Vacciné contre le Covid, puis-je donner mon sang ?

Publié le 2 mai 2021 à 13h10
Donner son sang reste possible, et même encouragé.
Donner son sang reste possible, et même encouragé. - Source : GEORGES GOBET / AFP

SOLIDARITÉ - À en croire divers messages, le Japon interdirait aux personnes vaccinées contre le coronavirus de donner leur sang. Une information erronée : il n'y a aujourd'hui que très peu de contre-indications à signaler.

Comme des millions de Français, vous avez peut-être l'habitude de donner votre sang. Un acte généreux, qui peut sauver des vies et vient en aide à d'innombrables patients tous les ans. Alors que l'épidémie de Covid-19 se poursuit et que la campagne de vaccination accélère, des interrogations légitimes émergent. Faut-il continuer à donner son sang ? Est-ce que le fait d'être vacciné doit m'en dissuader ?

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont récemment relayé des messages d'alerte. Ces derniers indiquent que la Croix-Rouge du Japon demanderait désormais aux citoyens vaccinés de ne plus donner leur sang. Pour les opposants aux vaccins, il s'agit là d'un signal appelant à la méfiance, prouvant à leurs yeux la potentielle dangerosité des injections réalisées dans la lutte contre le Covid-19. Lorsque l'on s'intéresse aux mesures réellement prises dans l'archipel, on constate toutefois que ces affirmations sont trompeuses : en France comme au Japon, donner son sang reste tout à fait possible pour les personnes vaccinées.

La prudence maximale du Japon

Pour vérifier ces affirmations, direction le site japonais de la Croix-Rouge. Le 22 février dernier, il précisait que "les critères d'acceptation du don de sang pour ceux qui ont été vaccinés" étaient à l'étude dans le pays. Dans l'attente d'une plus grande visibilité, la décision de suspendre les dons a été prise. Pour autant, la situation a évolué depuis : l'ONG souligne désormais que les donateurs vaccinés pourront se présenter "à partir du 14 mai". Il leur suffira de s'assurer que "48 heures se sont écoulées" depuis l'injection. 

Si cette date peut sembler très tardive, il faut préciser que la campagne de vaccination n'a quasiment pas démarré au Japon. Moins d'1% de la population est aujourd'hui pleinement immunisée, un retard qui s'explique notamment par l'extrême prudence des autorités. Tout nouveau médicament ou vaccin, avant d'être autorisé dans l'archipel, doit en effet être soumis à des essais cliniques supplémentaires sur le sol japonais, ce qui retarde logiquement leur distribution à grande échelle. Il faut par ailleurs noter que pour l'heure, le Japon a concentré ses commandes auprès du seul laboratoire Pfizer, et qu'il se trouve donc très dépendant de ses livraisons. Quoi qu'il en soit, assurer que le don du sang est interdit aux personnes vaccinées est trompeur. Dans les faits, seuls de rares donneurs ont pu en être empêchés, eu égard au très faible nombre d'habitants vaccinés.

Qu'en est-il en France ? Débutée bien plus tôt, la campagne de vaccination a obligé les autorités sanitaires à s'interroger sur la conduite à tenir. Le Haut conseil de la santé publique, à la mi-février, "avoir pris en considération la nature et les modes d’action de ces vaccins, ainsi que la nécessité d’un approvisionnement suffisant en produits sanguins et autres produits du corps humains", a recommandé qu’il n’y ait "pas d’exclusion, même provisoire, de donneurs ayant reçu un vaccin à ARN messager et à vecteurs non réplicatifs autorisés dans l’Union européenne (UE)". Il incitait également à "respecter par précaution une exclusion temporaire du don de quatre semaines, pour les donneurs vaccinés originaires de pays tiers à l’UE".

Depuis, d'autres vaccins (pas uniquement à ARN) ont été autorisés, mais les consignes restent identiques. L'Établissement français du sang insiste sur le fait qu'il demeure "possible de donner son sang après une injection de vaccin contre la Covid-19, sans aucun délai d’ajournement à respecter". En effet, "il n’y a que dans les cas de vaccination à l’étranger ou dans le cadre d’un essai vaccinal qu’il faudra respecter un délai avant de donner son sang". Notons que pour d'autres vaccins, il est parfois nécessaire de patienter, c'est le cas avec ceux contre le BCG, la fièvre jaune, la rougeole, la rubéole et les oreillons qui requièrent le respect d'un délai de quatre semaines avant tout don.

Les donneurs vaccinés ne sont pas toujours accueillis avec prudence, au contraire. Le site "vaccination info service" rappelle qu'en "cas de vaccination de moins de deux ans contre l’hépatite B ou le tétanos, le don du sang est particulièrement recommandé afin de fabriquer des produits sanguins aux propriétés protectrices, du fait de la présence d’anticorps". Rappelons qu'en France, le soin des malades requiert l'équivalent de près de 10.000 dons de sang chaque jour. 

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Thomas DESZPOT

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