Dans nos assiettes, plus de six résidus de pesticides sur dix sont suspectés d'être des perturbateurs endocriniens

Publié le 15 janvier 2019 à 11h13

Source : JT 20h Semaine

ALIMENTATION - Dans sa stratégie de lutte contre les perturbateurs endocriniens présentée lundi, le gouvernement a annoncé la publication d'ici 2021 d'une liste de ces substances susceptibles d'interférer avec le système hormonal. Une échéance bien lointaine alors que selon l'ONG Générations futures, "plus de six résidus de pesticides sur dix quantifiés dans l'alimentation européenne sont des perturbateurs endocriniens suspectés".

Il y a un an, la France était pointée du doigt par plusieurs organismes publics, dont l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui avaient estimé dans un rapport commun qu'elle n'avait pas mis en œuvre les moyens suffisants pour surveiller et étudier les perturbateurs endocriniens. Lundi, le gouvernement a présenté la nouvelle stratégie de lutte contre ces substances chimiques qui perturbent nos hormones. L'Anses doit notamment, d'ici 2021, publier une liste de perturbateurs endocriniens, classés en trois catégories, "suspecté", "présumé" et "avéré". Un délai qui semble particulièrement long, alors que selon l'ONG Générations futures, de nombreuses traces de substances suspectées d'être des perturbateurs endocriniens se retrouvent dans les assiettes des Européens.

En épluchant le dernier rapport de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) sur les résidus de pesticides dans les aliments, elle est en mesure de dire que "plus de six résidus de pesticides sur dix quantifiés dans l'alimentation européenne sont des perturbateurs endocriniens suspectés". Les perturbateurs endocriniens sont des substances ou des mélanges chimiques capables d'interférer avec le système hormonal. Ils peuvent avoir des effets négatifs sur la croissance, la fertilité, le comportement et être à l'origine de certains cancers.

Le rapport de l'Efsa publié en juillet et qui porte sur des données de 2016, concluait que 96% des échantillons analysés se trouvaient dans les limites légales et que 51% étaient exempts de tout résidu quantifiable. Générations futures s'est intéressée aux 49% restants, où des traces quantifiables de pesticides ont été détectées. Sur 109.843 échantillons concernés, 69.433 sont des résidus de pesticides perturbateurs endocriniens suspectés, soit six sur dix.

Pour affirmer cela, l'ONG s'est basée sur la base de données TEDX, qui répertorie les molécules suspectées d'avoir un effet de perturbation endocrinienne. "Il n'existe pas de liste pour les perturbateurs endocriniens" comme c'est le cas pour les substances cancérogènes, a expliqué le directeur de l'ONG à l'AFP.

Les critères de définition des perturbateurs endocriniens trop restrictifs

L'Union européenne a adopté en décembre des critères de définition des perturbateurs endocriniens, avec des années de retard, mais sans convaincre les ONG, qui pointent des critères jugés trop restrictifs puisqu'il faut démontrer qu'une substance est un perturbateur endocrinien et qu'elle a des effets négatifs, mais aussi démontrer son mode d'action.

L'ONG Générations futures encourage désormais les pouvoirs publics à prendre de vraies mesures contre les perturbateurs endocriniens. La France a adopté en 2014 une stratégie nationale sur ces substances et a banni l'un des plus connus, le bisphénol A, des biberons et des contenants alimentaires. Le second volet de cette stratégie est en cours d'élaboration mais Générations futures est sceptique. "Dans la version provisoire (de ce texte), il n'y a quasiment rien sur l'alimentation, ce qui nous choque" a dit François Veillerette, directeur de l'ONG.


La rédaction de TF1info

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