Covid-19 dans les Pyrénées-Atlantiques : pourquoi un tel rebond du taux d'incidence ?

MM
Publié le 3 juin 2021 à 17h22

Source : JT 13h Semaine

COVID-19 - Dans les Pyrénées-Atlantiques, le nombre de tests positifs pour 100.000 habitants a augmenté de 36% en une semaine. Le gouvernement évoque "un signal d'alerte", les autorités locales prennent des mesures.

À l'heure où les Français commencent à planifier leurs vacances - souvent les premières depuis longtemps, épidémie oblige -, une région est particulièrement scrutée par les autorités sanitaires : la Nouvelle-Aquitaine. Car dans plusieurs départements, et en particulier les Pyrénées-Atlantiques, le taux d'incidence repart à la hausse.

"En Nouvelle-Aquitaine, nous constatons des hausses parfois sensibles de la circulation du virus", avec un taux de reproduction qui "est repassé au-dessus de 1, ce qui signifie que l'épidémie gagne de nouveau du terrain", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, à l'issue du Conseil des ministres ce mercredi 2 juin.

Il a souligné que "cette évolution défavorable" était "particulièrement marquée dans les Pyrénées-Atlantiques", et "dans une moindre mesure en Charente-Maritime, dans le Lot-et-Garonne, en Charente, dans les Landes et en Gironde". "C'est un signal d'alerte", a poursuivi le porte-parole, appelant à ne "pas baisser la garde".

Ainsi, d'après les derniers chiffres de Santé publique France, le taux d'incidence dans les Pyrénées-Atlantiques était de 110,02 cas pour 100.000 habitants durant la semaine du 23 au 29 mai, en hausse de 36% par rapport à la semaine précédente. Conséquences : les files d'attente s'allongent devant les centres médicaux.

Une nette progression du taux de positivité
Lydie Libier, biologiste

Le nombre de cas positif "était très stable à la fin de l'année 2020. Or, malgré tout ce qui se passe ailleurs, on voit qu'ici on a une nette progression du taux de positivité", explique à TF1, dans la vidéo en tête de cet article, Lydie Libier, biologiste au laboratoire AX Bio Océan, à Anglet. 

Le docteur Jean-Miguel Dravasa, qui exerce à Bassussarry, également dans les Pyrénées-Atlantiques, a lui aussi vu les cas se multiplier depuis la mi-mai, "particulièrement après le week-end de l'Ascension." "C'est pour ça qu'on a incriminé les réunions familiales et les fêtes d'anniversaire éventuelles. On a vu réapparaître un nombre de cas tout à fait substantiel", note le médecin.

Sur LCI, mercredi soir, Benoît Elleboode, le directeur de l'ARS Nouvelle Aquitaine, a été interrogé sur les raisons de cette hausse du taux d'incidence dans le département. D'après lui, "la fin du confinement" est notamment en cause, "avec un peu plus de brassage de population, ce qu'on constate à l'échelle de la France entière."

D'autre part a-t-il poursuivi, "la Nouvelle-Aquitaine a plutôt été épargnée lors des précédentes vagues, donc on a une population jeune - qui n'était jusqu'ici pas éligible à la vaccination - qui n'est pas ou moins immunisée." Dès lors, "à partir du moment où on augmente un peu le brassage de population dans notre région, le virus circule un peu plus chez cette population jeune qui est moins immunisée."

Reprise épidémique dans les Pyrénées-Atlantiques : le patron de l'ARS Nouvelle-Aquitaine réagitSource : TF1 Info

Les infectiologues, de leur côté, n'excluaient pas des remontées ponctuelles du Covid-19 en Nouvelle-Aquitaine. Ainsi, le professeur Denis Malvy, du CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique, soulignait récemment auprès de l’AFP que le virus avait "peu circulé" dans la région, et que l’immunité collective allait donc mettre du temps à s’y installer, malgré les vaccins.

Face aux caméras de TF1, un habitant des Pyrénées-Atlantique souligne en outre que dans le département, "le masque n'a jamais été très porté. C'est choquant pour ceux qui ne sont pas d'ici". Une femme abonde : "Il y a très peu de cas ici, donc forcément on n'y pense pas. On se dit qu'on a de la chance d'être protégé".

Seules cinq personnes hospitalisées en réanimation

Face aux signaux d'alerte, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a annoncé mercredi "un renforcement des opérations de contrôle", notamment "dans les restaurants et débits de boissons, les salles de sport, mais aussi sur la voie publique pour éviter les regroupements festifs sauvages et garantir le respect du couvre-feu". "Il faut rappeler que les gestes barrière doivent être maintenus. Et ce n'est pas parce qu'on est vacciné qu'on doit les laisser tomber", a également souligné le patron de l'ARS de Nouvelle-Aquitaine.

Si l'inquiétude grandit, l'heure n'est toutefois pas à l'alarmisme. Le docteur Jean-Miguel Dravasa, qui exerce à Bassussarry, assure ainsi que malgré la multiplication des cas, il n'a "hospitalisé personne. Aucun cas n'a nécessité de traitement médical lourd". À l'échelle du département, seules cinq personnes sont actuellement hospitalisées en réanimation.

Car cette remontée du taux d'incidence "n'a pas d'impact sur le tissu hospitalier : on a toujours une baisse du nombre de patients dans les services hospitaliers et en services de réanimation. Parce que les gens qui tombent malades sont jeunes et ne font pas de formes graves", a ainsi noté Benoît Elleboode sur LCI.

Une bonne nouvelle qui s'explique selon lui par "l'efficacité de la stratégie vaccinale en France, qui consiste à vacciner en priorité les personnes à risques de formes graves". En conséquence, "dans les Pyrénées-Atlantique, on arrive à supporter un taux d'incidence supérieur à 100 alors qu'en début d'épidémie, un taux d'incidence au même niveau provoquait une forte tension sur le système hospitalier."


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