Vaccins prometteurs contre le Covid-19 : une bonne nouvelle mais le chemin reste long

Publié le 21 juillet 2020 à 10h09, mis à jour le 4 août 2020 à 14h22

Source : TF1 Info

ECLAIRAGE - L'infectiologue Odile Launay est revenue en détail, ce mardi sur LCI, sur les récents résultats d'essais cliniques encore préliminaires mais encourageants concernant deux projets de vaccin, un britannique et un chinois.

"C'est la première étape du développement de ce vaccin". Au lendemain de la publication de résultats d'essais cliniques encore préliminaires mais encourageants sur deux projets de vaccin, un britannique et un chinois, l'infectiologue Odile Launay est revenue en détail pour LCI sur l'étape qui vient d'être franchie. Mais aussi sur le chemin qui reste à parcourir, alors que de nombreux chercheurs et laboratoires dans le monde sont sur les rangs pour trouver un vaccin sûr et efficace contre le Covid-19.

"C'est la première étape du développement de ce vaccin puisque ce sont les résultats de l'administration de ces candidats vaccins, c'est à dire des vaccins développés dans le but d'être mis sur le marché dans un deuxième temps", précise tout d'abord  la responsable du centre de vaccinologie de l'hôpital Cochin à Paris. Et de détailler : "Ce qu'ont montré des chercheurs c'est que quand on administre ces vaccins à des volontaires sains, à des participants qui acceptent de recevoir ces nouveaux vaccins, ils sont capables de fabriquer des anticorps dirigés contre le coronavirus". 

"On a besoin de mettre en place des études d'efficacité"

Ces essais cliniques sont encore dans une phase préliminaire (phase 1/2 et phase 2), qui teste la tolérance et l'apparition d'une réponse immunitaire après l'injection du vaccin, comparé à un placebo. Dans le détail, poursuit la spécialiste, "ce qui a été mis en évidence dans ces essais, c'est qu'on arrive à faire fabriquer des anticorps." A présent, souligne-t-elle, "la question qui se pose c'est : est-ce que ces anticorps permettent une protection, c'est-à-dire permettent soit d'éviter l'infection soit au minimum d'éviter la survenue des formes graves."

Pour répondre à cette question, "on a besoin de mettre en place des études d'efficacité dans des pays où le virus circule pour permettre d'évaluer le nombre d'infections et notamment le nombre d'infections graves qui sont observées chez les personnes qui ont reçu le vaccin par rapport au nombre d'infections chez les personnes qui ont reçu ce que l'on appelle un placebo, à savoir un vaccin qui ne comporte pas le principe actif." Il s'agira alors d'un essai de phase 3, sur un nombre de participants plus important, avant d'envisager leur commercialisation à grande échelle.

Un timing "totalement inédit"

Alors que ces résultats étaient très attendus, l'infectiologue a rappelé que "c'est une course contre la montre pour un problème de santé publique qui aujourd'hui, comme on le sait, est responsable d'un nombre de cas et d'un nombre de décès et d'hospitalisations très important". 

En outre, au sujet des 200 candidats vaccins qui sont actuellement développés, dont 23 en phase clinique, la spécialiste a évoqué un timing "totalement inédit", soulignant qu'"on est six mois après l’identification du virus, qui s'est faite en janvier" et "qu'habituellement la mise au point d'un vaccin, c'est dix ans."

Et de conclure, saluant "les financements accordés par les Etats" dans ce contexte inédit : "On a jamais vu des essais qui puissent évoluer aussi rapidement".

La mise à disposition du grand public d'un vaccin fiable n'est toutefois pas pour tout de suite. Mardi, sur BFMTV, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy a ainsi estimé qu'il y avait "énormément d'effets d'annonce de la part des compagnies pharmaceutiques" et invité les Français à ne pas croire qu'on aurait un vaccin "maintenant". "On n'aura pas de vaccin avant la fin de l'année, dans le meilleur des cas, ou au 1er semestre 2021, si on en a un."

"C'est un résultat positif, mais il reste encore un long chemin à parcourir", a d'ailleurs réagi Michael Ryan, directeur des situations d'urgences sanitaires à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) après les annonces des résultats encourageants enregistrés par les deux projets de vaccins.


La rédaction de TF1info

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