Dépistage massif pour détecter des "clusters dormants" : voici ce qui est prévu

Publié le 25 juin 2020 à 20h18

Source : TF1 Info

DÉPISTAGE - La ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé qu'une grande campagne de dépistage allait être lancée en Île-de-France pour tester plus d'un million de Franciliens. Mais les contours de cette opération demeurent encore flous.

C'est une opération inédite qu'a lancé le ministre de la Santé, Olivier Véran, ce jeudi. Dans un entretien accordé au journal Le Monde, l'ancien député de l'Isère a annoncé qu'une campagne de tests virologiques "de très grande ampleur" allait débuter en Île-de-France afin de détecter les "clusters dormants". Comment va-t-elle se dérouler ?

Qui est concerné ?

Parmi les 12 millions d'habitants que compte la région parisienne, environ 10% pourront se faire tester, puisqu'Olivier Véran a indiqué que cette campagne concernerait "près de 1,3 million de personnes". Trente communes d'Île-de-France sont concernées. Celles-ci "ont été choisies en fonction de leur proximité avec des foyers de cas identifiés, où nous savons qu'il y a un fort réservoir viral", explique la Direction générale de la santé (DGS) à LCI.

Pour se faire dépister, les habitants "vont recevoir des 'bons' de l'Assurance maladie leur proposant d'aller faire un test virologique dans n'importe quel laboratoire public ou privé", a poursuivi Olivier Véran dans les colonnes du Monde. Rien n'indique par contre si ce test sera obligatoire. "Il s'agit" simplement "d'un courrier d'information pour aller se faire dépister", précise l'Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France à LCI, sans indiquer la date ni la durée de cette campagne.

Pourquoi une telle opération ?

Jusqu'à présent, seules les personnes ayant des symptômes ou les cas contacts de patients positifs avaient l'occasion de passer un test PCR. Conséquence : le nombre de dépistages réalisés en France demeure très inférieur aux capacités du pays. Depuis le déconfinement, seuls 1.103.427 tests ont été effectués sur notre territoire, contre environ 4 millions possibles. Dès lors, certains laboratoires se retrouvent avec des stocks de tests trop importants, dont certains seront périmés dans les prochains mois.

Toutefois, cette campagne n'a pas vocation à écouler les stocks, mais plutôt à "vérifier que le virus ne circule pas activement dans certains territoires", assure l'ARS d'Île-de-France, "la majorité des personnes qui ont été dépistées lors d'opérations 'centres mobiles de dépistage' ayant été asymptomatiques."

"L'objectif est d'identifier les éventuels foyers de 'cas dormants'", poursuit la DGS, "c'est-à-dire un regroupement de cas de personnes contaminées mais asymptomatiques, avec donc un fort potentiel de dissémination du virus." En effet, "dépister toutes les personnes porteuses du virus, et surtout celles qui ne se pensent pas porteuses car elles n'ont pas de symptômes, est indispensable pour rompre les chaînes de transmission".

"Une très bonne nouvelle", mais...

Pour l'épidémiologiste Catherine Hill, cette opération de dépistage massif est "une très bonne nouvelle". "Enfin !", s'exclame-t-elle auprès de LCI. "C'est ce qu'il fallait faire dès le début du mois de mars." Mais selon elle, le gouvernement pourrait aller encore plus loin. "À Wuhan", berceau de l'épidémie en Chine, "ils ont testé 11 millions de personnes en une semaine grâce à des tests groupés en mettant les prélèvements de 10 personnes dans le même tube", explique Catherine Hill.

"S'il n'y a pas d'ARN du virus dans le tube, les 10 personnes sont présumées négatives, et si le test est positif, il est de nouveau réalisé, mais individuellement cette fois." En Île-de-France, un protocole similaire "permettrait de tester tout le monde", affirme l'épidémiologiste.

Vers une multiplication des opérations de dépistage de proximité

En parallèle de cette campagne en Île-de-France, la Direction générale de la Santé indique à LCI que "les opérations de dépistage de proximité" vont être multipliées. "Elles ont montré leur intérêt et leur succès dans la population."

De plus, l'expérimentation sur le dépistage massif d'un million de Franciliens "pourra ensuite être élargie sur l'ensemble du territoire pour donner facilement accès aux tests, en plus des opérations de dépistage de proximité".


Idèr NABILI

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