"Une allergie n'est jamais anodine"

Publié le 17 mars 2014 à 18h15
"Une allergie n'est jamais anodine"

SANTE - A l'occasion de la Journée Française de l’allergie prévue le 18 mars, metronews vous en dit plus sur ces réactions du système immunitaire aux conséquences fortement handicapantes si elles ne sont pas traitées à temps, avec le Dr Dominique Chateau-Waquet, médecin allergologue.

L'allergie est la quatrième maladie mondiale selon l'OMS. Et pourtant, elle continue à être considérée comme une pathologie anodine…
L’allergie est un état de crise qui arrive d'un seul coup. On se met à éternuer, à avoir des démangeaisons au niveau des yeux, du palais, de la peau… Des symptômes considérés comme anodins. Mais ce qu'il faut savoir c'est qu'ils nous montrent que nous sommes en contact direct avec une substance allergène. A chaque contact, cet état se répète et au bout d'un moment cela devient permanent et irréversible : la crise passagère devient une maladie. Dans le cas d'allergies alimentaires, des œdèmes de la bouche se forment, le nez coule sans arrêt, les yeux pleurent, les crises d'asthme sont fréquentes. Parmi les asthmatiques, 15 % seulement font un bilan allergologique, les autres ignorent les causes de leur état.

Une allergie bénigne peut donc devenir handicapante ?

Une allergie n'est jamais anodine car elle constitue un signal d'alerte nous disant de faire le point pour éviter une maladie qui s'installe durablement. De crises en crises, oui on peut aboutir à un problème très difficile à vivre. La sévérité d'une allergie s'évalue par rapport à l'impact sur la qualité de vie. Souvent, on dort de plus en plus mal et une congestion nasale empêche de travailler normalement. Chez certaines personnes, les allergies constituent une réelle menace car elles peuvent provoquer de graves accidents. Je pense notamment à ceux qui ne supportent pas l'arachide ou les pollens.

Alimentation, pollution, irritations… comment le corps réagit-il face à toutes ces menaces ?
Tout ce qui nous entoure peut être allergisant et donc dangereux. Mais notre corps possède des barrières naturelles contre les allergènes. Quand elles sont en bon état, il ne se passe pas grand-chose, mis à part se moucher un peu. Les particules fines dues à la pollution par exemple, sont filtrées grâce à la muqueuse du nez pour empêcher qu'elles aillent dans les poumons. Quand ces barrières sont irritées le corps va réagir à cette agression et l'allergie en est la preuve : tout comme la peau signale le coup de soleil, le nez s'irrite. Une fois de temps en temps, ce n'est pas très grave mais lorsque ces barrières sont en permanence sollicitées, elles ne sont plus du tout efficaces.

L'automédication est-elle efficace dans ces cas-là ?
Les médicaments actuels coupent les symptômes, soulagent la crise mais ne la soignent pas. Ils sont disponibles en automédication et 85 % des jeunes adultes la pratiquent. Ce comportement est bénéfique sur le moment mais il ne faut pas oublier d'aller consulter un allergologue. Ce n'est pas parce qu'aucun symptôme grave ne s'est manifesté que ce sera le cas lors de la prochaine crise. Le rôle de l'allergologue est d'éviter des crises plus virulentes avec de l'asthme, voire l'installation de la maladie. Il évaluera la sévérité du problème pour procéder à une désensibilisation, seul moyen d'éliminer totalement les problèmes de l'allergie.

Outre les médicaments, existent-ils d'autres moyens pour éviter les complications ?
Il y a la technique de la prévention par l'éviction : on évite au maximum d'être en contact avec les chats, les acariens… l'allergène qui nous dérange. Mais elle connaît ses limites car au printemps il est impossible d'éviter le pollen, d'où l'importance de l'allergologue qui saura répondre au cas pour cas. Au quotidien, il faut penser à ne pas se changer dans sa chambre et à se doucher avant de dormir pour ne pas passer la nuit avec la tête dans le pollen. On ne respire pas par la bouche mais bien par le nez – nettoyable avec du sérum physiologique – et les plus sensibles peuvent porter des masques commercialisés en pharmacie. En voiture, il faut penser à vérifier les filtres rapidement saturés.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info