur l’aération." Depuis les prémices de la crise sanitaire, ce dernier martèle en effet ce message comme une consigne clé.  "Aérez, aérez, aérez : aérez le matin pour chasser les aérosols de nuit, aérez la journée, voire en continu si la météo le permet et la configuration du logement aussi", souligne celui pour qui la thèse de la transmission aérienne du Covid 19 tombe sous le sens.

Laver certaines surfaces sans tomber dans la psychose

La circulation de l'air est d'une importance telle pour ce spécialiste des virus, qu'il recommande de privilégier les moments en famille à l'extérieur dès que la météo le permet. "Profitons-en, il fait encore relativement doux par moment, bien couverts, buvons le café avec papy et mamie sur la terrasse, ou dans le jardin quand il y en a un", lance-t-il. Et d'insister : "gardons à l'esprit que les modes de transmission en famille sont les même qu'ailleurs : par aérosols qui flottent dans l'atmosphère et par gouttelettes en surface ". 

Aussi, en complément de toutes ces précautions, il peut être opportun de "laver certaines surfaces, comme une table où on aurait partager le goûter". Sans pour autant tomber dans la psychose, tient à souligner le virologue. "On a beaucoup parler de désinfection au début, voire exclusivement, de lavage à 60 degrés... mais le savon, le liquide vaisselle, ce qu'on appelle le détergent suffit", rappelle-t-il, indiquant que "le virus a une enveloppe constituée de lipide et qu'il ne survit pas à tout ce qui solubilise les graisses". Inutile donc de désinfecter dans les moindres recoins le verre de jus d'orange dans lequel aurait bu le petit dernier au cours d'une visite chez ses grands-parents.

De façon générale, qui plus est lors d'une visite de quelques heures à ses aînés, Yves Gaudin invite à ne négliger aucun des gestes barrières : garder ses distances, se laver souvent les mains, "éviter les bisous surtout si les enfants sont porteurs sains".

Pour rappel, le 17 septembre, Olivier Véran a réactualisé la thèse selon laquelle "les enfants, en primaire, en maternelle, en crèche, sont peu susceptibles de se contaminer entre eux et de contaminer les adultes autour d’eux", s’appuyant sur les recommandations du Haut Conseil de la santé publique. Aussi, même si l'on ne peut exclure qu’un enfant puisse contaminer ses grands-parents, les personnes âgées, et plus largement les personnes vulnérables, ont davantage intérêt à ne pas baisser la garde lors de contacts avec des adolescents ou d’autres adultes.


Audrey LE GUELLEC

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