VIDÉO - Covid-19 : immersion dans un hôpital saturé à Saint-Étienne

par Hamza HIZZIR
Publié le 23 octobre 2020 à 23h17

Source : TF1 Info

REBOND - L'épidémie de Covid-19 s'est étendue ces derniers jours sur le territoire français alors que les hôpitaux affrontent déjà une charge élevée de patients. Reportage à Saint-Étienne.

Peut-on encore contrôler l'épidémie de Covid-19 ? Cette question se pose déjà particulièrement à Saint-Étienne (Loire), l'une des villes les plus touchées de France. On y compte en effet 846 cas pour 100.000 habitants, contre 370 à échelle nationale. Sur place, les hôpitaux (CHU et Hôpital privé de Loire) sont totalement débordés, et les médecins mènent désormais un combat de chaque instant, notamment pour continuer à soigner les malades atteints par d'autres pathologies que le Covid-19.

Aujourd'hui, à Saint-Etienne, on a déjà plus de malades que le maximum de malades qu'on a eu au mois de mars.
Le Pr Jérôme Morel

Les soignants sont en fait contraints de repousser les murs pour installer de nouvelles salles de réanimation. "Ici, d'habitude, c'est une salle de réveil pour les enfants, donc un service pédiatrique", indique une soignante, au milieu des malades du Covid-19 en détresse respiratoire installés ici faute de mieux. Au total, ils sont 185 au CHU ce vendredi 23 octobre. Les équipes, devant en parallèle gérer aussi les urgences du quotidien, ne savent plus où donner de la tête.

"La difficulté qu'on n'avait pas avec la première vague, c'est qu'on doit accueillir tous les patients, puisque les gens ne sont pas confinés à domicile. Donc on va avoir des accidents du travail, des accidents de la route...", témoigne Marie Reynaud-Salard, médecin en réanimation polyvalente et surveillance continue post-opératoire. "Aujourd'hui, à Saint-Étienne, on a déjà plus de malades que le maximum de malades qu'on a eu au mois de mars, mais on n'est pas encore au pic de cette deuxième vague, donc nous sommes extrêmement inquiets", appuie le Professeur Jérôme Morel, responsable du service de réanimation du CHU.

L'activité chirurgicale et interventionnelle réduite de 70%

En conséquence de quoi, l'hôpital déprogramme massivement les opérations non urgentes, tandis que le personnel est redéployé dans les unités Covid. "J'ai commencé la réanimation il y a quelques jours", confirme une infirmière. "On se serre les coudes avec les collègues, on se forme un peu entre nous", ajoute une autre. "Nous avons été obligés de réduire, sur l'ensemble du CHU, l'activité chirurgicale et interventionnelle de 70%", détaille pour sa part le Professeur Serge Moliex, médecin-anesthésiste en service de réanimation.

Pour désengorger l'hôpital, quatre malades ont été transférés, ce vendredi 23 octobre au matin, vers Bordeaux. Mais l'épidémie progresse aussi dans les autres villes et, désormais, c'est surtout la pénurie de personnel qui inquiète. "On a des réserves en personnels médicaux et en personnels non médicaux qui arrivent à saturation. Il va falloir qu'on leur en demande encore plus alors qu'ils ont déjà beaucoup donné pendant la première vague", décrit ainsi le Professeur Patrick Mismetti, spécialiste en médecine vasculaire et respiratoire. La plupart des personnels interrogés confirment leur état de fatigue avancé, entre les présences de jour et de nuit qui s'enchaînent sans répit. Si le couvre-feu ne permet pas rapidement de ralentir l'épidémie, la préfecture envisage sérieusement un reconfinement total à Saint-Étienne.


Hamza HIZZIR

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