Enfants hospitalisés pour Covid-19 : faut-il s'inquiéter ?

Audrey LE GUELLEC et Aurélie LOEK
Publié le 5 janvier 2022 à 16h11, mis à jour le 5 janvier 2022 à 19h27

Source : JT 13h Semaine

PROFIL - Soixante-quatre enfants porteurs du Covid-19 sont actuellement admis en soins intensifs en France, a indiqué Olivier Véran mardi. Bien qu'en hausse, ce chiffre mérite néanmoins d'être relativisé, insistent les représentants des sociétés savantes de pédiatrie.

"Il y a ce soir 64 enfants hospitalisés en réanimation pédiatrique pour un covid grave, c'est deux fois plus que le maximum enregistré en novembre ou décembre avec 30 enfants un jour donné". La phrase, prononcée ce mardi par le ministre de la Santé, Olivier Véran, au cours du débat sur le projet de loi instaurant le pass vaccinal a, à première vue, de quoi inquiéter certains parents à l'heure où l'on parle d'une circulation active du virus chez les plus jeunes, et notamment à l'école. Mais "il ne faut surtout pas affoler les parents" insiste Fabienne Kochert, présidente de l'Association française de pédiatrie ambulatoire.

Ce chiffre mérite d'être relativisé, à plusieurs titres. D'une part, parce que "lorsqu'on parle de réanimation, cela ne signifie pas forcément que l'enfant a été placé sous ventilation artificielle, on parle de soins intensifs dès lors que l'enfant nécessite un peu d'oxygène". Ainsi, parmi les enfants hospitalisés, sont systématiquement concernés les nourrissons de moins de trois mois qui sont positifs au Covid-19. Pour autant, ces patients ne présentent pas de formes sévères de la maladie, a précisé la Direction générale de l'Offre de soins (DGOS). 

D'autre part, sont comptés parmi ces chiffres, les enfants dont "le Sars-CoV-2 n'était pas à l'origine de l'hospitalisation", mais qu'on a découvert "en le cherchant après." C'est le cas par exemple de la découverte d'un cas Covid asymptomatique lors d'une hospitalisation en urgence pour une autre pathologie médico-chirurgicale ou traumatique.

"Pas d'augmentation drastique d'enfants sévèrement malades"

La pédiatre évoque "quatre grands groupes" parmi les enfants porteurs du Covid-19 actuellement hospitalisés, pas nécessairement en réanimation. D'une part, "30 à 40% représenteraient des petits de moins de trois mois qui arrivent aux urgences avec de la fièvre et potentiellement une grippe ou une infection urinaire, à qui l'on fait un test PCR qui s'avère positif sans qu'on sache vraiment ce qui est à l'origine des symptômes, mais qui méritent parfois d'être placés sous oxygène".

Le second groupe, un peu plus important, concerne des patients avec un "tableau de détresse respiratoire, à qui on a décelé une co-infection, c'est-à-dire qu'ils sont à la fois porteur du VRS à l'origine des bronchiolites chez les plus jeunes et du Sars-CoV-2, et qui ont besoin d'oxygénation".

"Un petit groupe concerne ensuite les enfants avec des comorbidités, drépanocytaires notamment ou atteints maladies respiratoires chroniques, de pathologie neurovégétatives ou d'un cancer, sous traitement immunodépresseurs et donc déjà fragiles, mais qui se trouvent, eux aussi, porteurs du Sars-CoV-2", poursuit la présidente de l'Association française de pédiatrie ambulatoire.

Enfin, "on note en petit frémissement des fameux PIMS qui sur l'ensemble des enfants porteurs représentent un petit portage", insiste-t-elle, martelant qu'il n'y a "pas d'augmentation drastique d'enfants sévèrement malades dans les soins intensifs" et soulignant que "quand on passe de 0 à 1 on augmente de 100% mais cela ne signifie pas que l'on passe de 500 à 2.000". Ce point-là, concède-t-elle, "demande à être précisé sur les jours et semaines à venir parce qu'une fois que le portage du PIMS est documenté, lui par contre est directement en lien avec le Sars-CoV-2".

"Il faut arrêter les messages anxiogènes"

Christèle Gras-Le Guen, épidémiologiste et  présidente de la société française de pédiatrie et épidémiologiste abonde sur ces différents points. "Dans les 64 enfants en réanimation, il doit y avoir une proportion importante de patients avec bronchiolites parce qu'ils sont instables et ont besoin d'un support respiratoire", explique celle qui a pris part ce mardi à une réunion entre pédiatres n'ayant révélé "aucun signal inquiétant ni alarmant dans les différentes régions de France". Pour expliquer cette hausse du nombre d'enfants porteurs du Covid à l'hôpital, cette dernière rappelle qu'"actuellement le virus circule tellement qu'il y a plus d'enfants positifs, c'est logique et cela avait déjà été observé lors des précédentes".

Et de conclure : "il faut arrêter les messages anxiogènes qui ont sans doute pour but de convaincre de faire vacciner les enfants, c'est délétère pour la santé mentale des enfants comme des parents (...) il y a quelques rares formes sévères de Covid chez les porteurs de maladies chroniques sous-jacentes mais gardons à l'esprit qu'il y beaucoup plus d'hospitalisation à cause de la bronchiolite que pour Covid".

Du côté de la DGOS, on précise par ailleurs que cette augmentation des hospitalisations serait probablement due à une contamination "intra familiale plus que scolaire compte tenu des vacances". Quant au variant, il semblerait que ce soit Delta qui domine encore pour ces formes graves.


Audrey LE GUELLEC et Aurélie LOEK

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