VIDÉO - Rhume, digestion : de nombreux médicaments sans ordonnance "à proscrire", selon 60 Millions de consommateurs

PHARMACIE - Le magazine "60 Millions de consommateurs" publie ce mardi une enquête sur les médicaments sans ordonnance réalisée par deux professionnels du secteur. Et affirme que près de la moitié des produits étudiés sont "à proscrire" car ils présenteraient un mauvais rapport bénéfice/risque.
Ils ont étudié 62 médicaments parmi les plus vendus en automédication, et leurs résultats semblent inquiétants. Le magazine 60 Millions de consommateurs affirme que près d'un médicament sans ordonnance sur deux, parmi les plus vendus, présente un rapport bénéfice/risque défavorable.
Cette étude a été réalisée par Jean-Paul Giroud, professeur de pharmacologie clinique et membre de l'Académie de médecine, ainsi qu'Hélène Berthelot, pharmacienne et chercheure au Laboratoire d’informatique médicale et d’ingénierie des connaissances en e-santé de la faculté de médecine de Bobigny. Les deux scientifiques distinguent plusieurs médicaments : ceux "à proscrire", ceux "faute de mieux", qui n'ont "pas ou peu d'effets indésirables" mais une "efficacité faible", et enfin les médicaments "à privilégier", qui présentent un rapport bénéfice/risque favorable.
Rhume, toux, mal de gorge, état grippal, diarrhée, maux d'estomac, nausée, digestion, constipation... Pour chaque symptôme, plusieurs médicaments sans ordonnance sont passés au banc d'essai par le magazine.
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Les médicaments déconseillés par 60 Millions de Consommateurs :
Rhume : Actifed rhume jour et nuit ; Nurofen rhume ; Rhinadvil rhume ibuprofène/pseudoéphédrine ; Actifed rhume ; Dolirhume paracétamol et pseudoéphédrine ; Humexlib paracétamol chlorphénamine
Toux : Bronchokod sans sucre toux grasse adultes ; Exomuc toux grasse orange ; Fluimucil expectorant sans sucre orange ; Humex toux sèche oxomémazine sans sucre ; Mucomyst toux grasse orange ; Toplexil sans sucre
Maux de gorge : Angi-spray mal de gorge ; Colludol ; Drill miel rosat ; Drill ; Hexaspray ; Humex mal de gorge lidocaïne-benzalkonium ; Strepsils lidocaïne ; Strepsils miel citron ; Streffen sans sucre
État grippal : Actifed états grippaux ; Doli état grippal ; Fervex état grippal
Diarrhée : Ercéfuryl
Constipation : Dulcolax ; Dragées Fuca ; Pursennide
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Qu'est-il reproché à ces médicaments ?
Les critiques de 60 Millions de Consommateurs sont multiples. Le magazine reproche d'abord à certains médicaments d'avoir des "listes à rallonge de contre-indications", et prend en exemple l'Actifed Rhume, le DoliRhume ou le Nurofen Rhume, qui contiennent de la pseudoéphrédrine en plus du paracétamol ou de l'ibuprofène.
En 2008, un rapport de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) indiquait que, "exceptionnellement, des accidents vasculaires cérébraux hémorragiques sont survenus chez des patients ayant utilisé des spécialités contenant de la pseudoéphédrine [...] notamment [...] en cas de surdosage, de mésusage et/ou chez des patients présentant des facteurs de risques vasculaires". Des "effets graves peu acceptables" et "à mettre en balance avec l'aspect bénin de la pathologie traitée ('rhume')".
Autre critique : certains médicaments non remboursés, dont le principe actif est identique à leur équivalent remboursé, seraient beaucoup plus chers car moins concentrés, ou parce qu'il y a moins de médicaments dans la boîte. Exemple : le Smecta, dont la boîte de 30 sachets est remboursée sur prescription, revient à 14 centimes par sachet, alors que le Smectalia, à la composition identique et vendu par boîte de 18 sachets, coûterait entre 19 et 27 centimes par sachet. Le produit ? en revanche, n'est pas classé comme "à proscrire" mais "faute de mieux" car son efficacité ne serait que "très modérée".
Que faire quand on achète des médicaments sans ordonnance ?
60 Millions de Consommateurs dénonce le phénomène des "marques ombrelles", des produits dont le nom s'appuie sur la notoriété d'un médicament (Doliprane, Humex, Nurofen, etc), mais qui ne contient pas la même chose. "Des produits en apparence similaires peuvent avoir des indications différentes (expectorant, toux sèche…), d’autres comporter la même substance active mais des excipients différents, d’autres encore recourir à des substances actives différentes", lit-on dans ce dossier.
Le magazine donne plusieurs conseils pour bien consommer les médicaments en vente libre : éviter les médicaments qui contiennent plus d'un composé actif, lire attentivement la notice pour éviter d'absorber une substance indésirable, éviter ou limiter fortement la consommation d'alcool, redoubler de vigilance pour les femmes enceintes. Sans oublier le premier conseil : demander leur avis aux professionnels.
Retrouvez l'intégralité de l'enquête de 60 millions de consommateurs ici.
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