La fin du libre accès pour le paracétamol ? Pourquoi le médicament peut être toxique

Publié le 3 octobre 2019 à 11h48

Source : TF1 Info

MÉDICAMENT - Pratique et efficace, l’analgésique est couramment utilisé pour soulager une douleur passagère. Pourtant, ce médicament n’est pas sans risques, comme le rappelle régulièrement l'Agence du médicament, qui a émis le souhait d'arrêter de proposer les médicaments qui en contiennent en libre service dans les pharmacies. LCI fait le point.

+53% en 10 ans. C'est le chiffre qui démontrait, en août 2018, la banalisation du paracétamol, dont la France est le plus gros consommateur européen. De quoi amener l'Agence nationale du médicament, qui avait lancé  une consultation sur le sujet pour préciser son poids dans la consommation hexagonale, à agir un peu plus fortement, cette fois-ci. Et de réclamer que le médicament, ne figure plus parmi les procès en accès libre dans les pharmacies. Dans l’armoire à pharmacie, au bureau ou dans votre sac, le petit comprimé de paracétamol est souvent à portée de main. Qu’ils s’appellent Doliprane, Efferalgan ou Dafalgan, la substance active est la plus consommée par les Français. Et pour cause, elle est redoutable pour soulager une douleur ou faire baisser la fièvre. Fin 2017, la Strasbourgeoise Naomi Musenga avait trouvé la mort après une surdose de ce médicament, non sans avoir été délaissée par les services d'urgence, dont une standardiste n'avait pas pris l'appel au sérieux.

Mais, ne vous méprenez pas. Le paracétamol reste un médicament. Il peut donc avoir des effets secondaires, parfois graves. En mai 2015, un bébé de 5 mois est décédé suite à un surdosage de doliprane. Le médecin du Samu qui avait fait une prescription approximative et un interrogatoire insuffisant des parents a depuis été suspendu par l’Ordre des médecins. Mais la prise trop régulière de la substance est aussi dangereuse pour les adultes, au point que l'agence du médicament souhaiterait inscrire un message de prévention sur environ 200 boîtes de médicaments. 

Des risques pour le foie

Le surdosage, même faible, peut être toxique pour le foie, comme le rappelle la mort de Naomi Musenga. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est fortement déconseillé aux personnes souffrant d’une maladie grave du foie sans un avis médical. "Le paracétamol est une molécule qui, après son ingestion, est transformée par le foie en un métabolite toxique (N-acétyl p-benzoquinone imine) capable en cas de surdosage de détruire les cellules du foie", explique ainsi le pharmacologue clinicien Jean-Paul Giroud à Médisite

Toxique pour les reins

Des chercheurs britanniques ont passé au crible huit études avec pour objectif de déterminer les dangers d’une consommation régulière. Verdict : les volontaires qui en prenaient le plus sont aussi ceux qui avaient davantage de problèmes rénaux. En cause, la molécule diminuerait la capacité rénale. 

Dangereux pour le cœur

Cette même méta-analyse a montré qu’une prise régulière de paracétamol (22 comprimés de 500 mg par mois) augmentait le risque de développer une maladie cardiovasculaire dans les douze ans. Ici, la substance augmente la pression artérielle. Pour éviter cela, le Pr Giroud conseille à Science et Avenir de ne pas dépasser les 3 grammes en 24 heures et de ne pas l'associer à l'alcool.

Les bons réflexes

Ainsi, les adultes ne doivent pas dépasser les 4 grammes par jour, en respectant un intervalle de 4 heures entre deux prises. Même délai pour les enfants mais avec des doses réduites, et ce seulement toutes les 6 heures. A titre indicatif, le Vidal - LA référence en matière de médicaments - préconise :  

- enfant de 3 à 5 kg : 1/2 suppositoire à 100 mg, 1 à 4 fois par jour 

- enfant de 6 à 8 kg : 100 mg, 1 à 4 fois par jour 

- enfant de 8 à 12 kg : 150 mg, 1 à 4 fois par jour 

- enfant de 12 à 16 kg : 200 mg, 1 à 4 fois par jour 

- enfant de 16 à 24 kg : 300 mg, 1 à 4 fois par jour 

- enfant de 25 à 30 kg : 300 mg, 1 à 6 fois par jour 

- enfant de 30 à 40 kg : 500 mg, 1 à 4 fois par jour 

- enfant de plus de 40 kg : 500 mg, 1 à 6 fois par jour

Autre conseil : si la douleur persiste plus de 5 jours consécutifs, il est préférable de consulter un médecin. La prise régulière de paracétamol n’est pas si anodine qu’il y paraît.

De même, soyez vigilants si vous prenez un autre médicament. Il peut aussi contenir du paracétamol et entraîner un surdosage sans que vous vous en rendiez compte. D’où l’importance de lire avec attention les informations présentes sur la boîte et sur la notice. 


La rédaction de TF1info

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