MÉFIANCE - Dans son dernier bulletin épidémiologique en date du 24 décembre, Santé publique France relève que la part des Français déclarant "vouloir certainement ou probablement se faire vacciner" est en "diminution".
Plus l'échéance approche, moins les Français semblent prêts à se faire vacciner. L'agence Santé publique France a signalé ce jeudi 24 décembre une "baisse de l'intention de vaccination" contre le coronavirus dans le pays. Une annonce qui est arrivée trois jours avant le lancement de la campagne de vaccination en France, qui débute dimanche à Sevran (Seine-Saint-Denis), et à Dijon auprès de personnes âgées volontaires pour se faire injecter les premières doses du vaccin de Pfizer.
Une méfiance face aux "nouveaux" vaccins
Dans son dernier bulletin épidémiologique, l'agence sanitaire relève en effet que la part des Français déclarant "vouloir certainement ou probablement se faire vacciner" est en "diminution". Début novembre, 53% des personnes disaient ainsi avoir l'intention de le faire, selon les résultats de l'enquête CoviPrev. Un chiffre qui a chuté à 40% en vague 19, soit du 14 au 16 décembre. Une évolution "qui est plus marquée chez ceux qui répondaient vouloir certainement se faire vacciner".
Initialement confiants, ils sont de moins en moins nombreux (de 25% à 16%). Au contraire, ceux qui ont répondu ne "certainement pas vouloir se faire vacciner" consolident leur position, passant de 24% le moins dernier à 32%. Cette baisse, particulièrement forte chez les femmes, affecte toutes les classes d’âge mais est moins marquée chez les plus jeunes. Phénomène un peu plus inquiétant, la méfiance touche aussi les personnes âgées, prioritaires pour le vaccin. Leur adhésion, qui a baissé de 10 points en un mois, reste cependant la plus élevée dans la population (72% en vague 17 contre 61% en vague 19).
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Parmi les raisons invoquées chez les personnes qui ne souhaitaient pas se faire inoculer le sérum, on trouve huit fois sur dix l'idée selon laquelle les "nouveaux vaccins", donc ceux qui utilisent la technologie ARN messager, "ne sont pas sûrs". Des arguments fiables et des explications sensées pourraient-ils faire changer d'opinion ces personnes ? A priori non. 36% déclaraient : "Aucune raison ne me ferait changer d'avis." Les personnes interrogées disent aussi préférer "d'autres moyens de prévention comme les gestes barrières" (26%). Seuls 16% des sondés sont en fait catégoriquement "contre la vaccination en général".
Une défiance qui place le pays parmi ceux où la défiance est la plus forte en Europe occidentale. À titre comparatif, chez nos voisins allemands, un sondage publié ce vendredi montre que deux tiers des sondés veulent se faire inoculer contre le coronavirus, même si plus de la moitié d'entre eux se dit soucieuse des éventuels effets secondaires. Une particularité française qui, comme nous l'expliquait dans un entretien le chercheur en psychologie sociale Jocelyn Raude, montre que les Français n'ont pas confiance ni "dans la sécurité vaccinale" ni "dans les institutions médicales".