Ugur Sahin et Özlem Türeci, le couple derrière le vaccin de Pfizer et BioNTech

Publié le 11 novembre 2020 à 7h15, mis à jour le 13 novembre 2020 à 13h28

Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

PORTRAIT – Les laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech ont annoncé lundi 9 novembre avoir développé un vaccin contre le Covid-19 "efficace à 90%". En coulisses, un couple allemand qui s’est consacré à la recherche contre le virus dès le mois de janvier.

Et s’ils avaient trouvé l’antidote à l'épidémie ? En annonçant avoir mené jusqu’à la phase 3 un vaccin "efficace à 90%" contre le Covid-19, les laboratoires Pfizer et BioNTech ont pris tout le monde de court. À l’origine de cette découverte potentiellement historique, Ugur Sahin et Özlem Türeci, un couple allemand ayant fondé BioNTech, un laboratoire de biotechnologie utilisant la technologie nouvelle de l’ARN messager dans la recherche vaccinale. Respectivement âgés de 55 et 53 ans, ces scientifiques allemands d’origine turque tentent depuis le début de l’année de trouver une réponse immunitaire contre le virus.

BioNTech, créé en 2008 et pesant 2,4 milliards d'euros

Né en Turquie, à Iskenderun, Ugur Sahin est arrivé en Allemagne à l’âge de 4 ans lorsque son père a trouvé du travail dans l’usine Ford de la ville de Cologne, dans le cadre de la politique migratoire favorable des années 60. Özlem Türeci, elle, est fille d’un médecin d’Istanbul, venu exercer en Allemagne. Ils se rencontrent à l’hôpital universitaire de Homburg, dans la Sarre. Lui est jeune médecin oncologue, elle est étudiante. Dès lors, ils ne se quittent plus, jusqu’à travailler ensemble. En 2001, ils fondent la société Ganymed Pharmaceutical avec l’immunologiste Christophe Huber, s’engagent dans la recherche contre le cancer, puis la revendent en 2016 à une multinationale japonaise. 

Entre temps, le couple crée en 2008 le laboratoire BioNTech, société d'environ 1500 employés pesant aujourd’hui 2,4 milliards d’euros (et jusqu’à 21 milliards de dollars lundi, après l’annonce de Pfizer !). Ugur Sahin en est le PDG et Özlem Türeci, le médecin en chef. L’objectif avec cette nouvelle entreprise basée à Mayence, en Rhénanie, est de "révolutionner les thérapies contre le cancer", selon les mots d’Ugur Sahin à une télévision locale, notamment grâce à la technologie de l’ARN messager. Et la Fondation Bill-et-Melinda-Gates y croit puisqu’elle investit 55 millions de dollars dans la recherche. 

Le projet "lightspeed" lancé dès janvier

Un vendredi de janvier, la recherche menée de front contre le cancer est suspendue lorsque Ugur Sahin reçoit un mail regorgeant d’informations sur cette mystérieuse pneumonie en Chine et prend conscience que la maladie est plus contagieuse que prévu. Le lundi suivant, il réunit ses équipes et décide de les mobiliser entièrement sur la recherche contre le virus, raconte le Wall Street Journal.

Dans le cadre du projet intitulé "lightspeed", en français "vitesse de la lumière", 500 employés s’attèlent à la tâche, dont une quarantaine quasiment nuit et jour. Les résultats ne se font pas attendre trop longtemps puisque des essais de phase de 1 et 2 sont lancés dès le printemps avec 20 vaccins en lice au mois de mars. L’un d’eux parvient alors jusqu’à la phase 3, celui dont on parle aujourd’hui. Pour accélérer la production et assurer la distribution, BioNTech choisit d’ailleurs rapidement de s’allier à l’Américain Pfizer, avec qui il travaillait déjà à la recherche contre le cancer, mais aussi au groupe chinois Fosun. 

Au cours de ces mois de recherche, cela arrive à Ugur Sahin de douter de l'efficacité d'un vaccin comme réponse humanitaire contre le Covid-19. Il le confesse au Guardian depuis son domicile de Mayence, jeudi 12 novembre : "Il était possible que le virus ne soit pas vraiment ciblé par le vaccin, trouve son chemin dans les cellules et continue de rendre les gens malades." Aujourd'hui, c'est avec nettement plus d'optimisme que le scientifique envisage l'avenir : "Si la question est de savoir si nous pouvons arrêter cette pandémie avec ce vaccin, alors ma réponse est oui".


Caroline QUEVRAIN

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