Vaccin Pfizer-BioNTech : pourquoi les quatre cas de paralysie faciale détectés ne sont pas inquiétants

Publié le 14 décembre 2020 à 20h10
Au total, 4 cas ont été enregistrés sur 22.000 personnes vaccinées.
Au total, 4 cas ont été enregistrés sur 22.000 personnes vaccinées. - Source : FRANK AUGSTEIN / POOL / AFP

VIGILANCE NORMALE - Des cas de paralysie faciale sont rapportés chez quatre patients ayant été vaccinés dans le cadre des essais cliniques de Pfizer/BioNTech. Pas de quoi s'inquiéter cependant.

Développé en un temps record, le vaccin Pfizer-BioNTech suscite de nombreuses interrogations. Les résultats des essais cliniques le concernant sont scrutés de près, et des internautes s'alarment depuis quelques jours de la découverte de quatre cas de paralysie faciale de Bell. Pas de quoi remettre en cause la sûreté du vaccin aux yeux des autorités de santé américaines, qui indiquent rester vigilantes mais ne jugent pas ces résultats inquiétants. L'incidence de ces cas s'avère en effet très proche dans la cohorte de gens vaccinés de celle observée d'ordinaire au sein de la population.

Pas d'affolement

Les inquiétudes partagées par les internautes proviennent d'une analyse des résultats récoltés par Pfizer-BioNTech lors des phases d'essais cliniques. La FDA, l'agence américaine en charge de l'alimentation et des médicaments s'est penchée en détails sur les données fournies par les laboratoires, les passant au crible dans un rapport d'une grosse cinquantaine de pages. C'est dans ce document que sont évoqués les cas de paralysie faciale. 

Ils sont au nombre de quatre, sur un total d'environ 22.000 personnes vaccinées, soit un peu moins de 0,02 cas pour 100 patients. La pathologie en question est la paralysie dite de Bell, ou paralysie faciale a frigore. Elle se caractérise par une atteinte du nerf facial qui entraîne la paralysie d'un côté du visage et peut notamment être causée par divers virus et maladies : varicelle, sida, oreillons, mais aussi maladie de Lyme. 

Fait intéressant : aucun cas n'a été recensé parmi les volontaires qui ont reçu un placébo. De prime abord, ces données semblent donc indiquer que se faire vacciner entraîne un risque supplémentaire, une conclusion à laquelle la FDA ne souscrit que partiellement, et qu'elle contribue surtout à relativiser.

La relation de cause à effet n'est pas établie
FDA

Que nous dit l'agence américaine ? "Bien que la base de données de sécurité ait révélé un déséquilibre des cas de paralysie de Bell (quatre dans le groupe vaccin et aucun dans le groupe placebo), la relation de cause à effet n'est pas établie en raison d'une faible nombre de cas et d'une fréquence similaire à celle observée dans la population générale." Elle ajoute que les données issues des futures observations seront utiles, et permettront d'observer si un lien peut réellement s'observer avec le virus. 

Avec quatre cas pour environ 22.000 volontaires, l'incidence demeure faible, proche de 18 cas pour 100.000 personnes. Soit dans la moyenne de qui est généralement observée dans la population : en effet, les études estiment que le nombre de cas oscille généralement entre 15 et 30 pour 100.000 chaque année. 

Dans le cas présent, l'élément le plus surprenant n'est donc pas d'avoir observé quatre cas parmi les personnes vaccinées, mais plutôt qu'aucun n'ait été recensé chez les personnes ayant reçu le placébo. Pas forcément très connu du grand public, la paralysie de Bell a été mise en lumière il y a quelques années par Angelina Jolie. L'actrice américaine a reconnu en souffrir en 2017, mettant en lumière cette pathologie. Il convient de rappeler qu'une grande majorité des cas finissent par se disparaître au bout de quelques semaines ou quelques mois, avec ou sans traitement. 

En résumé, il est donc vrai d'indiquer que quatre volontaires des essais Pfizer-BioNTech ont souffert d'une forme de paralysie faciale  après avoir été vaccinés. En revanche, les éléments recueillis par les autorités de santé ne permettent pas d'établir de lien entre le vaccin et l'apparition de cette pathologie. Les taux de prévalence observés dans la cohorte de volontaires sont en effet similaires à ceux observés dans la population en général, ce qui laisse à penser que l'injection d'un vaccin n'a pas eu d'incidence sur le développement de telles paralysies. 

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Thomas DESZPOT

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