Un reconfinement comme en mars ou comme en novembre ? L’efficacité des deux scénarios en chiffres

Publié le 28 janvier 2021 à 17h46
L'OMS n'est pas hostile aux confinements, mais ne les voit pas comme une réponse unique à la crise sanitaire.
L'OMS n'est pas hostile aux confinements, mais ne les voit pas comme une réponse unique à la crise sanitaire. - Source : NICOLAS TUCAT / AFP

ÉPIDÉMIE - Face à la situation sanitaire et à la présence de variants du virus, le gouvernement envisage plusieurs scénarios. Sera-t-il strict comme au printemps ou plus modéré comme à l'automne ? Nous avons comparé leurs effets sur l'épidémie.

Si la perspective de nouvelles mesures de restriction est désormais une certitude, la forme qu’elles prendront est encore très floue. Confinement strict ? Confinement allégé ? Le gouvernement entretient le doute. À l'issue du conseil des ministres mercredi 27 janvier, Gabriel Attal a indiqué que les scénarios étudiés allaient d’un "maintien du cadre actuel à un confinement très serré". 

"Une épidémie dans l'épidémie" à éviter

Alors, le reconfinement sera-t-il celui du printemps ou plutôt de l’automne ? Les écoles seront-elles ouvertes ou fermées ? Le télétravail sera-t-il renforcé ? Quid des universités et des commerces dits "non-essentiels" ? Autant de questions qui restent encore sans réponse. "Comparé à la situation de cet automne, deux paramètres majeurs" sont à prendre en compte, a indiqué Olivier Véran jeudi. La vaccination d’abord, qui a commencé le 27 décembre et qui a déjà concerné plus de 1.231.700 personnes pour une première injection, et la présence de nouvelles souches du virus ensuite, qui sont plus contagieuses et qui s’étendent en France comme dans le monde. 

Car ces variants inquiètent et notamment la perspective d'une 3e vague brutale comme ce qui fut observé en Angleterre ou au Portugal. "Ce que nous voulons éviter, c’est une épidémie dans l’épidémie", a ainsi prévenu le ministre de la Santé. Une étude flash de Santé publique France (SPF) doit permettre d’évaluer la présence des souches britanniques et sud-africaines parmi les cas positifs en France mais déjà, des estimations montrent une augmentation de leur circulation. En Île-de-France par exemple, le variant anglais représente près de 10% des contaminations depuis deux semaines, selon des médecins des hôpitaux de Paris (AP-HP). Au niveau national, 2000 patients par jour sont diagnostiqués positifs à l'un des nouveaux variants contre 500 il n'y a que quelques semaines.

En un mois, trois fois moins de réanimations

Aussi, pour décider de la nature du prochain confinement, l’exécutif ne peut se baser que sur sa propre expérience et sur un comparatif avec les pays voisins confrontés aujourd’hui aux variants, comme le Royaume-Uni qui a opté pour un confinement strict. Si l’on remonte dans le temps, les deux précédents confinements ont produit des effets incontestables sur le nombre de contaminations et donc sur la pression exercée sur les hôpitaux. Le 17 mars, la France se confine pour la première fois, fermant ses magasins "non-essentiels", ses écoles et la plupart de ses bureaux. 2759 personnes sont alors hospitalisées pour un cas de Covid-19, dont 699 en réanimation. 

Pendant deux mois, le pays subit un confinement strict avec une activité économique suspendue au comportement d’un virus encore bien mystérieux. Si l’on ne connait pas à l'époque l’étendue de l’épidémie à la mi-mars, faute de tests de dépistage, on sait que cette mise à l’arrêt a fait baisser drastiquement la circulation du virus. Ses effets se font d'ailleurs sentir un mois après le début du confinement. Le pic de la première vague est atteint le 8 avril, avec 7148 lits occupés en réanimation. Le 14 avril, le nombre de personnes hospitalisées pour une infection au Covid-19 est au plus haut (32.000 patients) puis redescend progressivement entre le 20 avril et début juin. Le 11 mai, jour de déconfinement national, les chiffres sont nettement meilleurs dans les hôpitaux : 22.284 personnes sont hospitalisées, dont 2712 patients en réanimation, soit trois fois moins de patients en un mois. 

Evolution des taux d'incidence et de dépistage (pour 100.000 hab) par semaine, du 17 mai (semaine 20) au 28 octobre (semaine 43).
Evolution des taux d'incidence et de dépistage (pour 100.000 hab) par semaine, du 17 mai (semaine 20) au 28 octobre (semaine 43). - SPF / DR

En un mois, des réanimations réduites de moitié

Mais pendant l’été, l’épidémie gagne du terrain, avec "une remontée extrêmement rapide du nombre de nouveaux cas" dès le 1er octobre, selon le Conseil scientifique. A cette période, la stratégie "tester, tracer, isoler" est rodée et le dépistage est bien plus systématique qu’au printemps. Le 29 octobre, c’est un retour à la case départ pour les Français qui doivent à nouveau rester à domicile. Car les chiffres ne sont pas bons à l'hôpital, où 21.183 patients s'y trouvent pour une infection au Covid-19. Un chiffre inférieur à celui du 11 mai, mais ce sont les réanimations (3147 malades) et les contaminations quotidiennes qui inquiètent, avec 40.000 nouveaux cas en moyenne chaque jour. Cette fois, le confinement est allégé avec les enfants qui continuent à aller à l’école et davantage de salariés qui se rendent au travail. 

Le pic de la deuxième vague est franchi entre le 12 et le 19 novembre, selon Santé publique France. Le 19 novembre, la baisse des hospitalisations est enclenchée avec 32.314 personnes admises à l'hôpital contre 32.811 la veille. Parmi elles, 4637 se trouvent en réanimation. À partir de là, les contaminations et les entrées à l’hôpital marquent un recul. Et pour sortir progressivement du confinement et alléger les contraintes, le gouvernement se fixe deux objectifs : moins de 3000 patients admis en réanimation et moins de 5000 nouvelles contaminations par jour. Le premier est atteint le 11 décembre avec 2959 malades, ce qui n’était pas arrivé depuis le 28 octobre. Le second ne le sera jamais. Le 15 décembre, la situation s’est améliorée, avec une baisse qui se poursuit à l’hôpital, mais qui reste élevée  : 25.240 patients sont alors hospitalisés, dont 2881 en réanimation. En moyenne, 12.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque jour à la mi-décembre, loin de l'objectif des 5000 mais aussi des 40.000 de la fin octobre. 

La France passe alors du confinement au couvre-feu à 20h mais les restaurants, cinémas, musées et salles de spectacle restent fermés. L'épidémie est sous contrôle, les contaminations n'explosent pas durant les fêtes de fin d'année, mais tout est fragilisé par la menace des variants. Lundi 25 janvier, la barre des 3000 patients en réanimation est franchie à nouveau et le couvre-feu avancé à 18h sur tout le territoire est insuffisant face à la montée des contaminations (plus de 20.000 par jour). "La tension hospitalière augmente à nouveau", a prévenu Olivier Véran, à quelques jours d’un nouveau tour de vis. Reste à savoir quand celui-ci aura lieu et à quoi il ressemblera. Un retour au confinement "serré" de mars ou au confinement plus léger d'octobre ? Ou une solution hybride mêlant confinement le week-end et commerces toujours ouverts en semaine ? Les scénarios sont tous à l'étude. 


Caroline QUEVRAIN

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