Un variant en progression mais pas de hausse des cas : y a-t-il une "exception française" face au virus ?

Publié le 6 février 2021 à 12h27, mis à jour le 6 février 2021 à 20h47

Source : TF1 Info

ÉPIDÉMIE - Malgré la présence de plus en plus importante du variant britannique, le nombre de cas quotidiens reste toujours stable depuis plusieurs semaines en France. Est-ce une anomalie ou le rythme normal de l’épidémie ?

Un variant qui progresse mais un nombre de cas qui n’augmente (presque) pas. Selon les derniers résultats de l’étude flash, qui permet de mesurer la propagation des variants sur le territoire français, près de 14% des personnes testées positives au Covid-19 le 27 janvier dernier l’ont été par une souche mutante du virus, essentiellement le variant britannique, plus contagieux. Début janvier, ils n’étaient que 3%.

Pourtant, le nombre de cas n’augmente pas aussi vite. Selon CovidTracker, 18.434 tests positifs étaient recensés en moyenne le 8 janvier, contre 20.455 le 3 février. Une quasi-stabilité en France malgré la présence d’un variant qui a pourtant entraîné un nouveau confinement au Royaume-Uni et une forte hausse des cas au Portugal. Comment l’expliquer ?

"Nous sommes encore dans la phase de montée lente"

Pour Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille, "il n’y a pas d’exception française". "L’évolution de n’importe quel variant, lorsqu’il progresse, est exponentielle", juge-t-il auprès de LCI. En ce sens, la situation actuelle "n’est pas une anomalie". "Rappelez-vous en août : il y a d’abord une phase de montée très lente, qui s’accélère au bout d’un certain temps." La hausse significative et soudaine des cas avait alors entraîné le deuxième confinement.

Actuellement, "nous sommes encore dans la phase de montée lente", poursuit le professeur de santé publique. "Début janvier, il y avait 3% de variant britannique en France. Trois semaines après, nous étions à 13,8%. Or, lorsque le nombre de cas a explosé au Royaume-Uni, ils étaient à 60%, et les Britanniques ont mis beaucoup de temps à se mettre en confinement."

Selon Philippe Amouyel, la France pourrait suivre la même trajectoire. L’épidémie "est en train de prendre de la vitesse", estime-t-il. "Chez nous, le variant britannique est arrivé plus tard. Maintenant qu’il est là, il va faire son petit chemin, sauf si nous prenons des mesures particulières. Mais si on laisse courir comme maintenant..." Des propos qui font écho à ceux du directeur médical de crise de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Bruno Riou. "L’épidémie est mal contrôlée par les mesures actuelles. [...] Nous allons vivre des moments très difficiles dans les semaines qui viennent", a-t-il alerté.


Idèr NABILI

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