"Ségur de la Santé" : les soignants signent un manifeste et une lettre ouverte à Emmanuel Macron

Publié le 25 mai 2020 à 6h38, mis à jour le 25 mai 2020 à 7h48

Source : JT 20h WE

HÔPITAUX - Désabusés par des plans successifs de sauvetage de l'hôpital, les infirmiers, aides-soignants, brancardiers et les médecins attendent aujourd'hui des actes. Dimanche, à la veille de l'ouverture des concertations du "Ségur de la Santé", ces professionnels proposent des mesures concrètes dans un "manifeste des soignants" et signent une lettre ouverte au président de la République.

Manque d'effectifs, salaires trop faibles, contraintes administratives, suppression croissante de lits... Les soignants dénoncent depuis des années les conditions de travail à l'hôpital. Lundi 25 mai, ils sont invités à participer au "Ségur de la Santé" par le gouvernement, une concertation de sept semaines visant à améliorer la prise en charge des malades et les conditions de travail des soignants.

Dans un "manifeste des soignants", publié sur le site de Libération, proposé la veille de cette concertation, les signataires déroulent un ensemble de propositions extrêmement détaillées, concernant l'ensemble des champs de la santé publique, mise à rude épreuve par la crise sanitaire du Covid-19. Il est signé par des personnalités en première ligne dans la défense de l'hôpital public, dont des membres du Comité inter-hôpitaux (Antoine Pélissolo, François Salachas, André Grimaldi) ou inter-urgences (Hugo Huon), la sociologue Dominique Méda ou encore l'ancien directeur de Santé publique France, François Bourdillon. 

Les soignants demandent des propositions concrètes

Ce texte s'accompagne d'une lettre ouverte à Emmanuel Macron, rappelant l'inquiétude exprimée depuis des mois voire des années "quant à l'évolution extrêmement préoccupante du système de santé... sans réponse à la hauteur des problèmes soulevés""Et ce que nous craignions tous est advenu : un cataclysme. L'épidémie de Covid s'est abattue sur la Nation, plaçant l'hôpital public fragile, démuni, désossé, en première ligne", poursuivent-ils, mettant en garde le président de la République sur le risque de désertion du personnel médical si le "plan massif" annoncé "n'est pas à la hauteur des enjeux". 

Cette lettre s'accompagne d'une série de propositions, la première visant à "définir dans la loi" cinq services publics de santé : "assurance maladie, soins et prévention, sécurité sanitaire et santé publique, enseignement et formation continue, recherche". Le texte propose aussi de "financer de façon inaliénable la Sécurité sociale", qui prendrait en charge à 100% "un panier large de prévention, de soins et de services", prônant un accès universel aux soins en mettant fin aux inégalités sociales et territoriales.

A l'hôpital, il demande un plan de rattrapage pour la psychiatrie, des quotas de personnel, la limitation de la tarification à l'acte ou encore la participation des usagers à la gouvernance. Autres propositions : une revalorisation des carrières des professions de santé et de la recherche, une transformation des études de médecine qui incluraient les sciences humaines, ou encore "une politique publique industrielle de santé et du médicament pour produire à prix coûtants, au niveau de la France et des pays européens", les médicaments et équipements indispensables.

Tirant les leçons de l'épidémie de Covid-19, le texte propose aussi de "s'assurer de stocks de sécurité pour au moins six mois et imposer un rapport et un vote annuel du Parlement sur l'état des stocks stratégiques".


La rédaction de TF1info

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