Covid-19 : les pays riches auraient réservé plus de la moitié des doses de vaccin

ALG avec AFP
Publié le 17 septembre 2020 à 9h35
Covid-19 : les pays riches auraient réservé plus de la moitié des doses de vaccin
Source : SIPA

CHASSE GARDÉE - Dans un rapport publié mercredi, l'ONG Oxfam accuse les pays riches d'avoir réservé plus de la moitié des doses à venir au détriment du reste du monde.

Les vaccins contre le Covid-19, chasse gardée des pays riches ? C'est ce que dénonce dans un rapport publié mercredi l'ONG Oxfam selon laquelle un groupe de pays représentant 13% de la population mondiale a pré-acheté la moitié des futures doses. Leur logique ? S'approvisionner par précaution auprès de multiples fabricants concurrents, dans l'espoir qu'au moins l'un de leurs vaccins se révèle efficace.

Les Etats-Unis, dès le mois de mai, puis le Royaume-Uni, l'Union européenne, le Japon et d'autres pays ont ainsi signé de multiples contrats garantissant en avance la production et la livraison de doses si les essais cliniques en cours étaient concluants. Le groupe AstraZeneca, partenaire de l'université d'Oxford, a signé le plus de ces contrats de façon publique, mais Sanofi, Pfizer, Johnson & Johnson, la biotech américaine Moderna, le laboratoire chinois Sinovac et l'institut russe Gamaleïa ont aussi pré-vendu des centaines de millions de doses dans le monde, parfois sous la forme de partenariats avec des fabricants locaux.

1,5 milliard de doses pour l'Union européenne

Selon Oxfam, des contrats ont déjà été signés auprès de cinq de ces fabricants en phase 3 d'essais cliniques pour 5,3 milliards de doses, dont 51% pour des pays développés dont ceux ci-dessus ainsi que l'Australie, Hong Kong, la Suisse et Israël (les chiffres n'incluent pas les contrats pour les vaccins n'étant pas encore en phase 3). L'Union européenne (450 millions d'habitants) a acheté au moins 1,5 milliard de doses, selon un décompte de l'AFP tandis que les Etats-Unis de Donald Trump (330 millions d'habitants) ont réservé un total de 800 millions de doses auprès de six fabricants. Les Américains se feront même livrer des doses dès octobre, afin d'être prêts à les distribuer dans les 24 heures suivant une éventuelle autorisation sanitaire.

Le reste a été promis à des pays en développement dont l'Inde (où se trouve le fabricant géant Serum Institute of India), le Bangladesh, la Chine, le Brésil, l'Indonésie et le Mexique, selon Oxfam. 

"Nationalisme vaccinal"

Mais le rapport souligne avec urgence la difficulté qu'aura une partie de la population mondiale à trouver des vaccins dans la période initiale, alors qu'un dispositif de mutualisation internationale appelé Covax, soutenu par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), est boycotté par Washington et manque de financements. "L'accès vital aux vaccins ne doit pas dépendre d'où on habite ni de l'argent qu'on a", a regretté Robert Silverman, d'Oxfam.

Alors que les les Etats-Unis ont annoncé qu'ils entendaient offrir d'abord le vaccin à tous leurs habitants, et pas seulement aux personnes vulnérables et âgées, ce type de "nationalisme vaccinal" a été dénoncé par de multiples responsables de santé publique, et par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un discours mercredi matin devant le Parlement européen.

Des experts en santé publique ont quant à eux proposé plusieurs modes de répartition mondiale : l'OMS voudrait donner à chaque pays de quoi vacciner 20% de sa population. Un groupe d'éthiciens a suggéré de donner la priorité aux pays où le virus tue le plus.


ALG avec AFP

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