Tests salivaires : l'exemple du Japon

A.P
Publié le 2 mars 2021 à 17h01

Source : JT 20h Semaine

CRISE SANITAIRE - Les tests salivaires ont commencé à se déployer en France, où ils doivent être massivement utilisés dans les écoles. Si l'Hexagone avance lentement, le dispositif est déjà bien rodé sur l'archipel nippon.

Dans les distributeurs, boissons et autres confiseries ne sont pas les seuls produits disponibles. Au Japon, des machines accessibles à tous proposent des kits de dépistage salivaire contre le Covid-19. Mais se faire tester soi-même reste un luxe, loin d'être à la portée de toutes les bourses. Comptez 35 euros pour un test. 

Pas de quoi décourager cette mère de famille qui vient d'en acheter trois : "On n'a pas de symptômes mais mes parents sont un peu inquiets. Dans les cliniques, il faut attendre pour se faire tester. Ça prend du temps" dit-elle. Après avoir envoyé leurs tests par la poste, le foyer recevra les résultats dans les 24 heures. Alors que la France le met progressivement en place, le dépistage salivaire est devenu une spécialité nippone. 

La méthode est simple : il suffit de remplir un flacon de salive. En dix minutes, l'affaire est pliée. À noter que ces tests restent moins désagréables que les prélèvements nasopharyngés - plus commode pour les personnes âgées ou les enfants. "Ma bouche est un peu sèche mais c'est moins gênant que de se mettre un truc dans le nez", témoigne un patient. Pour réaliser son test, le jeune homme a dû s'isoler dans une salle qui sera décontaminée ensuite. 

Une technique moins douloureuse mais aussi plus sûre du point de vue des soignants. "Quand on procède à un test par voie nasale, le patient doit enlever son masque. On doit s'approcher et avec la stimulation du coton-tige, la personne peut éternuer ou tousser", confie une infirmière. Le transport de l'échantillon serait aussi plus sûr puisqu'à "l'intérieur du flacon, il y a un liquide qui tue le virus", souligne sa collègue qui travaille dans le même établissement. La fiole est acheminée dans une petite glacière jusqu'au laboratoire. Le résultat est obtenu en trois heures. Selon les autorités japonaises, le test salivaire serait aussi efficace que celui réalisé par voie nasale.

Ces tests se déploient aussi sur les campus américains

Et le Japon n'est pas le seul pays à miser sur les dépistages salivaires pour endiguer la propagation de l'épidémie. Aux États-Unis, ce moyen est massivement utilisé sur les campus universitaires. Selon un article du Monde, les tests sont réalisés le matin à l'Université de Californie à Los Angeles et la stratégie est bien huilée. Seule contrainte : les étudiants ne doivent pas avoir bu, mangé, fumé ou bien mâché un chewing-gum avant le test. 

Comme au Japon, il est aussi possible de se faire dépister chez soi grâce à des autotests lancés et autorisés par les autorités sanitaires du pays. Trois tests de laboratoires ont été validés par la FDA (l'agence du médicament américaine) et les produits seront bientôt disponibles en ligne à des prix variants. Pour l'instant, ces auto-dépistages coûtent entre 25 et 30 dollars l'unité. Plus surprenant encore, un test en auto-prélèvement vendu sur Amazon a aussi été validé par l'Agence américaine du médicament (FDA) à 110 dollars le kit. 

De son côté, la Belgique expérimente depuis quelques jours les tests salivaires auprès des enseignants et personnels des écoles, afin d'éviter au maximum les foyers d'infection au coronavirus dans ces structures collectives. Les ministres de la Santé du pays - de l'échelon fédéral et des entités fédérées - ont approuvé un "projet pilote" qui doit concerner dans un premier temps environ 2.500 personnes pendant six semaines.

Et en France, où en sommes-nous concernant les tests salivaires ? Jeudi 11 février, la Haute Autorité de santé (HAS) avait donné son feu vert pour déployer des tests salivaires sur le territoire. L'objectif, c'est de permettre la mise en place d'un dépistage à grande échelle dans les écoles ou les Ehpad. Ce mardi matin, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, estimant que la France a les moyens logistiques d'arriver vers la mi-mars à l'objectif de 300.000 tests par semaine, a annoncé sur France inter le recrutement de 1.700 étudiants pour aider les personnels médicaux à les effectuer au sein des établissements scolaires.

Si les dépistages salivaires sont bienvenus dans ces derniers, les tests rapides ne sont pas encore à l'ordre du jour. Le principal test salivaire rapide, de l'entreprise EasyCov, est remboursable par la Sécurité sociale depuis début janvier. La HAS avait recommandé le 28 novembre son utilisation et son remboursement, mais uniquement "chez les personnes symptomatiques pour lesquels le prélèvement nasopharyngé est impossible ou difficilement réalisable". Il faudra donc patienter un peu avant d'acheter un kit de dépistage salivaire dans un distributeur au coin de la rue. 


A.P

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