Peut-on comparer la situation sanitaire avec celle qui a précédé les premiers confinements ?

Publié le 27 janvier 2021 à 12h37

Source : JT 20h WE

STATISTIQUES - Les autorités consultent chaque jour avec la plus grande attention les indicateurs liés à l'épidémie. Si la situation ne semble pas (encore) aussi critique qu'en octobre dernier, des éléments pourraient changer la donne.

La perspective d'un troisième confinement semble aux yeux de beaucoup inéluctable, malgré la patience de l'exécutif qui se refuse pour l'heure à trancher et souhaite mesurer les effets potentiels du couvre-feu abaissé à 18 heures sur tout le territoire. Sommes-nous dans une situation critique qui rend probable de nouvelles restrictions ? Pour tenter de l'évaluer, il peut être utile de s'intéresser aux données qui étaient accessibles au moment des premiers confinements, et qui avaient alors poussé les autorités à agir.

En mars, des chiffres peu éclairants

Si l'on cherche à comparer la situation en cette fin janvier à celle de la mi-mars 2020, une série d'obstacles se présentent. Tout d'abord, le fait qu'à l'époque les tests étaient très rares, réservés en général au personnel soignant. La population ne se rendait pas dans des centres de dépistages de manière régulière, ce qui signifie que des données comme le taux d'incidence ne peuvent absolument pas être comparés. Quand Santé Publique France présentait en mars les régions les plus touchées comme celles dépassant 10 cas positifs pour 100.000 habitants, elle se base désormais dans ses cartes sur un seuil de 250 cas pour 100.000 habitants. "Plus on teste, plus on trouve", résumait d'ailleurs simplement Jean Castex.

Difficile également de se fier au nombre de personnes en réanimation pour des cas de Covid-19. Lors du déclenchement du premier confinement, il était d'environ 1000, soit trois fois moins qu'aujourd'hui. Cela ne permet absolument pas de conclure que la situation serait à l'heure actuelle trois fois pire, puisque le système hospitalier s'est très largement adapté, avec une augmentation des lits et une adaptation des services. Paradoxalement, la tension peut donc tout à fait s'avérer moins forte aujourd'hui qu'en mars, époque durant laquelle des patients étaient transportés à travers la France pour être pris en charge.

Il apparait donc plus judicieux, si l'on souhaite établir des comparaisons, de les effectuer avec la fin octobre, soit juste avant le deuxième confinement. À l'époque, les tests étaient déjà massivement pratiqués et le système hospitalier redimensionné pour faire face à l'épidémie. Si l'on se penche sur le nombre de personnes en réanimation entre le 28 octobre et le 26 janvier, on observe une quasi-similitude, avec à peine plus de 3000 patients. Assez logiquement, le taux d'occupation est lui aussi identique, à environ 60%.

Le taux d'incidence, en revanche, est à l'heure actuelle bien moindre : 210, contre 486 à la veille du second confinement. La virulence de l'épidémie apparaît donc moindre pour le moment, même si l'on dépasse allègrement le seuil de vigilance fixé à 50. 

Dernier élément à prendre en compte, le fameux R0 ou R effectif, qui correspond au taux de reproduction de base d'un virus. Et qui estime le nombre de personnes qui peuvent potentiellement être contaminées par un individu infecté par un virus. De 1,38 fin octobre, il a évolué et s'établit aujourd'hui aux alentours de 1,1 selon les dernières données disponibles.

Gare à "l'effet variant"

Au regard de seuls indicateurs épidémiologiques, la situation en France ne semble pour l'heure pas encore aussi critique qu'elle ne n'était à l'orée du deuxième confinement. Cela ne signifie pas pour autant que les autorités vont préférer s'en tenir à un simple couvre-feu dans les semaines à venir. En effet, l'épidémie évolue, tout comme le virus lui-même. L'introduction sur le territoire de nouveaux variants, potentiellement plus contagieux et virulents, est susceptible de changer la donne.

Alors que les spécialistes prédisent une généralisation progressive de ces nouveaux variants, il est possible d'observer une résurgence de l'épidémie dans le futur, liée à la plus grande contagiosité du virus. Faire le choix d'un reconfinement pourrait être une option envisagée pour endiguer la propagation. Outre la contagiosité potentiellement plus élevée des patients, il faudra également prendre en compte le développement des formes graves. Si le nombre de contaminations demeure identique mais que les patients souffrent de symptômes plus marqués, la pression va nécessairement s'accentuer sur le système hospitalier. 

En résumé, s'il est peu pertinent de comparer la situation actuelle avec celle du printemps, on peut se référer aux données récoltées en octobre dernier avant le deuxième confinement. Les indicateurs semblent pour l'heure moins alarmants, mais l'évolution du virus et ses mutations sont susceptibles d'avoir un impact notable, et d'entraîner dans les semaines qui viennent une aggravation de la situation. Pour suivre au jour le jour l'évolution du virus, il demeure en tout cas possible pour tout un chacun de consulter la plateforme Geodes. Alimentée par les données de Santé Publique France, elle offre une vision claire de l'épidémie, que ce soit à une échelle nationale ou plus locale.

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Thomas DESZPOT

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