INTERROGATIONS – Plusieurs personnels de santé ont contacté LCI après n'avoir pu recevoir comme prévu leur seconde dose dans les délais à l'hôpital de l'Hôtel Dieu à Paris. L'AP-HP se veut rassurante.
Sa première injection avait eu lieu le 5 janvier. A J+21, son deuxième rendez-vous était donc calé au 26 janvier 2021. Pourtant, quand il s'est présenté mardi au service de vaccination de l'Hôtel Dieu sur l'île de la Cité à Paris, le docteur Najib Allaïli n'a pu se voir administrer sa deuxième dose de vaccin Pfizer.
"Depuis le 4 janvier, les soignants de plus de 50 ans et les soignants de moins de 50 ans avec une pathologie à risque de Covid grave, et c'est mon cas, ont été considérés comme prioritaires pour se faire vacciner. Pour la première injection, à part les soucis d'un serveur saturé, j'ai pu obtenir un rendez-vous et tout s'est bien passé. Je leur ai alors demandé s'il était possible de prendre rendez-vous pour la deuxième injection mais on m'a dit tout de suite non. Vendredi 22 janvier, j'ai effectivement reçu un mail du professeur B. responsable du centre de vaccination me disant de me présenter le mardi 26 janvier, sans rendez-vous pour ma deuxième injection. Ce que j'ai fait", relate le médecin spécialiste.
Sur place, Najib Allaïli interroge alors les quelques personnes présentes et apprend qu'il ne sera pas vacciné "faute de doses". "On m'a dit : 'Vous devez reprendre rendez-vous, vous êtes repoussé entre J+28 et J+42 . J'ai alors demandé à voir le professeur B. qui m'avait demandé de me déplacer ce 26 janvier. Fin de non-recevoir. Comme pour trois autres médecins qui étaient là et qui étaient très en colère de ne pouvoir se faire vacciner."
Avant de partir, le psychiatre échange sur place avec plusieurs personnes. "Ils sont plusieurs à m'avoir dit que c'était le grand bazar depuis lundi matin avec notamment des doses qui n'ont pas été sanctuarisées pour les deuxièmes injections", souligne-t-il.
"Je vais écrire à Olivier Véran"
Dans l'après-midi, le Dr Allaïli prend connaissances des annonces d'Olivier Véran qui vient d'assurer qu'il y aurait un maintien du délai de 21 à 28 jours entre les deux injections du vaccin."Je suis donc retourné à l'hôpital, évoquant les récentes déclarations du ministre et requérant une date de vaccination par écrit. Et là on m'a dit que si je n'étais pas content, je n'avais qu'à appeler Monsieur Véran. Au final je n'ai toujours pas de date. Et à l'heure qu'il est, je n'ai aucune certitude d'être vacciné dans les temps."
Le docteur Allaïli est loin d'être le seul dans ce cas. LCI a en effet été en contact avec d'autres professionnels de santé qui se trouvent aujourd'hui dans la même situation. "Je devais avoir ma deuxième injection jeudi 28 janvier. Quand j'ai appris qu'il y avait des reports, je me suis présenté à l'hôpital mardi pour en savoir plus. Là, on m'a dit de ne même pas venir le 28, que ça n'était pas la peine, qu'il n'y aurait pas de vaccin. On me fait cette annonce, et on ne me propose aucune autre date", raconte stupéfait un aide-soignant. Un autre spécialiste, alerté de ces retards sine die, a tenté en vain de joindre le numéro du centre de prise de rendez-vous Covid AP-HP pour les soignants. Il a finalement appelé le standard de l'Hôtel Dieu, qui lui a donné un "0800 dédié aux mêmes personnes. "J'ai attendu 40 minutes, j'ai fini par raccrocher", nous confie ce professionnel.
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"Nombre de doses attendues plus faibles"
Contactée par LCI, l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) explique qu'il s'agit d'un "phénomène extrêmement ponctuel". "Nous avons eu effectivement un nombre de doses attendues plus faible en début de semaine. Nous avons donc décalé à J+28 les deuxièmes injections pour les personnes qui étaient programmées les lundi 25 et les mardi 26 janvier et qui arrivaient à J+21. Mais ces personnes ont reçu un sms pour les alerter des retards normalement… peut-être pas tous". Pas tous en effet car aucun des soignants avec lesquels nous avons été en contact n'avait reçu ce message mercredi midi. Deux des trois cités dans notre article l'ont reçu finalement dans l'après-midi, après que nous avons joint l'AP-HP...
Le Dr Allaïli lui, n'avait toujours rien en fin de journée. "Le plus dur, c'est de ne pas réussir à avoir un interlocuteur, ne serait-ce que pour vérifier que le numéro qu'ils ont pour me joindre est le bon", dit-il désespéré. Pourtant, l'AP-HP assurait que les deux numéros étaient accessibles et qu'il n'y avait pas de souci.