À quel point les regroupements dans la rue favorisent-ils la transmission du virus ?

A.P
Publié le 23 mars 2021 à 9h34, mis à jour le 23 mars 2021 à 11h54

Source : JT 20h Semaine

CRISE SANITAIRE - Ce dimanche, 6.500 personnes ont participé à un rassemblement sauvage dans le centre de Marseille. Quels sont les risques sanitaires d'un tel regroupement ? On fait le point.

On croirait avoir remonté le temps : des milliers de personnes déguisées, la plupart jeunes et sans masque. Environ 6500 individus ont participé dimanche à un carnaval dans le centre de Marseille, un rassemblement non autorisé en raison de l'épidémie de Covid-19. Si le département des Bouches-du-Rhône n'est pas concerné par les nouvelles mesures de freinage entrées en vigueur samedi, la limitation des rassemblements et le port du masque restent obligatoires. Peu importe. Sur place, de nombreuses personnes s'improvisaient épidémiologistes, affirmant avec aplomb qu'elles avaient peu de chance d'attraper le virus en plein air. Au micro de France Bleu, l'un d'eux a déclaré d'un ton péremptoire : "En plein air, on sait qu'il n'y a pas de risque alors autant nous laisser tranquilles."

Pourtant, le risque existe bel et bien. Même si ce dernier est limité. "La contamination à l'extérieur représente 10% des cas rapportés", explique Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches. Le professionnel de santé s'appuie sur l'exemple de la baisse du nombre de cas l'été dernier pour illustrer son propos : "À ce moment-là, il n'y avait pas de rebond épidémique. Elle est repartie lors de la période automne-hivernale, qui est propice à une vie à l'intérieur." Ainsi, le spécialiste salue la stratégie opérée par le gouvernement qui fait le pari d'un troisième confinement aéré. L'objectif à travers cette nouvelle voie : préserver la santé mentale des Français qui sont au bord du burn-out. 

"J'espère que cette incitation à voir nos proches dehors ne sera pas interprétée par la population comme une absence totale de risque ni un moindre danger du virus, car il circule toujours", tempère Michèle Legeas, enseignante à l’École des hautes études en santé publique dans les colonnes du 20 minutes. En d'autres termes, pour que ce confinement aéré fonctionne, le respect des gestes barrières demeure impératif. "Il faut aussi rester prudent sur le mélange des groupes, leur taille, et l’activité", continue la spécialiste. Tout le contraire des comportements observés lors du carnaval marseillais.

Des conditions favorables à la transmission du virus
Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l’hôpital Saint Louis

Devant un ordinateur, Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'hôpital Saint-Louis, passe au crible ces comportements jugés à risque. "Quand on regarde ces images, on remarque qu'il y a une combinaison parfaite de tous les facteurs qui vont favoriser la transmission", indique la spécialiste devant les caméras de TF1. Tout d'abord, il y a la foule et la densité de personnes. "Les gens sont les uns sur les autres. Ils ne portent pas de masques, ils crient, ils chantent. Ce sont des conditions très favorables à la transmission du virus", reprend-elle. L'intérêt du masque étant d'empêcher la circulation des postillons responsables de la transmission du virus. 

Lorsqu'on regarde les images du carnaval de Marseille, on ressent comme un air de déjà-vu. Il y a un an, des vidéos similaires circulaient après la fête de la musique en juin 2020. Quelques mois plus tard, l'organisation d'une rave-party en Bretagne avec 2500 personnes défrayait la chronique. Pourtant, aucun cluster n'avait été identifié par la suite. Mais cela signifie-t-il pour autant qu'il n'y a eu aucune contamination individuelle ? Rien n'est moins sûr. En réalité, il est très difficile de distinguer ces foyers de contaminations. Les participants ne se connaissent pas et déclarent rarement leur présence. Il est donc impossible de prouver a posteriori qu'ils ont été contaminés. Invité sur le plateau de TF1, le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste à l'hôpital Hôtel-Dieu (AP-HP) à Paris, conclut : "On verra d'ici quinze jours ou trois semaines s'il y a un impact sur les hospitalisations."

Découvrez le podcast de l'émission "Brunet Direct" consacré au carnaval illégal de Marseille

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